IA : Apple aurait préféré Gemini à ChatGPT pour Siri, mais a changé d’avis
Le poulain de Google était le préféré des ingénieurs, mais la direction l’a laissé sur le banc.
Pendant un moment, chez Apple, il semblait évident que si une IA devait renforcer Siri, ce serait Gemini. D’abord parce que son créateur, Google, n’était pas un inconnu : John Giannandrea, alors à la tête de l’IA chez Apple, venait des rangs de Mountain View. Ensuite, parce qu’en interne, ChatGPT suscitait plutôt la méfiance qu’autre chose, notamment par sa politique de traitement des données. Trop permissive, intrusive et incompatible avec celle de la firme de Cupertino.
Pourtant, c’est bien le chatbot d’OpenAI qu’Apple a décidé d’intégrer à Siri ; une annonce faite l’année dernière lors de la WWDC 2024. Que s’est-il passé ?
Apple et OpenAI : une alliance contre-nature ?
Officiellement, Apple ne s’est engagée auprès d’aucun acteur unique, selon les informations de Bloomberg. L’entreprise affirme vouloir ouvrir Siri à plusieurs modèles d’IA, à commencer par ChatGPT, suivi éventuellement de Gemini, et potentiellement de Perplexity (si vous n’avez pas essayé celui-ci sur votre iPhone, nous vous le conseillons ardemment). Toutefois, c’est bien l’entreprise d’Altman qui a été la première servie.
Ce choix n’allait pourtant pas de soi en interne. Giannandrea, à l’époque encore en charge de l’intelligence artificielle chez Apple, aurait mis en garde contre une intégration trop rapide de ChatGPT. Il doutait de la fiabilité d’OpenAI sur le long terme et considérait que ses pratiques en matière de confidentialité ne correspondaient pas aux exigences d’Apple. Il aurait alors plaidé pour une solution alternative, comme Gemini ; une technologie de Google, où il avait lui-même dirigé la division IA.
L’intégration de ChatGPT a donc pris de court une partie des équipes. Aux yeux de plusieurs observateurs, ce choix relevait davantage d’une réaction épidermique. Apple, était (et est toujours) à la traîne sur le terrain de l’IA générative, devait frapper vite et fort ; quitte à nouer un partenariat avec un acteur perçu en interne comme instable.
Un partenariat opportuniste ?
On pourrait analyser cette décision comme une tentative d’enrayer le décrochage technologique d’Apple en matière d’IA. ChatGPT était presque le synonyme d’IA générative aux yeux du grand public tant il écrasait la concurrence et s’était imposé dans les usages. Miser sur ce chatbot, c’était aussi miser sur le bon cheval : une solution clés en main, immédiatement exploitable et hautement médiatisée.
L’hypothèse se voit renforcée lorsqu’on sait que Giannandrea a été rétrogradé lors d’un remaniement interne en mars 2025. Celui qui souhaitait une intégration d’une technologie tiers plus prudente a visiblement perdu son bras de fer.
Tout cela ne clarifie pas pour autant la vision au long terme que nourrit Apple pour son écosystème IA. Peut-on encore parler de vision, lorsqu’il se déroule en interne n’est ni plus ni moins qu’une série d’arbitrages ? Un plat de spaghettis dans lequel s’entremêlent des contradictions évidentes. Apple veut garder la main sur son système d’IA, mais l’accélérer alors même qu’elle travaille à sens inverse par rapport aux autres acteurs. Elle veut faire de Siri une espèce plateforme IA, nourrie par plusieurs modèles de langages, mais la brider pour ne pas trahir son ADN. Soyons clairs : on ne peut pas tout avoir.
Peut-elle réellement concilier souveraineté technologique, protection des données et dépendance à des partenaires extérieurs comme OpenAI ou Google ? Cette stratégie morcelée peut-elle produire autre chose qu’un Siri sous perfusion d’intelligences artificielles concurrentes ? Leur direction reste toujours aussi floue : dans le domaine de l’IA qui avance à la vitesse d’un TGV, l’indécision est certainement la pire ennemie.
- Apple a préféré intégrer ChatGPT à Siri, malgré les réticences internes et une préférence initiale pour Gemini, soutenu par l’ex-responsable IA John Giannandrea.
- Ce choix opportuniste vise à combler le retard d’Apple sur le terrain de l’IA générative, en misant sur la solution la plus populaire et immédiatement exploitable.
- Mais la stratégie reste floue : entre volonté de contrôle, ouverture à plusieurs modèles et respect de son ADN, Apple semble tiraillée, au risque de compromettre la cohérence de son écosystème IA.