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Édito

La bonne manière de demander des permissions d’accès sur iOS

Doit-on autoriser les applications à accéder à nos données, photos, contacts ou autre ? Et si les choix que nous croyions libres étaient en fait conditionnés par la manière dont le logiciel nous pose la question ?

Arnaud

Publié le

 

Par

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L’arrivée des smartphones a signé, de manière plus éclatante que jamais, la disparition d’une certaine idée de la vie privé ; aujourd’hui, nous ne sommes plus une réalité opaque, mais espérons encore gérer, au moins, notre degré de transparence. Et pour répondre au sentiment dominant d’être largement espionné, sentiment qui s’appuie sur de nombreuses réalités, il faut l’avouer, les créateurs de système d’exploitation tentent de poser quelques barrières.

Apple, au sein d’iOS, n’autorise pas l’accès à nos données personnelles aux programmes tiers, qui doivent en faire la demande expresse. Et s’il est très fréquent de voir s’afficher les alertes du type l«e logiciel machinchose veut accéder à vos contacts (ou à vos photos, ou à votre localisation, ou aux notifications push)», il est également difficile de prévoir la réponse que donneront les utilisateurs, alors même que celle-ci peut-être cruciale pour le fonctionnement du logiciel. Qu’un soft de modification de photos demande accès à la pellicule est non seulement normal, mais également requis pour bénéficier des fonctionnalités proposées.

Brenden Mulligan, créateur de Cluster, un logiciel pour iPhone permettant de créer des groupes de partage privés entre amis, collègues, partenaires, a pas mal réfléchi à la question. Il a tenté de comprendre comment demander l’accès à certaines données privées, en ayant de bonnes chances de l’obtenir.


La pire manière



La pire manière est également la plus utilisée. Elle consiste, au premier lancement de l’application, à demander toutes les autorisations d’accès nécessaires au logiciel. L’avantage semble évident, le logiciel dispose, dès les premières secondes de lancement, de la latitude requise pour fonctionner correctement.

Mais cette manière de procéder n’aboutit qu’à 30 à 40 % d’autorisations. 6 à 7 utilisateurs sur 10 refuseront au logiciel le droit d’accéder à leurs données. Rien d’illogique, d’ailleurs : l’App Store compte 1,1 million d’applications, parmi lesquelles se glissent des applications douteuses, qui passent à travers les mailles du filet d’Apple. Et l’époque est à une certaine méfiance. Cependant, un tel taux d’échec grève l’usage des logiciels téléchargés, rendant certains d’entre eux simplement inopérants. Et pour ajuster l’injure à l’insulte, iOS ne permet pas simplement de revenir sur une décision de refus d’accès. Il faut naviguer dans les réglages pour aller changer chaque autorisation refusée. 5 taps au minimum.

[Taux de succès 30 à 40 %->]


C’est mieux quand tu m’expliques



Seconde approche, listée par le designer, expliquer aux utilisateurs le pourquoi du besoin d’accéder à leurs données. L’application HeyDay procède ainsi. Au premier lancement, lorsque l’utilisateur fait défiler les vignettes expliquant le fonctionnement du logiciel, il trouve des explications sur l’intérêt d’autoriser l’accès à ses données.

Avec cette méthode, le pourcentage d’autorisation grimpe assez nettement, pour s’établir entre 40 et 66 %.

[Taux de succès 40 à 66 %->]


C’est encore mieux dans son contexte



Finalement, la meilleure approche mélange pédagogie et contexte. L’idée est de laisser à l’utilisateur le temps de découvrir le logiciel, sans boite de dialogue importune. Dans le cas de Cluster, le logiciel permettant de partager des photos, l’équipe choisit d’attendre que son utilisateur appuie sur le bouton pour ajouter des photos, puis sur le bouton pour envoyer des photos, avant de faire apparaître la boite de dialogue d’autorisation. À ce stade, il est logique pour l’utilisateur d’accepter l’accès aux Photos, il vient, en quelque sorte d’en faire la demande. Avec cette méthode, le taux d’acceptation bondit, entre 67 et 89 %

[Taux de succès 67 à 89 %->]

Mais il y a encore moyen de faire mieux ! D’abord en travaillant ses explications. «Nous nous sommes demandés quel était le plus grand bénéfice, pour le client, à accepter l’accès aux contacts», témoigne Brenden. La réponse, dans ce cas, était que cela éviterait d’avoir à saisir, dans l’application, la liste des contacts à inviter. Et pour bien faire comprendre les termes de l’alternative, les designers ont choisi d’afficher, en arrière plan, la liste des contacts, vide. Malin.

Dernière décision de design, l’équipe décide de faire apparaître une boite de dialogue personnalisée – pas la boite normalise proposée par Apple – lorsqu’elle propose d’autoriser Cluster à envoyer des notifications Push. «Quand l’utilisateur met en place un groupe et invite des amis, nous lui posons une question très logique :”voulez-vous être prévenu quand vos amis se connectent ?”. Et s’il clique sur “Prévenez-moi”, nous affichons alors la boite de dialogue standard demandant l’accès aux notifications». Le taux d’acceptation, à ce stade, avoisine les 100 %

[Taux de succès près de 100 %->]