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App Store, vie privée et mineurs : pourquoi Tim Cook part en guerre au Texas

Derrière une loi « pour protéger les enfants », Apple voit un cheval de Troie.

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© Pexels / Luis Quintero

Face à une loi texane sur la vérification d’âge dans l’App Store (et autres boutiques d’applications), le patron d’Apple a pris les devants : il a personnellement appelé le gouverneur Greg Abbott pour tenter de faire échouer le projet. Selon le Wall Street Journal, la loi en question vise à mieux encadrer l’accès des enfants aux apps mobiles : identification systématique, comptes parentaux obligatoires, autorisation pour chaque téléchargement. Une version renforcée de ce qu’Apple propose déjà avec « Demander l’autorisation d’achat ».

Cela pose un problème à Tim Cook et à Apple, qui y voient un danger potentiel menaçant le pilier moral et technologique de l’entreprise : la confidentialité.

Une loi pro-enfants ? Pas pour tout le monde

À première vue, la loi paraît difficile à attaquer. Qui refuserait un encadrement numérique plus sécurisé pour les mineurs ? Pour Apple, le texte proposé impose un changement qu’elle ne souhaite pas voir en son royaume : en vérifiant l’âge de tous les utilisateurs, il forcerait son App Store à collecter, stocker  (et donc sécuriser)  des données sensibles, comme des pièces d’identité. Même pour télécharger des applications basiques comme celles fournissant des prévisions météo ou des résultats sportifs.

Bien évidemment, Cupertino y voit l’ouverture d’une faille béante dans son modèle de protection de la vie privée. Le problème n’est pas tant le contrôle parental : Apple l’offre déjà, et plutôt bien. Le problème, c’est la généralisation d’un filtre à l’entrée de l’App Store, enjoint par la loi, qui centralise des informations personnelles dans un écosystème conçu pour les minimiser. Une mesure qui se veut protectrice, mais redoutée par Apple en raison des dérives qui pourraient en découler avec en première ligne : une collecte massive et incontrôlable de données.

Apple contre la logique du tout-contrôle

Voici pour la partie émergée de l’iceberg. Parallèlement à ce coup de fil de Cook, Apple a mandaté six lobbyistes pour faire pression au Texas et financé une campagne locale particulièrement offensive ; allant jusqu’à accuser la loi d’être « soutenue par les sites pornographiques ». Une rhétorique choc, assez inhabituelle si l’on se fie aux us et coutumes d’Apple. Lorsqu’il s’agit de défendre son modèle, il faut croire qu’elle n’hésite pas à se défaire de ses habits feutrés et à sortir les crocs. Quoi qu’il advienne de ce texte de loi, s’il passe, le Texas deviendrait le plus grand État à adopter ce type de régulation, après l’Utah.

Pour Apple, cela transformerait son App Store – qui était un espace privé – en guichet d’identification obligatoire. Le tout, sous une pression politique de plus en plus étouffante, dans un contexte dénué de cadre fédéral et alourdi par la multiplication de lois locales.

L’affaire n’est pas close, puisque Greg Abbott n’a pas encore signé. Toutefois, Apple s’est fait entendre ; elle ne s’oppose pas à la protection de l’enfance, mais à ce que celle-ci serve de prétexte à une érosion plus marquée des libertés numériques. Elle tente donc de verrouiller ce qu’elle considère comme son dernier bastion : le contrôle de son propre jardin.

  •  Apple s’oppose fermement à une législation texane qui obligerait son App Store à vérifier l’âge de tous les utilisateurs, craignant une collecte massive de données personnelles.
  • L’entreprise soutient la protection des mineurs mais dénonce la méthode, y voyant un prétexte pour éroder la vie privée des utilisateurs et transformer son modèle.
  • Apple déploie des moyens inhabituels pour empêcher cette loi, cherchant à préserver son autonomie sur la gestion des informations de ses clients face à la pression réglementaire croissante.
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