Suivez-nous

Prospective

Apple poursuit son redressement

Pourquoi le Nasdaq a-t’il accueilli plutôt fraîchement l’annonce de l’ouverture au monde PC d’un concept qui a prouvé son efficacité, et alors même qu’Apple s’est assurée un accès privilégié aux 25 millions de clients potentiels d’AOL? La réponse est en grande partie 48h plus tôt, lors de la présentation de ces fameux résultats…

Boro

Publié le

 

Par

Apple2003.jpg

Apple2003.jpg Apple a donc publié en début de semaine les résultats du 4e trimestre fiscal 2003 et ceux-ci sont plutôt bons, comme on s’y attendait du reste. Le chiffre d’affaires est de 1,175 milliards de dollars, en hausse de 19% par rapport au trimestre précédent, avec une marge brute stable à 26,6% et un bénéfice de 44 millions de dollars, à mettre en rapport avec les 45 millions de pertes du trimestre équivalent de l’année 2002. La société a par ailleurs récolté les fruits de son programme de rachat d’actions et continué de tirer des revenus de ses placements financiers. Chose qui mérite d’être notée, la seule activité industrielle aurait dégagé à elle seule un bénéfice de près de 30 million de $, ce qui fut loin d’être toujours le cas.

Des résultats contrastés…

Reste que les chiffres des ventes sont beaucoup plus contrastés que ne pourrait le laisser penser le communiqué de presse. Car si Apple a bien livré 787 000 Macintosh (+7% par rapport au trimestre équivalent) et 336 000 iPods (+140 %), la répartition est rien moins que disparate : 11% de progression par rapport au trimestre précédent pour l’ iPod, – 12% pour le tandem e/iMac, -28% pour l’iBook et un impressionnant +66% pour le trio PowerMac G5/XServe/XServeRAID, et +9% pour les PowerBooks.

Si l’on compare les 2 trimestres correspondants pour l’année 2002 et 2003, le différentiel est de -20% pour les e/iMac et – 25% pour l’iBook. Voici qui pose clairement la question de l’évolution de l’offre grand-public d’Apple. AppleInsider évoquait il y a peu une refonte à très court terme de l’iBook, qui apparaît très nettement en fin de vie dans sa forme actuelle, malgré le soutien du marché intérieur américain de l’Education [[certains investissements repoussés semblent vouloir être à présent réalisés, si l’on en croit les annonces concernant le Primaire qui se succèdent venues d’Outre-Atlantique]]. Avec le recul on convient à présent du bout des lèvres au 1, Infinite Loop, Cupertino que le succès du PowerBook 12″ aurait pu quelque peu faire de l’ombre à l’iBook. Un de nos lecteurs revendeur évoquait dans nos forums l’échéance de 1 voire 2, au maximum 3 semaines avant de voir apparaître ce nouvel iBook embarquant un G3 crevant le plafond du GigaHertz.

… qui dessinent en “creux”…

Les chiffres publiés en début de semaine, pour rassurants qu’ils soient [[et même inespérés par rapport à l’année dernière]], n’en posent pas moins un certain nombre de questions:

La paire e/iMac est elle aussi concernée par la restauration inéluctable qui s’annonce, en dépit du ravalement sur les fréquences et les tarifs de septembre dernier : aucune société ne peut se permettre un tel recul sur un secteur qui a fait sa notoriété et qui est même à l’origine de son retour au premier plan. Dans quelle mesure la prochaine évolution de l’iMac se rapprochera-t-elle de ce que AppleInsider a récemment décrit, et sera-t-elle l’occasion de franchir le pas du processeur G5?

Quid de l’eMac et de son écran CRT? Sera-t-il maintenu dans le catalogue, jusque sous perfusion comme le fut l’iMac G3 simplement pour assurer la présence d’une machine Apple sous la barre symbolique des 800$ /1000 € ?
_ La paire XServe/PowerBooks fait certes un bon spectaculaire de 66% : mais qu’en est est-il de la part d’un effet d’aubaine sur des G4 destockés, de la bonne santé des XServe et de l’accueil chaleureux reçu par le G5?

Apple a ainsi su tirer son épingle du jeu, et profiter de la reprise économique américaine, notamment grâce à son pôle musical et à l’iPod, mais pas seulement : elle voit ainsi ses ventes d’ordinateurs progresser malgré des résultats disparates, directement fonction de l’attractivité de sa gamme.

Le trimestre prochain permettra d’y voir certainement plus clair, même si Cupertino continue à présenter des chiffres cumulés par grands segments de gamme. Le G5 sera cette fois seul bien installé dans la gamme professionnelle, soutenu par ses alliés naturels que sont XPress le la Creative Suite d’ Adobe enfin optimisés pour OS X.

Même si l’iTunes Music Store maintenant ouvert au monde PC ne permet pas de dégager énormément de bénéfices, il va permettre néanmoins un étayage mutuel avec un iPod qui a représenté au trimestre dernier 80% du chiffre d’affaires de iBook pour donner un ordre de grandeur… C’est dire la place qu’occupe désormais le baladeur dans la stratégie d’Apple. Reste à savoir si les accessoires et les nouvelles fonctionnalités qu’ils ajoutent continueront à maintenir le lecteur mp3 en tête du marché.

Enfin, il faut voir dans quelle mesure les améliorations présentées en septembre vont continuer de soutenir Cupertino dans son redressement : OS X arrive enfin à maturité avec Panther, du côté des portables la gamme PowerBook renouvelée notamment avec un 15″ très attendu devrait continuer sa progression, avec un iBook revu de fond en comble dans les toutes premières semaines pour accompagner la tendance de fond de l’industrie, désormais tournée vers le nomadisme. L’objectif des 50% de machines portables vendues fixé par Steve Jobs en septembre dernier est à ce prix.

… les évolutions à venir.

La grande inconnue porte encore et toujours sur la stratégie “grand-public” dessinée au 1, Infinite Loop, Cuperto. La Pomme a désormais cruellement besoin d’un pendant “famillial” au PowerMac G5 pour soutenir son concept de “Hub numérique“, et les l’eMac/iMac ne sont désormais plus assez attrayants pour ce faire : le ripolinage de la gamme iMac cet automne devrait tout au plus passer l’hiver. Le temps pour iTune Windows de faire rêver quelques cousins-de-chez-Bill-en-face, et un iMac 3 avec un processeur de nouvelle génération pourrait seul leur donner envie de franchir en masse le Rubicon.

Car en l’occurence c’est Apple qui est encore au milieu du gué, et le Nasdaq vendredi ne s’y est pas trompé : si l’indice du titre a accueilli favorablement jeudi l’annonce de ses résultats financiers [[0,12$ de bénéfice net par action, dû à une marge bénéficiaire de l’ordre de 25%, unique dans la conjoncture actuelle au niveau de l’industrie informatique]], celui-ci a paradoxalement fléchi vendredi après les annonces de l’ Apple Event. Encore un peu de patience, donc : le renouvellement (ou non) de l’ iBook dans les semaines qui viennent, et surtout son ampleur donneront davantage d’indications sur le tableau de marche de Cupertino.