Suivez-nous

iPod

La genèse de l’iPod

iMike

Publié le

 

Par

ipod-1g.jpg

Le 23 octobre 2001, Steve Jobs lançait un étrange boîtier blanc, un jukebox qui allait révolutionner le monde de la musique et amener Apple là où elle est rendue aujourd’hui. Si à l’époque la méfiance était de mise, l’histoire a montré que le patron d’Apple avait eu la bonne intuition !

La genèse de l’iPod a toujours été entourée de mystères, même si au fil du temps quelques zones d’ombre ont été levées. Wired a obtenu un précieux témoignage qui nous en apprend un peu plus sur la conception et le développement du baladeur qui allait devenir l’incroyable hit que l’on sait.

Le site a recueilli il y a quelques mois le témoignage de Ben Knauss, ancien directeur de PortalPlayer, l’entreprise approchée par Apple pour l’aider à concevoir un lecteur MP3. Knauss a été l’intermédiaire entre Cupertino et son entreprise pendant la phase de développement du baladeur, il raconte que c’est Tony Fadell qui a imaginé un tel produit : «L’idée de Tony était de prendre un lecteur MP3, de bâtir un service à la Napster pour l’alimenter et de construire une société autour de tout ça». Tony Fadell a quitté Philips et s’est lancé comme indépendant pour vendre son idée – ça n’a marché nulle part, sauf chez Apple !

Apple embaucha donc Fadell en 2001 et lui a donné une équipe de 30 personnes, dont des designers, programmeurs et ingénieurs hardware. Lors de son premier rendez-vous avec PortalPlayer, Fadell lança un prophétique : «C’est le projet qui va remodeler Apple, et dans 10 ans, ça deviendra un business de musique, pas un business informatique».

De nombreux prototypes ont vu le jour, dont un qui ressemblait à une radio FM avec «plein de boutons». Toutefois, Knauss a reconnu tout le potentiel du produit, même si «son interface était typique d’une création réalisée par des gars spécialisés dans le hardware». PortalPlayer avait un système d’exploitation qui pouvait correspondre à ce que cherchait Apple, mais il y avait des modifications à apporter. Ainsi, les listes de lecture ne pouvaient supporter plus de dix morceaux… «La plupart du temps, concevoir l’iPod c’était finir notre produit».

ipod-1g.jpg

Juste avant qu’Apple ne frappe à sa porte, Knauss rapporte que PortalPlayer travaillait à l’époque pour IBM sur un autre projet de baladeur MP3 «bien plus sexy» que l’iPod : noir, petit, intégrant un disque dur IBM, il disposait d’écouteurs Bluetooth et d’un écran circulaire. Mais PP a décidé de ne plus travailler que pour Apple, et a mis ses 200 employés américains et ses 80 ingénieurs indiens sur le coup. Du côté de Cupertino, le projet reçoit un soutien de poids : «La chose intéressante concernant l’iPod, c’est qu’à partir du commencement, Steve Jobs s’y est consacré à 100% (…) Il a été complètement impliqué dans tous les aspects du projet».

«Nous avons eu des réunions et Steve aurait été horrifié de ne pas accéder au morceau qu’il voulait en moins de trois clics», raconte Knauss, qui poursuit : «Nous avions des ordres : “Steve pense que [l’appareil] n’est pas suffisamment puissant, les aigus ne sont pas assez aigus, ou encore les menus ne s’affichaient pas suffisamment vite”. Tous les jours, nous avions des commentaires de Steve qui nous disaient où les choses devaient être»

Plus amusant, si la sortie audio de l’iPod est plus forte, c’est parce que Steve Jobs est à moitié sourd ! «Ils ont monté le son afin qu’il puisse l’entendre», s’amuse Knauss.

Les DRM n’étaient pas à l’ordre du jour dans le développement de ce premier iPod : «Il n’y a pas eu de discussions autour de FairPlay. Leur conviction était que les DRM auraient freiné les ventes (…) Ils ne voulaient pas de DRM dans l’iPod original».

Les fuites étaient également un sujet de préoccupation constant : tous les prototypes de l’iPod (et il y en eu beaucoup) étaient scellés à l’intérieur d’une boîte en plastique de la taille d’une boîte à chaussure. «Ils mettaient les boutons et l’écran éparpillés dans toute la boîte afin que les gens ne puissent pas dire de quel produit il s’agissait et ne pouvaient deviner sa taille !»

Toutefois, l’iPod a bien failli ne jamais voir le jour. Des tests ont montré que le baladeur vidait sa batterie même quand il était éteint ! «Les lignes de production étaient déjà prêtes à tourner. Ça a été une partie tendue du projet : pendant huit semaines, ils pensaient avoir un baladeur MP3 qui tiendrait trois heures». Heureusement, le problème a ensuite été réglé peu après.

Knauss est resté chez PortalPlayer jusqu’à la fin du développement de l’iPod, puis a démissionné un peu avant qu’il ne soit lancé car il ne pensait pas que ce serait un succès ! «Ça a probablement été une erreur», raconte t-il, «mais il faut partir quand vous pensez que c’est le moment». Il travaille désormais chez Microsoft.

Source