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Édito

FY14Q3 : un trimestre printanier

Le marronnier trimestriel, « les résultats d’Apple déçoivent » n’a pas manqué de bourgeonner ici et là. Ceux-ci sont pourtant parfaitement encourageants.

Boro

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Ce trimestre de juin dont les résultats viennent d’être présentés est fréquemment plutôt favorable à Apple, après un premier trimestre traditionnellement « de carème », lequel tente lui-même de corriger en quelque sorte les excès en tout genre d’un trimestre de Noël invariablement hors normes à bien des égards. Celui-ci coïncide en effet avec l’essentiel des achats de rentrée passés par les établissements d’enseignement, et aura été plutôt fructueux, à peu près conforme aux prévisions des analystes du secteur… [ou du moins les plus sérieux d’entre eux-> 80505, « donnant plus de blé qu’un meilleur avril… », si l’on s’intéresse aux seuls résultats financiers rendus publics hier soir tard par Apple (pardon à nos lecteurs d’outre Quiévrain).

Mais, au-delà des résultats en terme de bénéfices et de chiffre d’affaires de ce nouveau 2e trimestre record, c’est une nouvelle fois au cours du débriefing d’après publication, à bâtons rompus avec les analystes du secteur bancaire, que l’on aura pu dégager un certain nombre de données pour se faire une idée précise de la situation de la société par rapport au marché dans son ensemble, et vis-à-vis de ses compétiteurs. Mais aussi quelques indices sur ce qui se mitonne à Cupertino… Sans parler malheureusement de l’absence de vision globale de bon nombre de ceux qui sont appelés à commenter les cycles de ce marché, en même temps que la situation de la marque à la pomme au sein de celui-ci. Dernier soubresaut des convulsions de la bêt… du conformisme intellectuel, une fois arrivé(e) de ce côté-ci de l’Atlantique : « Apple déçoit sur l’iPad, et peine à trouver des relais de croissance… ».

Or, et Tim Cook ne s’est pas privé de le rappeler en préambule de son intervention, la dernière conférence des développeurs a été l’occasion de démontrer le contraire, non seulement la mise à disposition de son écosystème de nouveaux outils de codage avec Swift et Métal en même temps que l’ouverture de certains services jusqu’ici jalousement gardés par Apple, mais également la désignation de 2 nouvelles terres de mission avec le monitoring personnel – au besoin sanitaire – et la domotique (HealthKit et HomeKit). Mais peut-être surtout, l’iPad tout au creux de la vague qu’il semble être depuis 2 trimestres, est en définitive et selon toute probabilité, tout simplement dans la position dans laquelle se trouvait l’iPhone voici quelques trimestres à peine, et dans une situation singulièrement plus favorable que ses concurrents pour surfer sur la suivante.

D’une part, la marque à la pomme a entrepris de purger ses canaux de distribution avant la présentation de sa nouvelle gamme précisément au trimestre prochain, sur fond de marché en repli dans son ensemble, avec des marchés traditionnels que sont les pays très développés qui ont parfaitement compris comment fonctionnait le cycle d’Apple et qui retiennent leur souffle en attendant la prochaine mise à jour, tandis que « les économies émergées » (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui soi-disant étaient par nature hors de portée de la marque à la pomme ont d’une certaine manière pris le relais avec des progressions au-delà de 50 %.

D’autre part, sur ces marchés « occidentaux » désormais arrivés à maturité, avec des taux de satisfaction « quasi nord-coréens » de 98 % pour l’iPad air et même 100 % pour l’iPad mini Retina display, l’attractivité de l’iPad va bien au-delà de la seule sphère des clients de la marque à la pomme puisque ce sont 63 % des possesseurs de tablettes, toutes marques confondues, qui projettent d’acheter une tablette dans les 90 jours à venir qui se déclarent fixés sur le choix d’un iPad. D’ailleurs, tout comme au début de la remontée continue des parts de marché du Mac qui ne s’est pas démentie depuis 8 ans maintenant, 50 % des acheteurs d’un iPad font la démarche pour la première fois.

Quant aux parts de marché de l’iPad, celles-ci sont certes en recul du fait de la concurrence qui s’organise sur l’entrée de gamme dans un trimestre qui précède immédiatement celui du renouvellement de la gamme, mais celles-ci sont tout de même pour le mois de juin de l’ordre de 60 % pour la catégorie des systèmes Unix (iOS et Android), et surtout s’élèvent à 70 % en valeur, tous fabricants confondus. Une situation pour laquelle ses principaux concurrents troqueraient probablement leur propre position, avec un Samsung dont l’épuisement du modèle économique basé sur la promotion quasi permanente depuis maintenant 3 trimestres se double très probablement d’une crise de leadership à venir, et Microsoft qui, jusqu’ici, s’est montré incapable de fournir ses 2 premières générations de tablettes à qui pourtant les lui demandait ! On passera sur les chiffres qui concernent l’iPhone ou le Mac, et dont les résultats parlent d’eux-mêmes : l’iPhone 5c et son « plastoc » si décrié au moment de sa sortie est toujours, le premier rush vers l’iPhone 5S passé, le modèle de milieu de gamme plus vendu depuis le lancement de l’iPhone.

Apple poursuit tout simplement sur son modèle économique de la valeur ajoutée entamé avec le retour de Steve Jobs et développé grâce au travail de Tim Cook, et qui lui a jusqu’ici parfaitement réussi, y compris sur le marché de l’ordinateur, quand la spirale déflationniste et mortifère entamée par l’ensemble de l’industrie à peu près au même moment a fini par laisser les cadors du secteur au tapis, à peu près exsangues. Que sont devenus les IBM, Compaq, Dell et autres HP ? Le deal passé avec IBM – ce n’est d’ailleurs pas le premier discuté par Steve ou par son successeur – vise d’ailleurs à pérenniser la percée de la firme à la pomme dans le monde de l’entreprise, et à réussir avec le « client léger » la où Microsoft avait érigé un bastion à l’ère de l’ordinateur personnel.

Reste à savoir d’où les quelques papiers français qui ont titré de façon alarmiste à propos des chiffres publiés mardi soir ont pu tirer leurs informations. Tim Cook a depuis le début sa boutique bien en main – le lancement du projet Swift en interne date de 2010 – et les produits annoncés en sortie de pipeline pour cet automne sont plus qu’alléchants. De quoi donner à Apple les moyens de poursuivre le développement de l’ensemble de son écosystème, et à la variété duquel il doit son éclatante santé financière.

le fameux consensus des analystes de Fortune