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Édito

Une occasion de se taire…

Sous le titre “Steve Jobs, Let My Music Go”, Hilary Rosen signe un billet consternant à propos (encore) de l’iPod et de l’interopérabilité de l’iTunes Music Store. L’exercice montre que les Majors n’ont toujours rien compris… et que Microsoft n’a pas désarmé.
L’argument est simple et le propos simplificateur : l’iPod est “joli” et Hilary Rosen adore son étui de cuir bleu layette. Seulement voilà…

Boro

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Sous le titre “Steve Jobs, Let My Music Go”, Hilary Rosen signe un billet consternant à propos (encore) de l’iPod et de l’interopérabilité de l’iTunes Music Store. L’exercice montre que les Majors n’ont toujours rien compris… et que Microsoft n’a pas désarmé.

Vraie fausse bonne idée de la part l’ancienne Présidente de la RIAA désormais commentatrice pour la chaîne CNBC et le portail MSNBC, ou ânerie télécommandée par un conseiller en comm`du syndicat, l’exercice confine aux limites du pathétique comme la plupart du temps où le blog est instrumentalisé à pures fins de communication institutionnelle, du reste.

hillary.jpgL’argument est simple et le propos simplificateur : l’iPod est “joli” et Hilary Rosen adore son étui de cuir bleu layette. Seulement voilà… Las, Steve Jobs ne lui laisse pas la possibilité d’y écouter d’autre musique que celle achetée sur l’iTunes Music Store… S’en suit une collection de platitudes et d’approximations parmi lesquelles on relèvera qu’il y a désormais de nombreux endroits où télécharger légalement de la musique, parmi un catalogue fourni et sans crainte des virus des sites pirates… La plupart d’entre eux ont un lecteur qui s’arrange pour retrouver les morceaux, peu importe où ils se trouvent sur le disque, et il ne manque pas de baladeurs numériques, davantage portables et plus encore ambulatoires, pour 30 dollars seulement.

Si vous avez un iPod : pas de chance. Pas moyen d’écouter toute cette belle et bonne musique de tous ces sites qui regorgent de musique qu’on ne trouve pas sur iTunes Music Store, à moins d’être un geek et de savoir comment se débrouiller d’un format à l’autre. Et encore, en dégradant la qualité du son, tout ça par la faute de Steve Jobs qui refuse que l’on puisse lire les fichiers achetés d’un système à l’autre. C’est “tellement méchant“, d’autant qu’il n’a fait que reprendre la balle au bond, en reprenant les méthode de Bill Gates qu’il a tant décriées. Moyennant quoi Bill Gates pourrait fort bien, une fois encore, le renvoyer au musée des solutions techniquement supérieures, mais commercialement supplantées par d’autres qui avaient su s’ouvrir à la majorité des acteurs du marché.

Et de conclure en gémissant : “Pourquoi suis-je la seule à m’en plaindre? Pourquoi n’est-ce pas tout un chacun?

Une “catastrophe industrielle”…

Difficile de garder son calme face à autant de bêtise, dans la forme et dans le fond, dans aussi peu d’espace. Mais peu importent les approximations et les contre-vérités, la réponse à la question “Pourquoi suis-je la seule à m’en plaindre? Pourquoi n’est-ce pas tout un chacun?” résume à elle seule la problématique de l’article, ainsi que son arrière-plan : “Parce que vous étiez la présidente de la RIAA de 1998 à 2003…

Hilary Rosen revendique en effet dans sa biographie la maternité de la stratégie mise en œuvre par le Syndicat pour tenter d’endiguer la montée des échanges de mp3 et préserver leur modèle industriel : élévation de barrières techniques avec la mise en place de Digital Rights Management restrictifs, et législatives par la criminalisation de la copie des contenus protégés et l’extension du copyright. De part ses fonctions précédentes, Mme Rosen était en effet familière des allées du pouvoir à Washington, tour à tour associée au cabinet d’un Gouverneur et de plusieurs sénateurs.

Or à ce titre elle porte l’entière responsabilité de l’immense gâchis humain et financier qui soldent le bilan de ses cinq années passées à la tête de la RIAA, au chapitre de la dématérialisation. Bilan dont les membres du Directoire de l’organisation ont fini par tirer les conséquences, puisqu’en janvier 2003 elle a quitté la tête du groupe de pression, officiellement “pour raisons familiales”.

Les attaques ad hominem à l’égard de Steve Jobs montrent qu’à l’évidence elle ne lui a pas pardonné d’avoir ce qu’elle n’a pas, c’est-à-dire à la fois réussi à mettre en place un modèle industriel profitable, et peut-être surtout d’avoir fait barre aux exigences du système qu’elle incarnait, tout en emportant au passage l’adhésion du public qui s’est vu grâce à lui offrir une échappatoire, n’ayant jusque là que le choix entre la tonte ou le prêtoire…

“Le retour de la revanche?”

Hilary Rosen, avec l’ensemble de l’industrie, attend évidemment de Bill Gates dans le rôle de juge de paix qu’il lave l’affront qui leur est fait avec iTunes Music Store qui s’obstine à tirer le prix des morceaux vers le bas. La musique sur le téléphone cellulaire sera leur revanche, espèrent-ils. Grippeminaud est là, qui s’en pourlèche à l’avance les babines (voir la dépêche du 12 mai 2005)->art 8905]. D’autres qui se sont déjà frotté à Raminagrobis en ont pourtant soupé [(voir la chronique du 11 avril 2005)

Au delà du fait que cette dame émarge désormais à MSNBC (lisez Microsoft Network NBC), c’est le ton faussement personnel de l’exercice qui est insupportable. L’iPod et son business model ne sont évoqués que sous l’angle le plus superficiel, à travers la carricature de Steve Jobs. Mieux, cet iPod avec lequel elle a tant posé lorsqu’elle a vainement tenté de réparer son image et qui lui a été offert par sa compagne est qualifié de piège. Un piège à quoi au fait? Elizabeth Birch, la compagne en question qui est par ailleurs l’ancienne directrice des contentieux pour Apple, appréciera sans doute d’être ainsi publiquement accusée de s’être laissée berner…

Come on, Hilary – shut it up…