Suivez-nous

Economie

Fin du monde et chute d’Apple : les bidons de 2012

iShen

Publié le

 

Par

fin_du_monde.jpg

2012 n’aura donc pas été la dernière année de l’humanité, pas plus que l’année de la chute annoncée (espérée ?) de l’ex-plus grosse capitalisation boursière, Apple. C’est peu dire pourtant que sous des dehors bien différents, ces deux prévisions ont semblé fonctionner sur une même structure délirante : sur la base de quelques données factuelles, on extrapole ensuite jusqu’à un point absurde où tout devient possible. La sortie cahotique de Plans aura agi comme un catalyseur de fantasmes, au même titre que l’alignement de quelques planètes dans la nuit du 21 décembre.

fin_du_monde.jpg

Les investisseurs eux-même ont semblé être pris dans la tourmente, au moment où Apple alignait pourtant des chiffres records avec son iPhone 5. Les annonces farfelues d’échec en Chine, démenties dans la foulée par des chiffres officiels spectaculaires, n’ont pas vraiment décillé les yeux des analystes; l’Expansion, magazine d’économie pourtant on ne peut plus sérieux, compte Apple dans ses flops de 2012. Au moment où les ventes de Kindle sont durement impactées par celles de l’iPad mini, et où Apple sera sans doute très proche du 50 milliards de CA sur le trimestre en cours, ces jugements résonnent plus comme des volontés cachées et mal assumées de la part de leurs auteurs. On y cherche des arguments objectifs, et on y trouve, comme pour la fin du monde, des projections hors de propos écartant bien sûr tout ce qui permettrait de réduire en cendre ces funestes allégations.

Comme souvent, la seule vigie à avoir parfaitement décrypté l’étrange maladie du jugement qui semble frapper les spécialistes dès lors qu’il s’agit d’Apple a été John Gruber. Dans un papier éclatant, celui-ci se sert de l’histoire pour démonter les mauvaises augures actuelles. Le bloggueur rapelle qu’en 2001, le spécialiste et éditorialiste reconnu Cliff Edwards avait prédit un sombre destin pour les AppleStore qui venaient juste d’être présentés au monde. Gruber fait remarquer que Edwards, suivi ensuite par d’autres, ne s’était pas seulement un peu trompé, mais bien fait une erreur radicale de jugement, basée sur “une profonde incompréhension d’Apple en tant qu’entreprise, de sa relation avec ses clients, et de son potentiel pour la prochaine décade“.

bourse-chute.jpg
Depuis quelques mois l’action Apple ne cesse de dégringoler, sans raisons bien claires

Edwards pensait que le positionnement d’Apple, trop élitiste, allait tuer l’expansion à venir de ses boutiques : “Caviar contre crackers” pour reprendre l’image d’Ewards, l’échec était inévitable. Ce fut exactement l’inverse qui s’est produit puisque même la part de marché des Mac a plus que doublé depuis cette période (ne parlons même pas de celle de l’iPhone ou de l’iPad) et que les boutiques d’Apple se sont classées parmi les plus rentables du monde. Ce jugement d’un Apple menacé par la commodisation des produits, est aussi celui repris il y a peu par un certain Eric Schmidt, ex-CEO de Google et par la plupart des analystes actuels, sans jamais tenir compte des différences majeures entre le Apple d’hier et celui de 2012.

Gruber fait une bonne synthèse de ces mauvaises lectures répétées du marché : “L’analogie du caviar contre les crackers implique de façon pas très subtile qu’Apple est fondé sur l’exclusivité et l’attitude snob. Que la supériorité et l’exclusivité vont main dans la main et conduisent irrémédiablement Apple à sombrer dans un marché de niche sur le long terme. Que les succès en parts de marché de l’iPhone et de l’iPad sont des aberrations temporaires et échoueront lorsque les concurrents auront achevé le passage vers la commodisation et vers une qualité moyenne “assez bonne” de leurs produits. Que tous les marchés inévitablement finissent par ressembler au marché du PC dans les années 90… Que ce qui marche pour du caviar ne marche pas pour un fabricant d’ordinateur.

Oubliés donc le demi-milliard de clients iTunes, les 300 millions d’utilisateurs d’iBidules, la domination retrouvée de l’iPhone aux US ou les 21% de part de marché de l’iPhone sur un marché global où les smartphones représentent déjà plus d’une vente de mobile sur deux. Gruber, toujours lui, résume bien l’erreur grossière d’analyse : “Apple ne vend pas du caviar contre des crackers. Ils vendent les meilleurs crackers qui existent, et tout ce que vous avez à faire est d’aller dans une de leurs boutiques pour le vérifier par vous même. C’est une marque de luxe POUR les masses.

Il paraît que les vraies sources Mayas pointaient en fait mai 2013 comme étant la vraie date de fin de notre monde connu. Gageons que nos chers analystes sauront eux aussi trouver de nouvelles ressources pour asseoir contre toutes les données brutes des prévisions funestes pour la marque à la pomme. Ce petit jeu peut durer longtemps.

Source