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Événement

30 ans du Mac : et demain ?

L’axe d’Apple ne tourne plus seulement autour du Mac. L’iPhone et l’iPad sont désormais les points d’intérêt centraux du constructeur. Dans ce schéma, quel avenir pour le Mac ?

iMike

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Steve Jobs et Tim Cook ont souvent servi cette analyse aux observateurs : la cannibalisation des produits Apple n’est bonne que si elle est le fait d’autres produits Apple. Le constructeur a mis cet adage en application avec l’iPad, dont les ventes grignotent inexorablement non seulement les PC traditionnels mais aussi les Mac.

La menace mobile

De fait, et pratiquement depuis 2007 et le lancement de l’iPhone, Apple donne l’impression très nette de concentrer ses ressources, son énergie et son temps à sa gamme de produits mobiles plutôt qu’à faire évoluer ses solutions de bureau. Quand Microsoft tentait de réinventer son système d’exploitation avec Windows 8, Apple a continué à miser sur la métaphore du bureau inaugurée il y a 30 ans, avec le Macintosh. Jusqu’à présent, l’histoire nous apprend que Microsoft n’a pas réussi son pari, mais on ne peut que saluer l’audace de l’éditeur longtemps présenté comme suiveur – une audace que l’on perçoit peu chez Apple, depuis la révolution représentée par Mac OS X, son héritage NeXT et sa base Unix, en 2001. C’est comme si aucune innovation majeure n’était plus possible en terme logiciel sur Mac, même si bien évidemment, Cupertino a continué à apporter des nouveautés d’importance au sein de son système d’exploitation, mais rien d’aussi significatif qu’iOS 7 par-rapport à iOS 6, par exemple.

Les chiffres donnent néanmoins raison à Apple : la majorité de ses revenus provient de l’iPhone et de l’iPad, tandis que le Mac, dont les ventes tournent autour des 4 millions tous les trimestres, restent désespérément stables… et cela ne devrait pas s’améliorer. Si Apple continue de tirer son épingle du jeu, c’est toute l’industrie du PC qui souffre de la concurrence des tablettes, qui pour les utilisateurs lambda, remplissent des tâches plus facilement et plus efficacement que les ordinateurs traditionnels. Il est d’ailleurs frappant de constater que les ardoises sont largement adoptées et plébiscitées par un public plus âgé que l’aficionado habituel de la technologie.

L’iPad représente-il le futur du Mac ? C’est une question que l’on peut très sérieusement se poser, surtout en regard des rumeurs insistantes autour d’un iPad Maxi, dit aussi iPad Pro, qui ont pris du muscle avec le lancement l’an dernier de l’iPad Air. Ce modèle de 12,9 pouces pourrait intéresser certains milieux comme les professionnels mobiles, ou le domaine de l’éducation; mais à terme, ce format est aussi à même de séduire les clients potentiels du MacBook Air ou Pro de 13 pouces, ce qui ne fera que renforcer la baisse des ventes de Mac.

iOS peut-il être OS X ?

Il reste cependant à voir comment cette tablette géante pourra concurrencer la productivité d’un Mac. En terme de fonctionnalités, une fois rajouté un clavier sans fil, un iPad peut réaliser bien des prodiges, mais iOS 7 n’est clairement pas taillé pour concurrencer un système aussi polyvalent et productif qu’OS X. Dans deux domaines au moins, iOS montre ses lacunes : il n’existe pas de gestion multi-utilisateurs, ce qui n’a certes pas empêché l’iPad actuel de trouver sa place en entreprise. Néanmoins, la possibilité pour les membres d’une famille ou d’un groupe d’employés de disposer de leurs propres sessions, avec les réglages et préférences de chacun, manque cruellement. Surtout, une véritable gestion multi-tâches est nécessaire, d’autant plus sur un écran de 13 pouces qui peut facilement accueillir deux, voire trois applications fonctionnant en simultané. Pour le moment, Apple en est encore bien loin, mais la gestion de l’autonomie qui a obligé Apple à imaginer un système de « pause » des apps sera sans doute moins un problème : dans un boîtier accueillant un écran de 12,9 pouces, il est possible de glisser une batterie autrement plus imposante que dans un iPad Air.

Quand PearOS, une distribution Linux, tente de mixer iOS à OS X…

Alors l’iPad Pro, pourquoi pas. Mais de nombreux utilisateurs continueront de vouloir travailler sur des ordinateurs traditionnels, et Apple ne s’y trompe pas : le constructeur a dévoilé avec le Mac Pro une nouvelle famille de machines bien partie pour durer. Pour le grand public, la question se posera de plus en plus entre un Mac et une tablette – surtout si Apple pousse son avantage en rapprochant iOS à OS X. Du côté du monde PC, on a tenté de nouveaux formats comme les portables hybrides, où l’écran se transforme en tablette autonome, mais le succès n’a pas l’air au rendez-vous. Les écrans tactiles intégrés aux PC classiques n’ont pas amélioré les ventes de ces machines : l’idée est séduisante sur le papier, mais très rapidement la fatigue se fait ressentir. D’ailleurs, Apple ne s’y est pas mis, préférant proposer un Magic Trackpad multi-points remplaçant la souris.

Sur quels leviers le Mac peut-il appuyer pour continuer à séduire ? Apple a apporté une réponse en intégrant les processeurs Haswell dans ses machines : si les performances n’ont au finale pas tellement évolué, l’autonomie en a largement profité. C’est certes moins spectaculaire qu’un écran Retina, mais cela se révèle extrêmement pratique dans la vie de tous les jours… peut-être même plus que le doublement des pixels à l’écran. Le silence et le poids sont également des domaines où l’on devrait voir les constructeurs, et donc Apple, investir lourdement afin de continuer à séduire les travailleurs mobiles.

L’avenir à court terme du Mac n’est donc pas des plus excitants en terme de fonctions révolutionnaires, mais l’heure -et les investissements- n’est plus (ou pas encore) à transformer des usages bien ancrés. En revanche, le confort d’usage, l’amélioration de certaines fonctions (autonomie, poids, finesse) permettront sans doute au Mac de conserver son rôle pivot chez Apple et chez les utilisateurs.

Plans sur la comète

Le constat étant posé, on peut s’amuser à imaginer quelques unes des technologies qui permettront d’aller plus loin dans un futur plus ou moins proche ! Une des pistes intéressantes qu’Apple pourrait creuser, c’est l’abandon définitif des câbles. La batterie des Mac auraient ainsi la possibilité de se recharger via les ondes wi-fi : cette technologie existe déjà, par exemple chez WiTricity qui alimente un iMac sans fil. Apple a également quelques brevets sur le sujet en sa possession… Il faut maintenant mettre ces technologies en pratique, ce qui ne sera sans doute pas la chose la plus facile (ne serait-ce que d’un point de vue sanitaire). Toujours dans cette volonté de couper le cordon, on verrait bien la possibilité de se connecter à un moniteur, un disque externe ou autre périphérique sans devoir tirer de fil ! Et pourquoi pas via une version sans fil de Thunderbolt…

Depuis le temps qu’on évoque le sujet, les micro-projecteurs pourraient finalement trouver leur chemin dans les Mac, ce qui permettrait non seulement d’augmenter radicalement la surface de l’écran, mais aussi de transformer un ordinateur en projecteur à courte portée pour la diffusion de films en 4K, comme ce que propose Sony avec son projecteur Life Space UX

On a déjà évoqué le cas des écrans tactiles qui n’ont pas la cote chez Apple, sur les Mac s’entend. Une des solutions pour ne pas fatiguer l’utilisateur réside dans l’analyse des mouvements des doigts et des mains, ce que le petit boîtier de Leap Motion offre depuis quelques mois. Apple n’a t-elle pas nombre de brevets dans le domaine de l’interprétation des gestes dans l’espace ? Et n’a t-elle pas récemment racheté PrimeSense, le créateur de la technologie intégrée au Kinect de Microsoft ?

Il y a toujours matière à rêver. Et comme toujours, on pourra compter sur Apple pour inaugurer une nouvelle technologie qui fera basculer l’industrie, comme au temps de l’interface graphique du Macintosh, de l’USB de l’iMac en 1999, du wi-fi avec AirPort intégré dans le premier iBook, ou encore de l’écran Retina des MacBook !

Les illustrations de cet article proviennent des travaux d’Hartmut Esslinger. Le designer d’origine allemande a imaginé le design des premiers ordinateurs d’Apple, et on lui doit la forme du premier Macintosh.