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Interview

Pourquoi n’y a-t-il aucun correcteur valable sur iOS ?

Arnaud

Publié le

 

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On cherchera vainement, sur l’App Store iOS, des applications prenant en charge la correction orthographique, et surtout grammaticale de manière performante. Un constat surprenant quand on connait la vitalité des deux poids lourds du secteur sur Mac, Prolexis de Diagonal, et Antidote de Druide, qui vient de sortir en version 9. Comment l’expliquer, alors même qu’iOS représente des volumes de vente potentiels très supérieurs à OS X ? Un désintérêt des éditeurs pour la plate-forme ? Que nenni !

iOS reste peu partageur

Nous sommes allés interroger ces deux éditeurs, qui nous ont tous confirmés travailler, et avoir dans leur carton, des versions iOS de leurs correcteurs. “Nous avons depuis maintenant plus d’un an une version alpha tout à fait fonctionnelle sur iOS”, nous explique Wanda Rzewuski, de Diagonal. Pourquoi ne pas la sortir dès lors ? Parce que les prix pratiqués sur l’App Store iOS ne permettent pas de rentabiliser l’investissement ? Non, simplement car, en l’état actuel de ce que propose iOS pour partager du texte, il est impossible de proposer un correcteur performant.

La technologie des extensions de type actions qui a été mise en place sur iOS 8, et poursuivie sur iOS 9 (NDR : mais sans changer d’un iota entre ces deux versions du système), permet de passer un texte complet d’une application sur l’autre. Mais, pour que cela fonctionne, il faut que les deux applications utilisent cette technologie relativement récente et que le programme hôte prévoie spécifiquement la possibilité de partage avec le correcteur, précise Diagonal.

Les extensions, quel b… !

Et le système est en outre, en l’état, assez mal pensé : iOS ne permet pas à l’application hôte de filtrer les extensions pour n’afficher que celles qui sont capables de renvoyer des données dans un format compatible. “Le seul moyen de filtrer une extension par rapport à son but est de spécifier les formats d’entrée acceptables. Ici, du texte. Mais iOS ne permet de spécifier les formats de sortie. Donc en pratique, l’extension sera visible quasiment partout dans iOS dès que l’app hôte envoie un texte à la feuille de partage. il y a de quoi faire exploser un support technique en quelques heures tellement c’est incompréhensible”, nous précise un autre développeur, qui s’est lourdement penché sur cette question.

Et, suprême limitation, les logiciels d’Apple, Pages, Numbers et consorts, ne gèrent pas correctement ces extensions actions. Avec El Capitan, la chose a été étendue à OS X. Résultat, les correcteurs ne s’intègrent plus directement dans la suite productive d’Apple, qui n’avait guère besoin d’une limitation de plus.

Sortir des produits peu satisfaisants ?

Résultat, aucun correcteur global n’existe sur iOS en français, un paradoxe pour un écosystème aussi dynamique et performant, et des appareils très utilisés pour saisir des textes en mobilité. Est-ce que cet état de fait déplorable va changer ? C’est peu probable. “Nous sommes tout petits”, remarque Eric Brunelle de Druide, qui revendique pourtant 900 000 utilisateurs sur ordinateurs. “Les Anglo-saxons ont une vision assez différente des Français pour ce qui est de la correction des textes”, remarque Wanda. “Là où, en France, il demeure important, socialement, de bien écrire, c’est moins le cas en anglais, où l’essentiel est d’être compris. Du coup, les simples correcteurs d’orthographe au mot à mot, comme celui du clavier d’iOS, suffisent le plus souvent”.

Pour les éditeurs, le débat est difficile à trancher : doivent-ils sortir un produit moins performant que sur Mac – qui obligerait par exemple à faire un copier/coller d’un texte depuis un éditeur pour le transférer au correcteur – ou s’abstenir de sortir un produit qui serait non conforme à la réputation des outils sur OS X. Pour l’heure, leur choix a été de ne rien sortir, mais en le regrettant amèrement. Et vous, qu’en pensez-vous ?