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Interview

AppStore : le feu vert à l’orange

Le processus de validation de l’AppStore a nourri le feu des critiques virulentes depuis cet été, pendant lequel des décisions arbitraires (ou semblant l’être) ont entamé le crédit de l’AppStore auprès des développeurs.

iMike

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Depuis, Phil Schiller a plusieurs fois pris sa plume pour répondre personnellement à quelques bloggueurs (lire «Ninjawords : Apple s’explique») et développeurs (lire «AppStore : Schiller s’exprime») afin d’expliquer les tenants et aboutissants du rejet de telle application.

Apple a également donné quelques explications concernant ce processus dans son communiqué auprès du FCC, dans l’affaire Google Voice (lire «Google Voice : la réponse d’Apple»). On y apprend notamment qu’Apple a mis sur pied une équipe de 40 ingénieurs qui testent les applications soumises, ce qui représente tout de même 8 500 logiciels et leurs mises à jour chaque semaine ! En un an, ils ont ainsi testé plus de 200 000 applications, une tâche de titan qui explique en partie les cafouillages dus à une augmentation exponentielle des demandes de «feu vert».

Très récemment, Joe Hewitt, l’un des développeurs de l’application Facebook, a jeté un pavé dans la mare, en demandant carrément la suppression de ce processus (lire «Un dév Facebook contre la validation») !

Sans être aussi extrémistes, les développeurs interrogés par iTrafik ont aussi leurs desideratas et propositions sur ce problème.

Nous avons demandé leurs avis à Florent Morin (Kaeli Software), Yoann Gini (développeur de RapidBlindTest), Vincent Dondaine (Bulkypix) et Julien Dufrenne (iSmileys).

Quelle a été votre expérience du processus de validation sur l’AppStore ?

Florent Morin – J’ai mis en validation une dizaine d’applications au total. Pour les premières (sept avant cet été), il n’y a pas eu de soucis : validées en général en 15 jours. Puis, avec MySystem2, il y a eu quelques cafouillages avec Apple, qui refusait systématiquement l’application car elle proposait : la libération de mémoire, et les pronostics sur la batterie. Hors, ce type d’applications existait sur l’AppStore à ce moment-là.

Du coup, après discussions, Apple a retiré les applications frauduleuses (une partie du système de validation doit être automatisé, d’où leur erreur) et a assoupli son jugement à l’égard des applications fournissant un pronostic matériel.

Cependant, l’application n’est pas validée pour autant, elle reste en «review», comme toutes mes applications depuis cet été.

Yoann Gini – Bien que le processus soit lent (deux semaine en moyenne) je n’ai pas eu de problèmes de validation (sauf une fois un bug trouvé par Apple qui m’avait échappé). Par contre le problème récurrent que je rencontre est sur la mise en ligne des mises à jour. Lorsque les informations changent (tel que le prix ou les captures d’écran) je n’ai jamais réussi à le faire à l’avance.

Vincent Dondaine – Nous sommes pour le moment très satisfait avec 10 validations sur 11 réalisées dans un délai entre une et deux semaines. Seul Hysteria Project a mis plus longtemps de par sa thématique «horreur» et «angoisse».

Julien Dufrenne – Globalement des bonnes et quelques moins bonnes. Généralement il faut attendre 1 semaine pour avoir une première réponse de validation. Et histoire de confirmer la règle, j’attends une validation depuis bientôt 2 semaines maintenant !

Mes applications sont plutôt très très basiques… et leur validation est très simple.
Pourtant j’ai eu des refus et des messages prototypés : des boutons inactifs dans la version Lite par rapport à la version complète qui ne peuvent pas être montrés, des tarifs présentant la version complète… Rien de grave et justifié par rapport à un ensemble de critères mais très irritant lorsque ça passe dans une version et pas dans la suivante alors qu’il n’y a pas de modifications sur ces points.

Avez-vous eu des contacts directs avec des ingénieurs d’Apple en cas de soucis de validation ? Comment cette discussion a t-elle abouti ?

FM – J’ai eu des contacts directs avec des responsables de chez Apple. Les discussions ont été un peu houleuses dans un premier temps, puis ce sont assouplies.

Apple fait preuve d’un grand professionnalisme, même si, paradoxalement, leur organisation semble un peu anarchique. Pour avoir eu affaire à d’autres éditeurs informatique, toujours dans un cadre professionnel, je trouve qu’Apple est très bien placée.

YG – Dans le cas de mon application de blind test, il aurait été intéressant que l’ingénieur me donne le nombre de chansons présentes sur son terminal pour que je déboggue plus rapidement en me mettant dans la même configuration que lui.

VD – Non nous n’avons pas eu à faire appel à eux pour le moment, nous touchons du bois. Nous avons cependant de très bon contacts chez Apple, et je dois dire qu’ils ont toujours été réactifs et cordiaux avec nous.

JD – J’ai juste reçu un mail et j’ai fais mes modifications… pour repartir avec une semaine de nouveau de validation.

Pensez-vous comme Joe Hewitt que le processus de validation devrait être supprimé ?

FM – Je ne pense pas forcément que le processus de validation nécessite d’être supprimé car c’est un gage de qualité indéniable pour les utilisateurs (il n’y a qu’à voir la qualité des applications Symbian et Android par exemple).

YG – Pas forcément supprimer, mais simplement un processus de test pour vérifier une fois de plus qu’il n’y ai pas de bug (ça ne fait pas de mal) et qui vérifie le classement des applications vis à vis du contenu pour le contrôle parental. Avec cependant un peu de bon sens histoire de différencier ce que l’application embarque et ce que l’application apporte du web.

VD – Surtout pas, l’absence de validation serait un réel coup dur pour la qualité. Certaines personnes disent que tout et n’importe quoi passe, mais je n’ose pas imaginer sans procédure de validation. Elle n’est pas parfaite, mais il ne faut pas oublier qu’Apple n’était pas encore là il y a trois ans. Les consoliers par exemple ont plus de 20 ans d’expérience derrière eux, Apple ne peut pas être à ce niveau en si peu de temps. Mais regardez le chemin parcouru en seulement deux ans. La validation n’est pas encore complètement au point mais à côté de ça l’iPhone est une plateforme à des années-lumière de la concurrence et qui a su secouer le marché des jeux vidéos et des applications mobile.

JD – Certes, le processus de validation peut-être laborieux, mais il est nécessaire… Il y aurait une quantité d’applications innommables sur l’iPhone sinon !

Quels pourraient être les modifications et améliorations que pourraient apporter Apple à ce processus de validation ?

FM – Déjà, ils pourraient mettre un label sur les applications validées par Apple. Faire en quelque sorte une validation à plusieurs niveaux.

Ensuite, il est clair qu’ils doivent grossir leur équipe de validation : 40 personnes pour 8 500 applications par semaine, ce n’est pas sérieux.

YG – Un système de pré-validation pourrait être intéressant en proposant aux entreprises une solution pour expliquer le principe de l’application et ce qu’on y trouvera histoire d’éviter d’investir du temps et de l’argent sur une application qui pourrait être refusée.

VD – Pour ma part je dirai une meilleure interface de suivi, plus détaillée et transparente avec par exemple une interface mentionnant des statuts de suivi intermédiaires, comme en « attente de validation » (avec la position dans la queue), « validation en cours », ou par exemple «problème trouvé», «en attente de rapport final»… Bref, plus de précision pour pouvoir mieux anticiper les plannings de sortie des jeux et applications.

JD – Je pense qu’il devrait y avoir un tri en fonction de la complexité de l’application et de l’importance de la société développant l’application.

Si c’est une grosse société… il y a déjà beaucoup de processus de validation internes avant de publier une application.

Kaeli Soft

Yoann Gini

Bulkypix

iSmileys