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DVD : pirates en joue

Ormerry

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L”industrie audiovisuelle entend bien profiter de l’exposition médiatique du festival de Cannes pour marteler son message monothématique : “le piratage tue la création”. Le premier étage de la fusée a opportunément été lancé aujourd’hui, avec la publication par le syndicat de l’édition vidéo (SEV) des chiffres de ventes de DVD et VHS pour le premier trimestre 2004, en baisse impressionnante et incontestable de 16%.

Mais alors que ledit SEV reste très prudent sur les causes de cette baisse, Nicolas Seydoux, président de l’Alpa (Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle) entend dès demain reprendre l’antienne du “c’est la faute à internet, il faut châtier sévèrement les pirates de 7 à 77 ans”, en accusant les réseaux P2P d’être l’unique cause de la (très relative) mauvaise santé de l’édition vidéo, avec un argumentaire grossier du type “60 millions de films ont été téléchargés illégalement cette année en France, ce sont 60 millions de DVD vendus en moins”.

Ce message ne manquera pas d’être longuement et inconditionnellement repris par la majorité des média dès demain matin, alors qu’il est au minimum aproximatif, pour ne pas dire inexact :

– D’une part, les ventes baissent effectivement en chiffre d’affaire, mais ont augmenté de 20% en volume – simplement, le prix moyen d’un DVD a baissé ;

– d’autre part, ce sont essentiellement les ventes de VHS qui “plombent” les chiffres (-60% en volume) ;

– enfin, s’il est incontestable que le téléchargement illégal de films nuit à l’industrie cinématographique, les causes ayant généré ce chiffre de -16% sont multiples :

• il y a eu moins de titres proposés au premier trimestre 2004 qu’au premier trimestre 2003 ;

• peu de “best-sellers” se sont dégagés sur cette période, contrairement à l’an dernier ;

• et les ventes de la grande distribution, qui assure plus de 50% des ventes de DVD en France, ont chuté sur l’ensemble des produits (même alimentaires), suite à une baisse – réelle ou perçue – du pouvoir d’achat des Français.