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Irem Arcade : vieillerie assumée

DotEmu est un éditeur bien connu pour ressortir des gloires d’antan à petit prix. Cette fois, l’entreprise française s’attaque à une compilation de jeux d’arcade d’Irem, un studio connu avant tout pour son jeu de shoot R-Type. Reste à voir si, pour cette fois, quantité rime avec qualité.

Yoshi

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Sortir une compilation de jeux d’un studio revient la plupart du temps à proposer ses licences les plus connues afin de miser sur l’impact marketing qu’elles pourraient avoir sur le joueur nostalgique. Ici, bizarrement, Irem Arcade Hits ne propose qu’un épisode de R-Type, et encore pas le plus connu puisqu’il s’agit de R-Type Leo, une sorte de spin-off de la série puisque certains éléments de gameplay propres à la série ne sont pas présents. DotEmu a donc préféré mettre l’accent sur d’autres jeux, peut-être afin que l’on puisse découvrir des classiques plutôt que d’en redécouvrir.

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Les origines de Nazca et Metal Slug

On est donc parti pour tout d’abord découvrir les 18 jeux de cette compilation que l’on classera par thème. Et pour commencer, quoi de mieux que de s’intéresser aux origines de Nazca, la compagnie à l’origine du légendaire Metal Slug. Il faut savoir que Nazca faisait auparavant partie d’Irem et a sorti quatre jeux sous la bannière de la société japonaise. L’occasion de découvrir notamment les deux épisodes de Gunforce, véritables ancêtres du run and gun culte mais aussi deux autres jeux différents mais qui eux aussi ont participé à leur manière à sa création.

En 1991 sortait Gunforce premier du nom. On retrouve donc dedans les grandes bases de Metal Slug, à savoir le principe de jeu d’un homme seul contre une armée, un défilement horizontal, une mort imminente dès que l’on se fait toucher, des upgrades disséminées un peu partout dans le niveau (du grand classique comme un bazooka ou une mitrailleuse) et des véhicules à contrôler (hélicoptère, chariot…). En revanche, comme vous pouvez le voir, l’ambiance de doux dingue de Metal Slug n’est pas encore présente, le jeu est plutôt sombre et sérieux côté graphique. Côté scénario, pourquoi trop réfléchir, on vous parachute dans une base d’ennemis qui veulent détruire la Terre et il faut mettre de l’ordre dans tout ça.

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Un an plus tard, c’est Undercover Cops qui arrive dans les salles d’arcade. Cette fois-ci, nous avons droit à un tout autre genre puisqu’il s’agit d’un beat them all. La possibilité d’utiliser plusieurs objets pour frapper les ennemis, dont certains assez improbables comme des poissons, est plutôt sympathique. Néanmoins, il faut savoir que la version européenne avait été amputée de plusieurs combos présents dans la version japonaise. S’agissant ici de la version européenne, c’est un peu dommage. Question histoire, il s’agira de défendre New York des voyous en l’an 2043. L’ambiance est assez… malsaine dirais-je, avec par exemple des corbeaux se nourrissant sur des squelettes dans le premier niveau. Par contre, je ne sais pas s’il n’y a que moi mais le premier boss me fait furieusement penser à une version robotique de Dhalsim, l’indien de Street Fighter. Une petite pique à Capcom, responsable également de Final Fight peut-être ? En tout cas, on a droit à un beat them all assez sympathique avec ce jeu.

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Année 1993, encore un autre genre avec In the Hunt, un jeu de shoot à défilement horizontal qui a la particularité de vous mettre dans la « peau » d’un sous-marin. Un bouton vous permet de tirer des roquettes à l’avant, tandis que l’autre posera des mines et tirera des missiles au dessus de vous. Un petit nombre d’améliorations est disponible pour les torpilles et les missiles (explosives, tête chercheuse…). On ne joue pas à un jeu arcade pour son histoire mais sachez tout de même qu’il est question d’une méchante entreprise ayant inondé le monde entier et d’une association de rebelles qui vont donc attaquer cette firme avec leur nouveau sous-marin Granvia.

Mis à part son univers sympathique, In the Hunt ne brille pas par son originalité et se trouve être un shoot plutôt bourrin. Néanmoins, on notera la possibilité de remonter à la surface pour mitrailler les avions qui vous tirent dessus, chose impossible quand vous êtes sous l’eau. À vous donc de décider si vous privilégiez la destruction des sous-marins ennemis ou plutôt celle des bombardiers. Graphiquement, c’est la première incursion dans ce que j’appellerai la «patte» Metal Slug, de gros sprites et des animations bien détaillées, le tout avec un style dessin animé réussi. Voir des dizaines de mines exploser en même temps dans les fonds marins est très plaisant. Allez savoir pourquoi, peut-être l’univers mais j’ai vraiment apprécié ce jeu malgré son classicisme dans le gameplay.

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Encore un an plus tard, Gunforce se voit doté une suite, sobrement appelée Gunforce II. Cette fois, on a vraiment notre précurseur de Metal Slug, les principes du premier Gunforce avec des graphismes à la In the Hunt, des explosions dans tous les sens, des bonus de tous les côtés et des engins encore plus destructeurs, le tout avec un scénario « le gentil contre tous tous les méchants » on ne peut plus basique.

Composé de cinq niveaux qui se terminent toujours par un boss gigantesque, vous commencerez chacun des niveaux avec deux fusils mitrailleurs, de quoi faire pas mal de dégât dès le début. Mais récupérer un lance-flamme ou un lance-missiles sur le cadavre encore fumant d’un ennemi sera également intéressant. Le fait d’avoir deux armes vous permet de tirer dans beaucoup de directions différentes et jouer sans joystick est assez improbable. On notera le fait de pouvoir s’attacher à certains éléments de décor comme des cordes. Et puis, n’oublions pas de parler des engins, chaque niveau en propose à plusieurs moments histoire de briser la routine de la marche à pied. Tourelle, jeep avec mitrailleuse, robots, vous serez gâté sur ce point. En tout cas, Gunforce II constitue assurément l’un des meilleurs jeux de cette compilation et marque l’aboutissement chez Irem de l’équipe qui donnera naissance à Metal Slug. Deux ans avant, l’idée était déjà là, Gunforce II pourrait presque être considéré comme un Metal Slug 0.

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Irem, spécialiste du shoot

Si Irem est connu pour ses shoots, ce n’est pas pour rien, plus d’un tiers des jeux de cette compile’ fait partie de ce genre. Commençons par le plus célèbre d’entre eux, puisqu’il fait partie de la licence principale de la firme japonaise, R-Type Leo. Le jeu diffère un peu des opus classiques puisque même si le défilement horizontal et les boss imposants sont là, il marque la disparition de la nacelle de Force présente habituellement. À la place, ce seront deux petits modules qui vous accompagneront la plupart du temps et dont les pouvoirs changeront très souvent au cours des niveaux, à grand renfort d’upgrades à ramasser. Il est également possible de lancer les deux modules sur les ennemis au prix de ne pas pouvoir attaquer tant qu’ils ne sont pas revenus autour de votre vaisseau. Ces deux petites sphères pourront aussi vous protéger contre des attaques même si leur taille fait qu’elles seront assez inefficaces dans ce rôle. En tout cas, même s’il n’est pas aussi bon et culte que les épisodes classiques, ce R-Type Leo constitue une véritable réussite.

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Peut-être mon shoot them up préféré dans ce recueil de jeux, Dragon Breed est un jeu de tir original par son univers et son gameplay. Vous y incarnez un roi qui doit se battre contre l’empereur des ténèbres sur son dragon à l’aide d’une arbalète. Le plus, c’est que votre dragon est invincible et peut acquérir quatre pouvoirs différents (lui faisant changer sa couleur) sur plusieurs niveaux de puissance. Le pouvoir rouge lui fera cracher le feu, la couleur argentée des missiles à tête chercheuse, le bleu lui fera tirer des rayons lumineux tandis que le doré lui fera envoyer des éclairs sur tout l’écran; de plus, il s’enroulera à plusieurs reprises autour de vous pour vous protéger. Il va donc falloir apprendre à jouer avec cet avantage indéniable pour détruire les machines ennemies (mélange des univers que voulez-vous). Il est également possible de descendre de son dragon sur des plate-formes disséminées dans chaque niveau, le défilement automatique s’arrêtant alors. En tout cas, le jeu n’en est pas si facile malgré toutes ces possibilités et un véritable régal à jouer : on y revient souvent.

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Graphismes assez enfantin cette fois-ci avec Battle Chopper dans lequel vous dirigez un hélicoptère. Le véhicule peut tirer devant lui, se retourner, poser des bombes et lancer des missiles en l’air. Originalité, les améliorations devront être payées à l’aide des diamants récoltés en détruisant des blocs, ce qui donne un petit aspect plate-forme au titre. En revanche, la difficulté est vraiment très corsée, des ennemis apparaissant très régulièrement de tous les côtés, ce qui contraste pas mal avec le côté enfantin du jeu. Notamment lors des quelques phases avec du scrolling, la jouabilité fait des siennes et les ennemis sont impossibles à toucher, ce qui est assez rageant. Le jeu aurait pu être beaucoup plus sympathique sans cette difficulté, dommage.

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Bon petit shoot à l’univers mignon également, Mystic Riders vous fera bien passer le temps. Vous dirigez une sorcière dans des niveaux bien conçus et il faudra faire avec les décors vicieux en plus des ennemis. Là aussi, le jeu n’est pas facile mais l’excellence de la jouabilité permet de s’en sortir sans trop de mal. La possibilité de lancer son balai devant soi ajoute un côté tactique bienvenue.

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Terminons ces shoots avec trois jeux moins marquants, à savoir Air Duel et Image Fight, deux jeux à défilement vertical ultra-classiques et extrêmement difficiles, ainsi que Cosmic Cop, quant à lui à défilement horizontal, aux couleurs très «Call of Duty» (du marron, du gris partout) et plutôt facile. Trois jeux auxquels on joue une fois et qu’on préfère ensuite laisser de côté.

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Il n’y a pas que le tir dans la vie !

Heureusement, il y a aussi d’autres types de jeux dans cette compilation. À commencer par des beat them all. Blade Master est de ceux-là, assez basique et classique, il vous propose de contrôler deux personnages afin d’aller sauver la princesse. Les coups sont très peu nombreux mais la diversité des ennemis et les boss vraiment très impressionnants font que l’on ne s’ennuie pas. En revanche, sur Vigilante (où vous devez sauver votre copine Madonna, et ouais) et Kung Fu Master, c’est le cas. Un beat them all en 2D, ce n’est pas passionnant, cela se résume à avancer de deux pas, tuer quatre ennemis et ainsi de suite…

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Plus orienté plate-forme, Legend of Hero Tonma fait un peu Ghosts’n Goblins pour enfants, du moins par son aspect graphique (des squelettes et morts-vivants cartoon). Car à l’instar du jeu de Capcom, les morts sont rapides vu que se faire toucher une fois vous enverra inévitablement ad patres même si le jeu est plus facile. Quoi Irem un jeu de plate-forme ? Il faut croire qu’on ne se refait pas puisque le héros balance des boules d’énergie à la façon d’un shoot permettant de tirer sur les ennemis à distance. Un jeu sympathique bien qu’aux niveaux un peu courts.

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Parlons à présent de l’excellent Ninja Spirit, un jeu surfant sur le succès des… ninjas. Quatre armes sont à la disposition de notre héros vengeur, un sabre, des shurikens, des bombes et une sorte de grappin. Tout cela est interchangeable à volonté au cours des niveaux. Pour vous défaire des nombreux ennemis, vous pourrez aussi sauter à une hauteur assez folle mais aussi des bonus qui augmenteront la puissance de votre arme actuelle, vous procureront un bouclier ou un double qui fera exactement les mêmes gestes que vous mais à votre position précédente, bien pratique. La difficulté est bien heureusement au rendez-vous et les morts seront nombreuses mais l’ambiance magique de ce Ninja Spirit poussera à persévérer.

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Et pour terminer, Hammerin’ Harry est un jeu de plate-forme/action dans lequel vous devrez retrouver les méchants qui ont cassé votre maison. Et pour cela, vous pouvez compter sur votre… marteau en bois. En effet, ceci constituera la seule arme du jeu et servira à détruire obstacles comme ennemis. Un petit jeu auquel on joue sans grande conviction mais qui se révèle plaisant. Le premier boss doit par exemple être battu en lui renvoyant ses sacs à la figure.

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Quoi il en manque un ? Oui mais je vais éviter de vous parler de Superior Soldiers, un jeu de combat absolument immonde puisque les combos ne sont pas du tout précis et encore moins nombreux, un personnage bat absolument tous les autres, vraiment, il y a tellement de jeux de combat qui sont mieux que celui-ci…

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Une interface confuse et des soucis techniques

Malheureusement, malgré le nombre de jeux et la grande qualité de certains, Irem Arcade Hits pèche sur la forme plutôt que sur le fond. Les menus sont on ne peut plus basiques et j’ai même cru un moment que l’on devait forcément quitter l’application pour changer de jeu. Sachez qu’il faut en réalité passer par le menu «File» en haut de l’écran puis «Select a game», ce n’est pas le choix le plus ergonomique. Notons aussi l’impossibilité de passer le jeu en plein écran et de pouvoir reconfigurer les touches pour chaque jeu et vous obtenez des menus beaucoup trop simples, surtout que c’est à peu près le seul travail que DotEmu avait à faire.

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Pour le reste, il s’agit d’émulation basique, aucune amélioration ni ajout supplémentaire ne sont malheureusement présents et certains jeux émulés ralentissent assez souvent. Le jeu se permet même de planter par moment et on aimerait vraiment voir DotEmu améliorer tous ces points. Question jouabilité, certains jeux sont tout bonnement injouables au clavier et je vous recommande vraiment d’avoir une manette si vous voulez acheter cette compile, surtout que vous pourrez refiler votre clavier à un deuxième joueur. En revanche, certains contrôleurs ne permettent pas de jouer à la croix directionnelle pour des raisons assez obscures.

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Conclusion

Irem Arcade Hits proposant pas moins de 18 jeux à petit prix, on pourrait croire que se jeter dessus serait une bonne affaire. Et pourtant, mieux vaut y réfléchir à deux fois avant de dépenser son argent. Les néophytes n’accrocheront sûrement pas à ces jeux d’un autre âge tandis que les joueurs avertis reprocheront une émulation basique des titres proposés, le tout dans un écrin qui ne donne pas vraiment envie, ainsi que l’impossibilité d’utiliser le D-Pad sur certaines manettes. Reste que la plupart des jeux proposés sont d’excellents classiques et que les découvrir ou les redécouvrir fera plaisir à certains. En dehors de la qualité intrinsèque des titres proposés, c’est le portage sur Mac qui est raté. Irem Arcade Hits se destine assurément aux fans hardcore de jeux rétro mais n’est-ce pas la cible visée par DotEmu ?

Les plus :
– 18 classiques de l’arcade pour 8€.
– Plusieurs genres de jeux représentés.
– Des petites pépites.
– Une belle collection de shoot them up.
– Pas besoin de se ruiner, les crédits sont illimités.
– Heureusement que l’on peut jouer à la manette…

Les moins :
– … parce qu’au clavier, c’est injouable.
– Impossible d’utiliser la croix directionnelle selon la manette.
– Qualité des jeux inégale.
– Une émulation brute de décoffrage.
– De nombreux ralentissements.
– Des menus rudimentaires.
– Pas de mode plein écran.
– On aurait aimé les deux premiers R-Type.

Note : 3/6

Téléchargez Irem Arcade Hits

Genre : arcade/multi-genre

Prix : 7,99€

Classification : 9 ans et plus

Disponible : Mac AppStore

Développeur : Irem

Éditeur : DotEmu