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Prospective

Quand Apple bouffe du Lion…

Rien à voir avec les barres chocolatées, dont Tim Cook fait dit-on un usage immodéré : les dernières annonces montrent clairement qu’Apple veut désormais la part du lion !

Boro

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«Bon anniversaire, Steve !» Le service marketing d’Apple aurait voulu souhaiter à son charismatique patron un feu d’artifice pour fêter hier son 56e anniversaire qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Au menu, en guise de gâteau le renouvellement de la gamme MacBook Pro -le premier depuis près d’un an- et un coup d’oeil supplémentaire sur ce que sera Lion, la prochaine version de Mac OS X et qui sera présentée vraisemblablement en juin prochain lors de la WWDC. Dénominateur commun, la vidéo avec Thunderbolt, le nouveau port d’entrée/sortie rapide comme la foudre, la nouvelle caméra HD qui fait son entrée avec le MacBook Pro et bien entendu FaceTime, le nouveau mode de visioconférence jusqu’ici en bêta et désormais disponible sur l’App Store, lequel devrait être intégré en standard avec OS X Lion… on l’espère gratuitement.

Les MacBook pro en train de muter

Si elle a conservé son design « unibody » en attendant de s’inspirer de celui du MacBook air, la nouvelle génération de MacBook Pro – en intégrant dès à présent pas moins de quatre nouveautés majeures – n’en prépare pas moins le le saut générationnel à venir.

Grâce à Intel et à AMD qui ont enfin enterré la hache de guerre, cette nouvelle cuvée bénéficie à la fois de la dernière génération de puces Intel Core i5 et Core i7, couplée aux derniers-nés de la plateforme Radeon HD de chez AMD (exit ATI)… Du moins ce qui concerne les modèles 15 et 17 pouces, le modèle 13 pouces devant quant à lui se contenter de la génération précédente de puces Intel Core i5 et i7 bi-cœur, ainsi que du chipset Intel HD Graphics 3000 également présent en tandem avec la carte graphique sur les modèles à diagonales plus larges.

Autre nouveauté de poids, l’adoption du port entrée/sortie Thunderbolt, développé en partenariat avec Intel et auquel Apple a une fois de plus su trouver un nom commercial bien plus évocateur que « Light Peak », le nom de code utilisé jusque-là chez le fondeur de Santa Clara. En donnant au MacBook Pro la primeur de l’implémentation de cette technologie qui annonce sur le papier pas moins de 10 Gb/seconde, soit 12 fois mieux que les FireWire 800 ou 20 fois mieux que l’USB 2.0, Apple rappelle qu’elle est en pointe en matière de montage vidéo numérique… exactement comme lors du lancement du FireWire 800 voici tout juste sept ans, lors du pince-fesse annuel de la vidéo professionnelle américaine, le NAB. Le port Thunderbolt va pourtant bien au-delà d’un port à haute vitesse destiné aux seuls supports de stockage, puisqu’il a également vocation à remplacer à terme rien moins que l’ensemble des ports entrées/sorties qui existent actuellement – y compris le port vidéo – moyennant l’adaptateur idoine (DisplayPort, DVI, HDMI ou mais également Gigabit Ethernet ou fibre Chanel).

En ligne de mire, c’est le montage vidéo HD qui est explicitement visé : reste à savoir comment la politique tarifaire de la nouvelle norme doit favoriser, ou non comme ce fut le cas pour le FireWire, son adoption… ce qui vaut également pour les adaptateurs.

Enfin, la mise en place dès ce modèle, avec la sortie de FaceTime pour Mas sur l’App Store moyennant l’obole réglementaire, montre à quel point Apple compte sur cette technologie pour favoriser l’adoption de ses produits : d’abord présente sur l’iPhone 4 puis sur la nouvelle version de l’iPod Touch, celle-ci est désormais intégrée au MacBook Pro et dotée d’un champ panoramique élargi. Celle-ci ne devrait pas tarder à se voir étendue, non seulement à la gamme existante comme l’iMac, les écrans Cinema Display, mais on s’en doute également à la nouvelle version de l’iPad, que celle-ci soit baptisée 1.5 ou 2.0… et, quels que soient les sarcasmes d’un iMike, à un véritable téléviseur intelligent estampillé Apple, successeur de l’Apple TV qui vraisemblablement ne saurait trop tarder :langue. En attendant la version définitive de FaceTime livrée avec Lion, celle-ci – toute parcellaire soit-elle et dans la grande tradition des bêta payantes de chez Apple – n’en est pas moins d’une qualité d’image impressionnante en comparaison de celle d’ iChat, qui date de juillet 2003, même avec la caméra ordinaire.

Lion : premiers coups de griffe

Les communicants de Cupertino n’en font pas mystère : Mac OS X Lion porte bel et bien la griffe de l’iPad, et dans la panoplie des ordinateurs d’Apple c’est le MacBook Air dans sa dernière version qui demeure le plus proche de la philosophie du prochain OS. On notera au passage que la caméra du MacBook Air, lancé en même temps que la bêta de FaceTime, est estampillé du nom du programme tandis que que celle du tout dernier MacBook Pro est, elle, labellisée HD ; Apple se refuse d’ailleurs officiellement à détailler les caractéristiques des deux modèles : un progrès est-il intervenu entretemps ?—–

Quant au trackpad qui accueille des gestes multitouch encore enrichis, il est bel et bien là pour signifier la différence d’approche qui sépare une nouvelle fois le monde Mac du monde PC : d’un côté des gestes fins, effectués à proximité du corps et issus de l’expérience de l’iPhone ou de l’iPad, de l’autre des gestes plus larges effectués le bras tendu sur l’écran du PC, et qui procèdent d’une réflexion élaborée à partir de Surface. De la à tracer une ligne qui sépare les deux conceptions de l’informatique, l’une centrée sur l’utilisateur final, l’autre sur les groupes de travail…

Cette réflexion sur le poste de travail, ou de loisir, individuel semble avoir été poussée encore plus loin qu’auparavant : Auto Save pousse ainsi encore plus loin la logique de la sauvegarde automatique initiée avec Time Machine, de même que Versions, qui en est l’autre volet, permet un retour transparent sur une version précédente et de récupérer éventuellement un passage disparu.Enfin, Reprise fait rentrer dans l’utilisation de tous les jours la récupération à l’identique d’un poste de travail évanoui pour cause d’arrêts intempestifs ou de fin de batterie.

C’est l’ensemble des applications qui vont désormais tirer parti de cet allégement, y compris au niveau de l’interface, mais d’abord et avant tout au niveau de la vélocité. Tout semble plus simple et tout est plus clair, jusque dans les fenêtres ou les ascenseurs ont disparu. Pour citer un utilisateur expert contacté par MacPlus, « c’est comme si je redécouvrais le Mac… ». Le nouveau Finder est également époustouflant et le nouveau Mail, logiquement adapté directement de celui d’iOS, réinvente littéralement la présentation par fil de discussion. Tout est fait pour que le switcher, venu là par l’iPhone ou l’iAd, se sente comme chez lui…

“Awimbowe… awimbowe… awimbowe…”

Mais c’est également au niveau des échanges de fichiers qu’Apple semble avoir tiré toute l’essence, au sens phénoménologique du terme, de la dématérialisation des contenus, déjà présent en substance dans l’iPad et dans le MacBook Air : fini les fils, et et des échanges de fichiers absolument simplifiés grâce à AirDrop avec toute machine présente sur votre réseau. Le versant « nuage » de l’OS n’est désormais plus qu’une question de temps…

Quant à l’incorporation de Mac OS X serveur dans la version client de Lion, elle tire les conséquences de l’abandon du Xserve et très probablement de l’échec de la greffe Papermaster au sein de l’équipe d’Apple. Le Mac prend alors d’une part un rôle de serveur de fichiers sans fil pour l’iPad, exactement de la manière dont il se comportait pour les fichiers multimédias avec l’Apple TV de nouvelle génération, mais il permet en outre à une très petite entreprise, une association ou même un travailleur individuel de pouvoir s’auto héberger et d’auto-administrer un site et un nom de domaine, avec les adresses mails qui lui sont attachées. De quoi en croquer à la fois sur les parts de marché de Linux, dans ses distributions les plus grand-public ou, dans la percée de l’iPad, dans celle de Windows. Reste à savoir si c’est le serveur qui a été incorporé à l’OS client, ou l’OS serveur qui a servi de porte-greffe aux fonctionnalités “client”.

En reproduisant l’air de rien et mezzo vocce avec l’iPad et le Mac le duo client/serveur qui avait assis la domination de Microsoft sur le monde de l’entreprise, Apple va-t-elle définitivement faire entendre sa partition non seulement dans les TPE, mais également dans les grandes entreprises à l’échelle des services ? Les DSI pourraient bien cette fois prêter l’oreille à ce lion qui fait mine de dormir et qui pourrait bien se réveiller, à l’été prochain, avec un appétit d’ogre…