Quand Le Point découvre le « verrouillage »
Une panne d’inspiration au moment de boucler son quota d’articles pour la semaine ? Un petit coup de mou dans la fréquentation ? Allez hop, on ressort Apple ou Steve Jobs du placard (et c’est encore mieux quand ce sont les 2 ensemble).
Pourtant parmi les plus fins connaisseurs du petit monde de Cupertino au sein de la presse généraliste, c’est la tentation à laquelle Gerric Poncet vient de succomber, en exhumant d’un long courrier stratégique signé Steve en 2010 une petite préconisation : « lier tous nos produits ensemble, de manière à pouvoir ultérieurement verrouiller les clients à l’intérieur de notre écosystème ». « Fascinant… Et inquiétant » conclut le chapeau de l’article.
Ni le procédé préconisé par Steve, ni le courriel en question ni même le procédé utilisé par le journaliste ne sont pourtant bien neufs puisque le mail en question avait été déjà produit lors du procès qui avait opposé Apple et Samsung en première instance voici un an et demi, et la suggestion de Steve déjà évoquée si ma mémoire est bonne par Walter Isaacson dans la biographie qu’il lui a consacrée. Au reste, même camouflé derrière l’épithète « ouvert » qui ne mange pas de pain dès lors que l’on a réussi à agréger un certain nombre de ses concurrents autour de son propre écosystème, cette stratégie dite du « lock in » c’est-à-dire du verrouillage est vieille comme le rasoir et ses lames qui lui sert de métaphore dans la langue de Shakespeare, et était d’ailleurs pratiquement explicite chez Apple depuis le le succès de l’iPod et le matraquage autour de « l’effet de halo ».
Mais en définitive, c’est sans doute le procédé utilisé par le journaliste qui est le plus ancien, aussi vieux que la presse elle-même du temps des crieurs de journaux, puisqu’une fois appâté puis ferré avec une « accroche » bien appétissante à base de Pomme, le lecteur se voit gratifier d’un papier plus général sur un phénomène du verrouillage numérique aussi vieux que Microsoft et sur les stratégies pour s’en dégager, histoire que le chaland ne regrette pas trop son clic arrivé en bas de la page… Vivement une actualité plus dense, tiens… :-p
