Suivez-nous

Justice

Chiffrement iOS, les procureurs se rebiffent

neilime

Publié le

 

Par

iphone_cadenas_500300.jpg

Depuis les révélations d’Edward Snowden sur l’industrialisation de l’écoute des citoyens et des responsables publics ou de grandes entreprises par les services d’espionnage occidentaux, États-Unis et NSA en tête, Apple, suivie par Google, a décidé de chiffrer les données contenues dans ses téléphones de manière à ne pas pouvoir y avoir accès elle-même. Le résultat est qu’Apple ne peut plus matériellement répondre aux injonctions des services de la justice qui demandent à pouvoir accéder aux données d’un iPhone appartenant à un suspect. La Pomme ne possède en effet plus les clefs de chiffrement utilisées sur chaque appareil iOS.

Alors que les pressions politiques et judiciaires étaient jusqu’à présent circonscrites aux États-Unis, voilà que les procureurs européens se lancent dans la bataille pour faire plier les géants de l’électronique. Dans une lettre ouverte publiée par le New York Times, Cyrus Vance Jr (procureur de New York), François Molins (procureur de la République à Paris), Adrian Leppard (commissaire en chef à Londres) et Javier Zaragoza (procureur à la haute court en Espagne) s’inquiètent des conséquences d’un tel chiffrement qui ne puisse être cassé par les autorités judiciaires dans leurs pays respectifs.

Après le passage en revue de cas réels de voleurs ou violeurs qui n’ont pu être confondus (juste à cause de leur téléphone ?), et afin de sensibiliser le lecteur (ou carrément lui faire peur ?), les procureurs se demandent si une telle protection de la vie privée des utilisateurs de téléphones intelligents vaut le coût face aux condamnations manquées faute de preuves. Par exemple, à New York, en octobre 2014 et juin 2015, ce sont 74 iPhone qui n’ont pu être fouillés faute de pouvoir être débloqués par Apple pour les enquêteurs, et ce malgré les requêtes judiciaires en bonne et due forme.

Les procureurs tentent de faire la démonstration qu’il ne s’agit pas pour eux de collecter des données de manière aveugle comme la NSA, mais d’accéder au cas par cas aux données de suspects de crimes conformément à ce que la loi de pays démocratiques comme la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne ou l’Espagne permet. Pour eux, la loi était équilibrée dans ces pays jusqu’à ce que deux sociétés (Apple et Google) décident de déséquilibre brutalement le système en interdisant l’accès aux données contenues dans les téléphones.

En guise de bouquet final, les procureurs évoquent les attentats survenus en France à Charlie Hebdo puis Saint Quentin Fallavier depuis le début de l’année dans le but d’appuyer leurs propos : pourquoi les états devraient-ils se satisfaire que les terroristes puissent conserver des données en toute sécurité dans leurs téléphones sans pouvoir être inquiétés par les autorités ?

When Phone Encryption Blocks Justice