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Événement

La grande vision de Tim Cook

Tim Cook a répondu hier soir aux questions de Kara Swisher et Walt Mossberg durant la conférence d’ouverture D11. L’occasion pour le CEO d’Apple de faire le point sur l’entreprise, le marché, la vie et le reste.

iMike

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Évidemment, à quelques jours de la keynote de la WWDC, le 10 juin, il ne fallait pas s’attendre à de grandes révélations. Tim Cook est ainsi revenu sur l’année qui vient de s’écouler et qui peut être vu au travers d’un verre à moitié plein… ou à moitié vide. Apple a certes vendu 85 millions d’iPhone et 42 millions d’iPad, mais son action a piqué du nez, Samsung est plus fort que jamais, et Android toujours plus omniprésent.

Les meilleurs produits, pas le meilleur volume

«Nous fabriquons le meilleur PC, mais nous n’en vendons pas le plus», rappelle Tim Cook. Et il en va de même pour les smartphones : l’iPhone est «le meilleur téléphone», mais en terme de volume, c’est un autre qui en écoule le plus. Le CEO d’Apple n’a pas la «tête dans le sable» en ce qui concerne la concurrence. Au-delà des parts de marché, il faut cependant regarder les usages – et en la matière, les solutions mobiles d’Apple sont loin devant les autres. De nombreux smartphones Android sont utilisés comme des feature phones par leurs possesseurs. Quant aux tablettes, l’utilisation d’un iPad est significativement différent que sur une ardoise Android.

Mais le plus important pour Cook, est que les consommateurs aiment les produits pommés. Les taux de satisfaction sont ainsi au zénith. Pour Tim Cook, la situation aujourd’hui n’est pas différente de celle d’hier : Apple concurrence toujours de rudes rivaux, Microsoft hier, Samsung actuellement. Mais le mantra de Cupertino reste le même : fabriquer les meilleurs produits.

Il n’en reste pas moins que le niveau de l’action AAPL est frustrant, aussi bien pour lui, que, on l’imagine, pour les investisseurs. Cependant, il ne s’agit là que d’un cycle, veut croire Cook. Et le plus important reste de se concentrer sur le produit. Et en la matière, on attend qu’Apple se réveille, car cela fait depuis l’iPad mini que rien de vraiment nouveau ni d’innovant n’a été lancé. Apple est toujours une entreprise à même de modifier le cours des choses, à révolutionner le marché. Il s’agit de la même société qui a inventé l’iPhone, l’iPad, le Mac. Et demain, la télévision ?

13 millions d’Apple TV

Tim Cook révèle qu’Apple a écoulé 13 millions de boîtiers, dont la moitié en 2012… mais l’Apple TV reste toujours considéré comme un outil d’apprentissage pour le constructeur : l’appareil a répondu à certaines attentes, mais pas à toutes. Tim Cook n’a d’ailleurs pas voulu s’aventurer sur ce qu’Apple pourrait faire pour améliorer l’expérience (catastrophique( des téléspectateurs. La télévision est toujours un domaine d’un grand intérêt pour Apple, et il existe une «grande vision» sur ce sujet à Cupertino.

Le secteur de la télévision est porté par une grande vision

En dehors de la télévision, la grande affaire du moment dans le secteur des technologies est l’informatique portable, Google Glass en tête. Cook indique qu’il y a des choses positives dans ces binocles intelligentes, qui intéresseront sans aucun doute certains marchés verticaux. En revanche, il n’est pas certain que Glass rencontre un succès plus large.

Une branche à porter

Les objets portables sont «incroyablement intéressants», qui pourraient constituer un secteur d’une grande profondeur au-delà des bracelets fitness, d’ailleurs. Tim Cook porte lui-même un FuelBand de Nike (qui «fait un très bon travail»). Mais il reste beaucoup de choses à faire et à réaliser pour convaincre un gamin de porter des lunettes, une montre ou un bracelet. Pour pousser quelqu’un à porter ce genre d’accessoires, il faut qu’il soit incroyable.

Les objets portables sont une «branche importante de l’arbre», croit Cook. L’iPhone et l’iPad ont poussé ce marché, et même accéléré cet arbre de la mobilité. Les «wereables» peuvent être une branche de cet arbre.

Qui c’est le patron ?

Pour faire taire les mauvaises langues concernant le niveau de l’innovation chez Apple, Tim Cook a rappelé le chambardement de l’automne dernier, avec notamment le départ de Scott Forstall et la réorganisation qui s’en est suivie. Ces mouvements ont été réalisés pour hausser l’innovation. Dans l’ère post-PC qui est la notre, il faut posséder «un matériel incroyable, un logiciel incroyable, et des services incroyables». La magie se réalise à l’intersection.

C’est dans ce cadre que Tim Cook attend de Jony Ive qu’il réalise la même chose avec le logiciel qu’il l’a fait avec le matériel durant des années. On en verra la première démonstration durant la keynote de la WWDC. Plus globalement, l’idée de ce chambard était de resserrer les équipes; sept mois après, le changement est «incroyable».

La question du leadership a évidemment été posée. Tim Cook est différent «d’une tonne de façons différentes» de Steve Jobs, mais dans un sens, il est pareil au fondateur d’Apple : il est le gardien de la culture Apple, ce qui est le plus important.

Famille d’iPhone : l’exemple de l’iPod

Si l’iPod n’est plus en très grande forme, le baladeur a néanmoins appris deux ou trois choses à Apple. Les utilisateurs sont friands de produits plus légers, plus fins, plus petits – en témoigne le succès de l’iPod mini, puis de l’iPod nano. Mais les différentes gammes d’iPod correspondent à autant de marchés bien distincts. Mais pour ce qui concerne la téléphonie, Tim Cook ne sait pas s’il faut diversifer la gamme d’iPhone : «Sommes-nous arrivés à un point où il faut que l’on fasse cela ?».

Est-ce à dire qu’Apple n’envisage pas, pour le moment, d’iPhone low cost, d’iPhone «maxi» ou d’autres déclinaisons ? Le CEO rappelle en outre les compromis incontournables sur les phablets; mais dans un «monde hypothétique où ces compromis n’existeraient pas, vous pourriez voir un grand écran comme un vrai argument différenciateur». Une fois de plus, Tim Cook ne ferme pas la porte à un iPhone de 5 pouces.

Dans l’oeil du cyclone

Depuis quelques temps, Apple a pu se sentir au centre de la cible de plusieurs agences gouvernementales US : procès à venir pour les e-books, convocation devant un comité de sénateurs pour la fiscalité «créative» de l’entreprise… Tim Cook ne s’en formalise pas. La société grossit, ce qui ne manque pas d’attirer les regards. Mieux : cette nouvelle attention oblige Apple à atteindre de plus hauts standards. L’environnement est un des secteurs où Apple peut faire une vraie différence. D’ailleurs, «nous allons continuer» à pousser dans ce domaine, annonce Cook : en témoigne l’embauche de Lisa Jackson, ancienne patronne de l’EPA, l’agence de protection de l’environnement.

La montagne d’argent sur laquelle est assis la société lui sert à racheter de jeunes pousses : 6 ou 7 en 2012, 9 en 2013, et nous ne sommes qu’en mai. Mais fidèle à sa politique du secret, Apple n’annonce ces acquisitions que si elle est obligée de le faire. Cupertino n’est pas spécialement intéressé pour racheter une grosse entité, mais n’y est pas opposé. La clé d’une acquisition reste encore et toujours : «Est-ce que cela va nous aider à fabriquer un super produit ?».

Apple s’ouvre (un peu)

Un sujet très intéressant a été mis sur la table par Walt Mossberg. Il concerne l’ouverture d’Apple aux idées extérieures, notamment pour améliorer ou transformer iOS, comme Facebook Home peut le faire pour Android. Tim Cook indique que les API d’iOS vont s’ouvrir un peu plus à l’avenir, mais pas au point de placer les utilisateurs dans des situations à risque, et surtout qui dégraderait leur expérience. «Nous pensons que les consommateurs nous paient pour que nous fassions des choix en leur nom». Est-ce que certains veulent de ces écrans d’accueil modifiés ? Oui. Mais ça n’est pas le cas de la vaste majorité.

Apple va ouvrir un peu plus iOS aux développeurs tiers

On verra dans iOS des fonctions tierces qui pourront s’ébattre un peu plus largement qu’actuellement. Ce ne sera cependant pas le cas des fameuses Chat Heads de Facebook Home ! En revanche, et c’est assez historique merci, Cook n’est pas opposé à adapter une app iOS sur Android. Ce ne sera pas le cas des services iCloud, qui resteront confinés (malheureusement) sur iOS pour le moment.