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Interview

Tim Cook, un meneur différent

Cook parle, abondamment. De Steve Jobs, de son apprentissage de patron d’Apple, de ses échecs et succès.

neilime

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La sortie de l’Apple Watch est l’occasion pour Tim Cook et certains responsables d’Apple, de faire la tournée des médias.

Ainsi le patron de la Pomme, après une longue interview la semaine dernière dans Fast Company, revient cette semaine, dans un article de Fortune qui lui est consacré, sur la façon de diriger de Steve Jobs, sur la sienne et sur Apple en général . Peu de révélations mais un portrait, par petit touches, d’un patron discret, moins charismatique que son prédécesseur mais qui « prend du cuir » à la tête de la multinationale la plus puissante du moment.

Steve Jobs, un bouclier

Cook explique par exemple qu’il a toujours été bon pour se couper du bruit extérieur, celui qui murmure qu’Apple ne serait plus jamais Apple sans Steve Jobs à sa ête, qu’il fallait absolument un iPhone à bas coût pour concurrencer les téléphones sous Android, etc.

Mais un jour il s’est dit qu’il devait exceller à ne pas s’en préoccuper : « Ce que j’ai appris après le décès de Steve, ce que j’avais seulement connu à un niveau théorique, ou académique peut-être, c’est qu’il était un bouclier protecteur incroyable pour nous, son équipe dirigeante. Aucun d’entre nous sans doute n’a apprécié cela, car à sa juste valeur, car nous n’étions pas obsédés par cela. Nous l’étions par nos produits et par la gestion de l’entreprise. Mais il a vraiment encaissé tous types de piques jetées sur Apple. Les louanges aussi. Mais pour être honnête, l’intensité était plus forte que je n’aurais jamais imaginé. » Avant d’ajouter plus tard dans l’interview : « Peut-être qu’avec le temps, cette capacité me servira dans d’autres aspects de ma vie. »

L’auteur de l’article-interview revient également sur l’excellente santé d’Apple, tant en matière de cours de bourse que de chiffre d’affaires, sur la révélation de son homosexualité et son courage face à l’Assemblée de l’Alabama pour défendre son point de vue sur la non-discrimination quand certains états autorisent encore une discrimination basée sur les préférences sexuelles. La stabilité des équipes dirigeantes est également évoquée.

Pour Eddy Cue, Cook « n’a jamais essayé d’être Steve Jobs. Il a toujours essayé d’être lui-même. Il a été très bon en nous laissant faire notre travail. Il est conscient et impliqué en bout de chaîne. Steve lui était impliqué jusqu’au niveau du pixel. »

L’université Apple passe aussi à la moulinette. Créer pour enseigner la manière de travailler de Steve Jobs, les cours qui y sont donnés sont très éclectiques, y compris sur la manière de conserver un regard critique sur la façon de faire les choses à Cupertino pour rester ouvert sur les idées extérieures.

Notamment pour ne pas répéter certains échecs, qui se produisaient aussi quand Steve Jobs était aux commandes. Que ce soit Siri qui n’était pas parfait à son lancement en ne comprenant pas nombre de questions ou la catastrophe Apple Maps qui n’aurait jamais dû être lancée en l’état.

Tim Cook et ses erreurs de patron débutant

Dans un autre registre, l’embauche de John Browett comme responsable des magasins Apple pour succéder à Ron Johnson fût également une erreur, l’homme en provenance des magasins Dixon’s (alors que Johnson venait de Target) ne s’est jamais intégré dans la culture Apple et fût viré quelques semaines après son arrivée.

Avec le recul, Cook analyse cela comme une erreur de patron en apprentissage : « C’était un rappel à mon attention de l’importance critique de l’adéquation culturelle à l’entreprise. » Comme patron, « vous êtes engagé dans tellement de choses que chacune en particulier capte un peu moins de votre attention. Vous devez être en mesure de fonctionner sur des cycles plus courts, moins de données à analyser, moins de connaissances, moins de faits. » Pour Cook, pouvoir pousser plus loin les personnes qui excellent dans leurs tâches, implique aussi de devoir mettre de côté les personnes quand cela ne fonctionne pas.

Un autre défi pour Cook est de trouver un juste équilibre entre le secret d’Apple sur ses projets et la vision de la société qu’il porte au-dehors, notamment devant les actionnaires. Il avait parfois été si allusif à propos des projets de la Pomme que la question de sa vista a été posée directement par les actionnaires. Alors même qu’en interne, les choses bougeaient avec la préparation de gros projets comme l’Apple Watch en coordination avec l’embauche d’Ahrendts ou la mise au point d’Apple Pay.

Des succès qui ont permis à Cook de supporter quelques revers comme l’épisode de la faillite de GT Advanced Technologies qui devait fournir la vitre ultra-résistance pour l’iPhone. Quand Jeff Williams, le successeur de Tim Cook à la gestion opérations, est allé lui annoncer la mauvaise nouvelle, il affirme que Cook lui a répondu trois choses : « Voyons ce que nous pouvons apprendre de cet épisode. Nous ne pouvons pas réussir à tous les coups. Nous allons continuer à parier sur les grandes technologies pour nos clients. »

Les chaises musicales du nouveau Campus 2 Apple

Difficile de terminer sans un mot sur le Campus 2 qu’Apple fait construire à Cupertino et qui a fortement mobilisé Steve Jobs sur les deux dernières années de sa vie. Et là, Cook connaît les chiffres par cœur, 260 000 m2 de bureaux pour 13 000 employés plus 2 000 employés dans les bâtiments adjacents pour s’occuper des 10 000 m2 de salles de sport ou des restaurants qui serviront 15 000 repas par jour. Le tout au milieu de 8 000 arbres tous natifs de la région.

Cook, qui visite le site régulièrement y compris avec le conseil d’administration de la société, affirme n’avoir pas encore choisi de nom pour le Campus 2. Peut-être le nom sera-t-il un hommage à Steve Jobs, en fonction du souhait de sa famille.

Enthousiaste à propos du projet, Cook évoque les systèmes automatiques de circulation pour guider les employés vers les places de parking pour limiter la consommation de carburant quand tout le monde arrivera en même temps le matin (NDLR : et le temps précieux des employés sans doute ?). Il explique aussi que le bâtiment principal sera limité à 4 niveaux, comme le siège actuel d’Apple, car avec 5 étages, ça ne le faisait pas.

Idem pour l’auditorium avec 1000 places où se tiendront désormais toutes les conférences de présentation de produits : plus besoin de se préparer des mois à l’avance et de se plier au planning de personnes étrangères. Mais la grande question du moment semble être de savoir quels employés déménageront dans le nouveau bâtiment : « Nous avons déjà décidé trois fois… Et nous déciderons probablement encore trois fois. »

Petite pub pour la montre, au moment de finir l’entretien, l’Apple Watch (modèle de base avec bracelet plastique) sonne, son assistant l’informe qu’Al Gore voudrait lui parler. L’occasion de reparler des fonctions de la montre, et notamment de la partie suivi d’activité physique. Tim Cook a fait 50 minutes d’exercice le dimanche où s’est déroulée l’interview et plus 8 000 pas, soit déjà plus de 6 km sur la douzaine d’heures qui s’est écoulée depuis qu’il s’est levé… et il n’est que 15h30…

Apple’s Tim Cook leads different