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Prospective

Changer la vie…

La récente multiplication des déclarations à propos de l’open source en provenance de Redmond pourrait bien être l’aveu d’une position plus fragile qu’il n’y paraît, à la veille d’un véritable 2ème round pour l’industrie de la micro informatique…

Boro

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On communique décidément beaucoup en interne, ces jours-ci chez Microsoft à propos de Linux, alors que l’on s’était jusqu’ici beaucoup démené à Redmond pour dénier l’impact du système d’exploitation open source, après en avoir pendant plusieurs mois systématiquement dénigré les performances, et même l’avoir comparé à un cancer… Or, la forteresse Microsoft pourrait bien être moins monolithique qu’il n’y paraît de l’extérieur, et le trouble avoir gagné des troupes naguère sans états d’âme.

Un mail à diffusion interne signé Steve Ballmer soi-même [le CEO de Microsoft]] a ainsi fort opportunément transpiré, dans lequel celui-ci évoque les difficultés que sa compagnie rencontre face à la concurrence de plus en plus effective du logiciel Open Source, dans un contexte plus général de restriction des budgets informatiques au sein des entreprises. Lorsque l’on entend le responsable reconnaître de façon explicite rencontrer de “sérieuses difficultés à court et moyen terme“, on ne s’étonnera plus dès lors de la teneur d’un [précédent courrier qui lui aussi avait fait l’objet d’une fuite, et où le principal responsable commercial du groupe exhortait ses cadres à ne plus perdre un seul marché face à Linux, en les autorisant à casser les prix si nécessaire ce qui on en conviendra n’est pas si fréquent dans la politique tarifaire de Microsoft…

Or, s’il est bien établi que “l’Histoire ne repasse jamais les plats” , tout se passe comme si, arrivés à l’issue d’un cycle technologique et enlisés dans un véritable “pot au noir” dans l’économie du secteur, Microsoft et les anciens protagonistes de l’antique bataille de la micro informatique personnelle s’apprêtaient à en découdre à nouveau sur le terrain des serveurs et sans vouloir en convenir encore, sur celui du 64 bits et des bases de données. Vingt ans après et un renversement d’alliance plus tard, Apple et IBM adossés au monde UNIX comptent bien prendre appui sur le marché encore très ouvert des serveurs et du calcul intensif, pour revenir ensuite dans le jeu de l’informatique individuelle.

Alors que l’industrie de informatique doit à nouveau faire la preuve de son utilité, que ce soit au niveau individuel ou à celui des entreprises, exactement comme en 1984, le renversement des alliances d’hier s’accompagne d’un savoureux changement de discours de la part des protagonistes.
Apple déclare ainsi de façon tout à fait explicite vouloir s’appuyer sur ses Xserves pour faire ses preuves, ce qui ne manque pas de sel lorsqu’on se souvient que parmi les raisons qui avaient permis à IBM d’imposer à l’époque ses “compatibles”, outre l’absence de protection des programmes et la possibilité de les recopier à l’envi figurait, elle aussi largement occultées depuis, la “compatibilité” et la possibilité théorique de dialoguer avec ses gros systèmes… Cerise sur le gâteau, l’argumentaire commercial de Microsoft ne porte plus sur l’innovation, les gains de productivité réalisés ou la sécurité mais sur l’intégration et la simplicité d’utilisation de leur système…

Ceci posé, les récentes avancées technologiques seraient bien en passe de tenir les promesses faites deux décennies plus tôt. La conjonction de la puissance de calcul des puces 64 bits, de la communication d’HyperTransport et des piles d’ OS 10.3 Panther telles qu’elles sont décrites pourraient donner au Macintosh les attributs d’un extraterrestre face à son concurrent de toujours, à la fois appuyé sur l’énorme réservoir potentiel que constitue la communauté Open Source et avec l’énorme avantage tactique que peut représenter la maîtrise d’œuvre du matériel et de son système d’exploitation [avantage vers lequel lorgne d’ailleurs Microsoft, comme Bill Gates en a convenu lors de la présentation du prototype d’ [Athens ]]…
Ceci aurait le mérite d’expliquer la fausse modestie affichée par Cupertino à mesure que la date du 23 juin s’avance, comme la nervosité et la précipitation avec laquelle Redmond communique sur un système d’exploitation qui n’est pas attendu, au mieux, avant… 2005.

A contrario, les lendemains qui chantent restent bien entendu encore à venir, en ce qui concerne Microsoft. La communication du groupe trouve de curieux accents idéologiques, voire révolutionnaires, et Steve Ballmer, le grand timonier de Redmond en vient maintenant à promettre “un grand bond en avant” technologique avec LonhHorn [[du nom du bétail texan à longues cornes…]], le prochain système d’exploitation du groupe en s’adressant à ses troupes. Près d’un an et demi après la précédente révolution culturelle visant à mettre la sécurité au coeur des préoccupations de son entreprise [[avec le succès que l’on sait, puisque même Windows Server 2003 vient de faire l’objet d’un premier correctif majeur de sécurité, moins de 2 mois après son lancement… et la découverte de la faille]], Ballmer promet cette fois que “LongHorn sera mis sur le marché lorsque nous serons certains qu’il est vraiment au point“… de quoi effectivement “changer la vie” de chaque utilisateur d’ordinateur, du moins de ceux qui avaient pour habitude d’utiliser les différents systèmes d’exploitation made in Redmond… Pour autant, il semble bien loin le temps de l’esprit messianique. Les “évangélistes” d’alors se seraient-ils changés en Gardes Rouges?

En fait, il pourrait être aussi possible de reconsidérer la récente décision de l’HyperMonopole de ne plus distribuer Internet Explorer qu’en tant que composant du système d’exploitation Windows comme un repli défensif, à l’aune des voyants d’alerte qui s’allument les uns après les autres, et des signaux contradictoires envoyés en tous sens par ses dirigeants qui pourraient être à la mesure de leur nervosité, sinon de leur affolement… Celui que l’on a l’habitude de désigner sous le sobriquet de “l’Ogre de Redmond” pourrait ainsi se révéler plus fragile qu’il n’y paraît, “tigre de papier” ou “colosse aux pieds d’argile” comme on voudra…

Le titre de l’article du Financial Times relayé par MSN peut aussi s’entendre comme : “Est-ce que Microsoft est au bord du vide [[en fait, au bord d’un créneau…]] (technologique)”… la seule question qui vaille dès lors est de savoir si Steve Ballmer lui fera faire pour de bon son “Grand Bond en avant” [[On se souvient que le fameux “Grand Bond en Avant” de la Chine maoïste à la fin des années 60 s’était traduit par une véritable régression de plusieurs années]]… 😉

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