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Événement

30 ans du Mac : les 10 Mac qui ont planté

On ne peut pas toujours voir juste, Apple pas plus qu’un autre. En 30 ans d’histoire du Mac, le constructeur a aligné quelques flops mémorables. Voici une sélection subjective de dix Mac qui ont fait un four.

iMike

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Apple III

Un an après le lancement victorieux de l’Apple II, Cupertino se lance dans la conception d’une nouvelle génération logiquement baptisée Apple III. Cet ordinateur, qui visait le marché professionnel, a une particularité : il est dépourvu de ventilateur, éliminant ainsi une des pénibles caractéristiques des ordinateurs de l’époque, le bruit. L’Apple III comporte en plus un clavier de type machine à écrire, une demande forte de la part des entreprises, ainsi qu’un écran 80 colonnes.

La carrière de cet ordinateur, proche cousin de l’Apple II, a été entachée par un lancement catastrophique : l’absence de ventilateur provoquait des contraintes physiques si fortes sur les composants électroniques que rapidement, les pannes se sont multipliées. Lancé en mai 1980, Apple a dû orchestrer un retour des unités pour réintroduire la machine à l’automne. Finalement, Cupertino a su corriger le problème, mais la mauvaise réputation de l’Apple III était telle que l’échec ne pouvait qu’être prévisible – ce d’autant qu’en 1981, IBM lançait ses propres PC.

Tout n’a cependant pas été perdu. La carrière de l’Apple II a repris de la vigueur et l’ordinateur a profité de certaines des technologies développées pour son défunt cousin et prédécesseur.

Lisa

Un an après le lancement couronné de succès de l’Apple II, Steve Jobs commence à bûcher sur un nouvel ordinateur révolutionnaire : le Lisa, baptisé du nom de la fille du fondateur d’Apple, était plein des innovations grappillées chez Xerox, dont la souris et l’interface graphique. De fait, et avant le Macintosh, le Lisa a été le premier ordinateur à proposer une interface qui ne soit pas de simples lignes de commande, mais la représentation numérique du monde réel. Mais le développement de l’ordinateur est extrêmement coûteux – plus de 50 millions de dollars – et la direction d’Apple décide, en 1982, de pousser Steve Jobs vers une voie de garage qui donnera deux ans plus tard, le Macintosh.

Le Lisa est sorti en janvier 1983. Bardé des technologies novatrices déjà citées et d’autres qui sont le fruit du travail des géniaux ingénieurs d’Apple (comme le multitâche coopératif et la mémoire protégée), l’ordinateur fait forte impression… tout comme son prix : 9.995$, un tarif prohibitif, même pour les entreprises auxquelles le Lisa se destinait. Mais ce qui a planté le dernier clou dans le cercueil de l’ordinateur a été le lancement du Macintosh l’année suivante : certes moins puissant, le Mac était proposé bien moins cher tout en disposant de fonctionnalités proches.

La carrière du Lisa s’est arrêtée dès 1986, malgré des baisses de prix sensibles (le Lisa 2 ne coûtait plus « que » 4.995$). En 1989, Apple a enterré les dernières 2.700 unités dans un champ de l’Utah afin de bénéficier d’un obscur allégement d’impôts !

Spartacus (20th Anniversary Macintosh)

Pour fêter en grandes pompes les 20 ans d’Apple, le constructeur se lance dans le développement d’un ordinateur commémoratif. Jonathan Ive, tout jeune responsable du design dans la société (il est entré chez Apple en 1992 et est devenu chef de l’équipe en 1996), est chargé d’imaginer un Mac qui synthétiserait l’histoire de l’entreprise. Le designer dessine alors un ordinateur futuriste digne d’un épisode de Star Trek : écran plat de 12,1 pouces, lecteur de CD à chargement frontal, tuner TV et radio… Le tout était accompagné d’un système de son signé Bose. Le 20th Anniversary Macintosh, dit encore TAM ou Spartacus, impressionne les foules lors de son lancement en juin 1997.

Qui dit ordinateur d’exception dit aussi tarif en rapport, et le Spartacus est excessivement cher : 7.500$ pour un Mac certes à la pointe du design, mais pas particulièrement véloce. Apple a même poussé le luxe jusqu’à proposer, contre un supplément, l’installation à domicile par un service de concierge haut de gamme… Malgré tout, les clients ont vite fait leur compte et ont préféré acheter un Power Macintosh 6500 plus traditionnel mais bien moins onéreux (2.999$).

Apple a produit 12.000 unités de cette machine dont la commercialisation a cessé en mars 1998 – on pouvait le trouver alors pour 2.000$…

Macintosh TV

Avant l’Apple TV et les rumeurs d’iTV, Apple a tenté de se lancer sur le marché de la télévision avec le Macintosh TV, dont la particularité était l’intégration d’un tuner TV. L’ordinateur, avec lequel on ne pouvait pas travailler tout en regardant la télévision (il fallait choisir), était habillé de noir, une couleur rare dans le catalogue Mac, toutes époques confondues. Cette machine a été lancée en octobre 1995 et a souffert d’un moteur en bout de course, un processeur Motorola 68030, avec lequel il était par trop limité versant Mac.

Le Macintosh TV était livré avec une télécommande, bien avant qu’Apple n’en glisse une avec certains modèles d’iMac et de Mac mini pour piloter le défunt Front Row (une tradition débutée en 2005 et terminée en 2008). Apple n’a produit que 10.000 unités de cet ordinateur, dont l’arrêt de la commercialisation a eu lieu dès février 1994.

Cube G4

Encore aujourd’hui, le Cube d’Apple en remontre à tous les autres ordinateurs du marché, y compris les Mac. Porté par le succès de l’iMac et de l’engagement fort vers des produits design, Apple lance en juillet 2000 cet ordinateur exceptionnel : engoncés dans une cage de verre acrylique, les composants sont totalement silencieux et pour cause, le Cube n’embarque aucun ventilateur mais un ingénieux système de convection de l’air. L’ordinateur est complet avec son lecteur de CD à la verticale, et au-delà de l’aspect technique, c’est surtout le design que l’on retient, réminiscence du Cube de NeXT.

Mais alors, qu’est-ce qui n’a pas marché ? Les premières séries du Cube ont tout d’abord souffert de craquelures dans leurs coques en plastique, ce qui pour un ordinateur aussi design, ne pardonne pas. Mais c’est surtout le prix qui a freiné les clients les plus enthousiastes – à 15.000 francs de l’époque, la machine se révélait plus onéreuse que le PowerMac G4 beaucoup plus évolutif. Le Cube n’en reste pas moins un témoignage fort d’Apple en faveur du beau dans l’informatique. La carrière du Cube n’a pas duré longtemps : la commercialisation de l’ordinateur a cessé en juillet 2001, un an après son lancement.

Souris Apple

Certes, une souris n’est pas un Mac. Mais il faut bien revenir sur le flop de la première souris développée pour l’iMac : malgré l’expérience d’Apple en matière de mulot (après tout, c’est bel et bien Cupertino qui a popularisé le concept avec le Lisa et le Macintosh), le constructeur s’est complètement planté avec cette souris. Translucide et de forme ronde (certains évoquent un palet de hockey), celle-ci se révèle particulièrement peu pratique pour les mains un peu grandes, dans lesquelles elle « tourne » sur elle-même… Apple a remédié en partie au problème en rajoutant sur la version suivante un renfoncement facilitant l’orientation du périphérique au toucher.

En juillet 2000, Apple remplace cette souris par l’Apple Pro Mouse, un mulot beaucoup plus professionnel au design très classe, ancêtre direct du périphérique actuel.

Macintosh Portable

Peut-on sérieusement qualifier de « portable » quelque chose qui pèse 7 kg ? En 1989, Apple le pensait avec son Macintosh Portable, première tentative de miniaturisation de son ordinateur vedette. L’appareil avait effectivement fière allure, avec son écran LCD monochrome (d’une résolution de 640 x 400) et tout ce qui faisait le sel du Macintosh. Déjà à l’époque, l’autonomie était un point clé pour Apple, qui avait réussi à tirer une dizaine d’heures d’une batterie à acide ! Malheureusement, comme souvent chez Apple, le prix était rédhibitoire (6.499$) et on l’a vu, il est difficile de voir en ce Macintosh Portable un… portable.

En 1991, le constructeur rajoute un trackball et un écran rétro-éclairé, tout en baissant le tarif, mais rien n’y fait, l’ordinateur est voué à la mort – ce sera fait en octobre de cette même année. Dans la foulée, Apple lança le PowerBook 100, 2,3 kg sur la balance, une meilleure conception, et un prix beaucoup plus doux de 2.499$.

PowerPC

Avant que les Mac n’intègrent les processeurs Intel, Steve Jobs n’a eu de cesse que de démonter le mythe des mégahertz dont se repaissait justement le fondeur de Santa Clara. Il faut dire qu’Apple n’avait pas la partie facile : le processeur PowerPC, dont l’architecture RISC a été développée conjointement avec IBM et Motorola en 1991, a connu une histoire mouvementée. Conçu pour concurrencer les puces CISC d’Intel soutenues par Microsoft, le PowerPC a fait illusion en terme de puissance, avec des performances battant effectivement les Pentium. Mais la puissance marketing d’Intel et l’abandon rapide des éditeurs de systèmes d’exploitation (Microsoft et IBM ont lâché leurs portages de Windows et d’OS/2 pour cette architecture) ont fait en sorte qu’Apple s’est retrouvée marginalisée.

En 2005, Apple, qui maintenait en parallèle (et en toute discrétion) le portage de Mac OS X sur processeurs x86, lança ses premiers Mac équipés de puces Intel. IBM n’a jamais su pousser le G5 au-delà des 3 Ghz. Mais cela n’a pas marqué la mort du PowerPC : la PlayStation 3 carbure en effet avec un processeur Cell basé sur l’architecture PowerPC.

PowerBop

Les plus anciens d’entre nous se rappellent sans doute de l’ancêtre du réseau GSM lancé par France Télécom, au début des années 90 : Bi-Bop. Ces bornes, installées dans les gares et d’autres lieux publics à Paris et à Strasbourg, disposaient d’une couverture d’environ 300 mètres, mais il était impossible de passer de l’une à l’autre : il fallait se trouver impérativement dans une zone couverte pour pouvoir passer un coup de fil. Pas vraiment pratique donc, et l’opérateur a abandonné cette expérimentation pour mieux recouvrir le territoire d’antennes GSM.

France Télécom et Apple n’en ont pas moins développé une variante du PowerBook 160, baptisée PowerBop, et qui intégrait un modem compatible Bi-Bop à la place du lecteur de disquettes (disponible séparément). Le flop de ce réseau a accompagné celui de cet ordinateur, qui ne s’est vendu qu’à une poignée d’exemplaires. Est-ce que cette expérience a donné l’idée à Apple de développer AirPort ?

Big Mac

Le Big Mac fait partie des nombreux prototypes développés par les ingénieurs d’Apple, sans qu’ils ne sortent du labo Recherche et développement. Cet ordinateur, dont la conception date de 1985, n’en reste pas moins un témoignage intéressant de ce sur quoi planchait le constructeur un an après le lancement du Macintosh. Ce modèle disposait ainsi d’un écran immense (pour l’époque…) de 17 ou 19 pouces, et bénéficiant d’une résolution très fine de 1.280 x 800. L’ordinateur était également très généreux en terme de ports : deux ports Série, un port vidéo, deux SCSI, deux ports pour lecteurs de disquettes, 3 connecteurs FDB. Bref, de quoi mériter son pseudo de Big Mac.

Le projet fut malheureusement abandonné alors que le prototype souffrait de nombreux bogues – dont l’impossibilité de combiner des touches. Plutôt ballot…

Source

Xserve

Le Xserve a été la tentative d’Apple de marcher sur les platebandes d’IBM et d’autres fournisseurs de serveurs – et pour tout dire, seuls les aficionados professionnels d’Apple y ont vraiment cru. Lancé en mai 2002, l’Xserve G4 carburait avec un ou deux processeurs G4, dans un format 1U idéal pour un usage dans des racks conventionnels. La possibilité de remplacer un disque dur « à chaud » ainsi qu’un design très Apple n’ont pas vraiment réussi à séduire les administrateurs IT qui ont préféré faire confiance à des solutions Unix peut-être moins design, mais moins onéreuses – après tout, ce genre d’ordinateur est fait pour rester planqué dans une armoire réfrigérée.

Quelques générations plus tard (dont le Cluster Node et l’Xserve Raid), Apple met fin à cette aventure. Fin janvier 2011, au moment d’arrêter la commercialisation de cette famille de produits uniques, Steve Jobs disait que « personne ne les achetait ». La mort du Xserve a alimenté la crainte des utilisateurs pro de leur abandon par leur marque fétiche.