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Prospective

Hal s’appelera-t-il Macintosh…?

Or certaines des implications parmi les innovations évoquées avec le plus d’insistance pourraient bien faire de Panther la préfiguration de l’OS du futur. Et du Macintosh la référence absolue en matière d’ordinateurs… Mais tout d’abord, petit retour vers “(…) un temps Que les moins de vingt ans Ne peuvent pas connaître… 🙂

Boro

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1984 : “apple apprend l’homme à l’ordinateur”

1984-2.jpg L’affirmation qu’ Apple avait ainsi crânement lancé à la face du monde est ainsi peut-être enfin en train de passer dans les faits. L’ histoire fait désormais figure de poncif, et l’on se la jette à la figure de part et d’autre de la divided line qui s’est produite depuis dans la pangée informatique d’alors [[si l’on tenait absolument à pressurer l’image, on pourrait voir dans la péninsule Macintosh une sorte de Dekkan venu rejoindre le continent Unix/Linux, Microsoft ayant poursuivi sa (ses?) dérive(s)… ]].En 1979, Steve Jobs travaille sur le successeur de l’Apple][ et, en visitant le Palo Alto Research Center [[mis en place par Xerox pour bénéficier des incitations fiscales pour la recherche, à qui l’ont doit aussi notamment la technologie d’impression laser ou le transfert Ethernet et qui pourrait illustrer à lui seul la nécessité absolue de favoriser la Recherche & Développement]] avec son équipe, il assiste à la présentation de la première version d’ Interface Utilisateur Graphique (GUI) et se dit qu’il pourrait s’agir d’une évolution intéressante pour Apple. Jobs travaillera tout d’abord dans l’équipe de développement de Lisa destinée plus particulièrement aux entreprises, puis de Macintosh.

Que la démonstration de l’avatar de SmallTalk [[SmallTalk est un langage orienté objet, développé au PARC, et dont l’application de certains aspect a donné lieu à la création du premier GUI dans ce même centre de recherche. C’est de la pondération respective des apports du PARC et de la créativité de l’équipe Mac dont il est question dans la discussion dont il est rendu compte ci-après. Merci à notre invité des forums de m’avoir obligé à préciser ce point]] et surtout de ses limitations ait été fondatrice pour Jobs et ses ingénieurs, ou qu’elle ait été un autre avatar de la formalisation d’une idée qui était de toute façons dans l’air du temps comme le furent le gramophone ou le cinématographe importe peu : Lisa et le Macintosh sont des concepts totalement originaux, parce que fruits de la synthèse de plusieurs avancées majeures et infiniment plus que la somme seule de chacune de leurs parties.

lisa.jpg En effet, comme le rappelle Jef Raskin [[Jef Raskin faisait partie de l’équipe de la première heure en charge du développement du Macintosh, et ce avant même que Steve Jobs les rejoigne après avoir quitté l’équipe de développement de Lisa]] dans sa controverse avec Bruce Horn [[autre membre de l’équipe initiale à l’origine de la conception du mac]] citée par l’excellent Histoire-Apple.com, ce n’est pas tant le déplacement d’un curseur à l’écran reproduisant en abscisse et en ordonnée les déplacements d’une souris pour l’exécution d’une tâche donnée, ce qui auparavant demandait à ce que l’on tapât au clavier une certain nombre d’instructions, dans un langage particulier en respectant une certaine syntaxe. Raskin met l’accent sur ce qui fait du Macintosh en 1984 une véritable rupture épistémologique avec l’informatique de son temps et celle qui l’a précédée : la dimension esthétique dans le design du Mac lui-même et dans tout ce qui participe de son environnement.

macpicassomini.jpg Car au delà des surcoûts qu’allait entraîner tout le soin apporté à tout ce qui l’entoure, depuis le packaging, le logo esquissé dans le style “Picasso” décliné comme un leitmotiv, la finition des manuels avec leur incomparable police Garamond Narrow et jusqu’ à la première intuition du multimedia, avec les animations d’apprentissage sur les disquettes d’accompagnement de l’appareil, de MacWrite et de MacPaint, sous la férule on ne peut plus bienveillante de la voix féminine qui encourageait vos premiers pas depuis la cassette audio [[le timbre de la version française était celui, acidulé et un brin goguenard d’une petite FIPette cachée derrière le pseudonyme de Kriss Graffiti, et qui dresse à présent ses Portraits Sensibles sur les ondes de France-Inter ]], c’est aussi la dimension émotionnelle fondée sur le plaisir de la sensation visuelle qui concourrait à faire de la première rencontre avec Macintosh une véritable expérience fondatrice, sous l’égide de l’effet de “halo” [[Il s’agit d’une erreur constante, venant affecter la perception en fonction des caractères observés et induisant une impression globale, qu’elle fût favorable ou non, pouvant distordre de façon importante les évaluations de l’observateur quant aux caractéristiques de l’objet observé. Cet effet est habituellement réduit en rationalisant l’évaluation sous forme d’unités appuyés sur des critères objectivables mais ce phénomène est aussi en ?uvre dans les relations sociales et peut parfois donner lieu à de véritables “processus d’attribution”. Voir à ce sujet la somme de M. Bruchon-Schweitzer “Une psychologie du cops” aux PUF.]]. Tout cela au même titre que l’écran bitmap, les menus déroulants, le “glisser-déposer” ou la métaphore du bureau électronique et de ses outils qui plaçaient l’utilisateur non plus devant un ordinateur mais dans un véritable “environnement de travail”.

MacTeam.jpg Tout ceci avait été préparé par un certain nombre de réflexions en amont, notamment celle de Jef Raskin lui-même dont le PhD soutenait en 1967 qu’une interface “humaine” et un environnement graphique était désormais plus important pour les ordinateurs que l’efficacité de leurs algorithmes ou la réduction de leur encombrement… Son travail d’équipe sur les fonts, le design et l’interface graphique avec notamment Susan Kare et Bill Atkinson va donner lieu aux concepts qui nous sont familiers de fenêtre, de menus et d’outils, mais aussi de dossier, de document et de corbeille [[c’est précisément ce concept de “corbeille” qui avait permi à Apple de ne pas totalement être grugé par les clauses abusives des contrats d’utilisation de Redmond, celle-ci constituant un apport suffisamment saillant ou postérieur par rapport à la désastreuse clause de non-utilisation tournée par Microsoft, et qui avait aboutit au gentlemen agreement suivant : abandon des poursuites d’Apple et ppermission d’utiliser le concept de corbeille dans windows 95 comntre la poursuite du développement de Word et d’Excel pour Macintosh…]] ou de presse-papier en tant que métaphore du bureau réel de l’utilisateur, avec le plus possible des éléments qui le compose tout en s’efforçant d’en améliorer l’ergonomie. Il n’est jusqu’à la souris à un bouton aujourd’hui sommée d’évoluer qui n’ai constitué un progrès, par rapport à celle du PARC à trois boutons ou à sa parodie à deux boutons signée IBM qui portait alors le nom de “tortue“, et contribué à son utilisation naturelle et intuitive…—–

Say ‘Hello’ to Macintosh

mac128side.jpg Mais cette alchimie unique a avant tout été rendue possible par l’intuition de Jobs d’un ordinateur convivial, à large diffusion sinon à la portée de tous, à fédérer les compétences nécessaires autour de son intuition,
ainsi qu’à “sentir” en quoi les dernières innovations techniques pourraient la servir, tout en sachant faire des compromis sur les coûts et tirer les leçons de ses erreurs. Sa capacité de persuasion est ainsi comparée à un “champ qui distordrait la réalité”, mais l’un des designers de l’enveloppe plastique avoua plus tard que “bien que Steve n'(en) ait pas dessiné la moindre ligne (…) pour être honnête, personne parmi nous ne savait en quoi un ordinateur pouvait être ‘convivial’ jusqu’à ce que Steve nous l’explique“, ce qui ne préjuge d’ailleurs en rien d’une bonne dose de mégalomanie…

ligne128.jpg Toujours est-il que le 1er Macintosh est lancé le 24 janvier 1984 avec un design monobloc, un écran graphique 9 pouces noir et blanc 512 x 384 pixels, le microprocesseur Motorola 68000 16 bit du Lisa, mais cadencé à 8 MHz au lieu de 5, 128 Ko et pas de possibilités d’extension pour des raisons d’économie, le son 8 bits sur 4 voies et le lecteur de disquettes Sony à auto éjection, dont les disquettes 3″1/2 de 400 ko représentaient à elles-seules un progrès considérable et pouvaient recevoir sur une seule d’entre elles système d’exploitation et programme. Le bus à 8 MHz et une ROM de 64 k abritant une “ToolBox“, véritable ensemble de schèmes auxquels les programmeurs venaient faire appel faisaient du Macintosh un véritable OVNI en 1984, et l’initiateur de la véritable révolution copernicienne à l’origine de l’ordinateur individuel tel que nous l’avons connu jusqu’à aujourd’hui.

steve.jpg Or ce diable de Steve Jobs pourrait bien être une nouvelle fois être à l’origine de la véritable rupture paradigmatique qui s’annonce aujourd’hui, de part sa capacité intuitive à mettre au service de son “grand dessein” de l’ordinateur convivial et intuitif, rebaptisé depuis “hub numérique” les dernières avancées techniques disponibles… Et à assurer la bonne santé financière de son entreprise ;-).

Nous allons voir comment…
Hal et le Mac (2)
Hal et le Mac (3)
Hal et le Mac (4)

Quelques liens sur l’histoire du Macintosh et d’Apple
www.vieuxmac.fr.st
www.histoire-apple.com/
www.aventure-apple.com/
l’excellent multimac.ch

Et le non moins excellent travail de synthèse (en anglais) d’un cours reçu par Ed Tracy, à l’Institut d’Histoire et Philosophie de la Science et de la Technologie à Toronto:
History of Computer Design : Macintosh