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Événement

Après deux ans d’Apple, le style Tim Cook à la loupe

Difficile de trouver deux personnalités plus éloignées l’une de l’autre que Steve Jobs et Tim Cook. Reuters dresse le portrait d’un CEO plus réfléchi, qui délègue, mais qui peut aussi avoir ses humeurs.

iMike

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Incroyable mais vrai : Tim Cook est un être humain. Durant les réunions, le patron d’Apple est si calme qu’il est difficile de « lire » quelque chose sur son visage. Mais le moindre changement dans le balancement de sa chaise est le signe que quelque chose l’interpelle. « Il pourrait dire quelque chose comme “Je ne pense pas que ce soit suffisamment bon”, et c’en sera terminé et vous voudrez juste vous noyer dans un trou et mourir », raconte une personne habituée des réunions avec le CEO.

Tim Cook nourrit un style méthodique bien différent de celui de son prédécesseur. Steve Jobs assistait aux réunions bi-mensuelles et s’enquérait de toutes les fonctionnalités prévues; « ce n’est pas du tout le style de Tim », assure un proche : Tim Cook délègue. En revanche, il n’hésite pas à prendre ses responsabilités, comme durant l’épisode malheureux du lancement de la nouvelle application Plans. Cook est passé par-dessus Scott Forstall, un des favoris de Steve Jobs, et a chargé Eddy Cue, alias le pompier en chef, de prendre les devants et de voir ce qui pouvait être fait.

Apple a tenté de minimiser le problème, en assurant que si Plans était une initiative majeure, l’entreprise ne faisait que démarrer. Mais en coulisses, Tim Cook a géré l’affaire personnellement, posant beaucoup de questions, le poussant à s’interroger plus rapidement que prévu sur la direction à prendre pour iOS. On connait la suite : après une lettre ouverte d’excuses, il a bouleversé l’organigramme de la société, viré Forstall, et laissant à Jony Ive la responsabilité de l’interface des deux systèmes d’exploitation d’Apple. « Ça a été une grande décision de la part de Tim, et il l’a prise en toute indépendance et d’une manière très, très résolue », raconte Bob Iger, CEO de Walt Disney et membre du conseil d’administration.

Une grogne chez les ingénieurs

Au-delà de cet épisode rocambolesque, une certaine grogne a commencé à se faire entendre du côté des employés d’Apple. L’entreprise a alors mené un sondage sur le moral des troupes au sein de l’unité ingénierie matérielle. Dan Riccio, vice-président justement en charge de cette branche, a indiqué dans un courriel à ses troupes qu’il était important d’obtenir des retours sur les perceptions et les expériences de travail dans l’unité. C’est que les recruteurs dans la Silicon Valley voient passer beaucoup plus de CV d’employés d’Apple, notamment chez les ingénieurs en charge du matériel.

Un recruteur explique être « inondé de messages LinkedIn et de courriels de personnes dont je n’aurais jamais imaginé qu’elles quitteraient Apple, et par des gens qui sont chez Apple depuis un an, et dont les attentes diffèrent par-rapport à ce qu’ils vivent ». Il ne s’agit cependant pas d’une fuite des cerveaux, mais retenir les talents est un nouveau défi pour Tim Cook.

Un style moins flamboyant mais plus simple

Le style du CEO d’Apple est vu comme « plus gentil et plus doux », ce qui a été perçu comme un changement bienvenu pour beaucoup. « Ce n’est pas aussi dingue que cela a été », précise Beth Fox, une ancienne employée d’Apple. « [Les gens] aiment Tim », dont ils apprécient le côté optimiste.

De fait, depuis l’arrivée de Tim Cook comme CEO il y a deux ans, il existe chez Apple une volonté nouvelle pour admettre les erreurs commises. Une nouvelle approche, plus ouverte à des problèmes comme les conditions de travail des salariés des sous-traitants chinois, a également été mise en place. Même si ces conditions se sont améliorées, des allégations selon lesquelles des infractions au code du travail se poursuivent montrent que tout est loin d’être réglé.

Un rôle très difficile à tenir

Plus prosaïquement, l’entreprise a également mis en place des versements de dividendes aux actionnaires; Tim Cook a également lié ses émoluments aux performances de la société. Ces efforts sont néanmoins éclipsés par la polémique sur l’optimisation fiscale qui heurte bon nombre de pays appréciant peu se faire tondre la laine sur le dos par les habiles fiscalistes d’Apple et d’autres multinationales. Tim Cook a d’ailleurs défendu ces pratiques -légales- devant une commission du Sénat américain.

Le CEO doit également faire face à la pression non seulement des actionnaires, mais aussi des clients d’Apple qui attendent de lui le lancement d’un nouveau produit innovant. Autant dire, à l’instar de Bob Iger, que Cook a un « très, très difficile rôle [à tenir], étant donné la personne à qui il succède et l’entreprise qu’il dirige ».

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