Les cyber-bavardages encouragés
Tout le monde a peu ou prou le souvenir des chuchotements à son voisin de classe, ou des petits mots pliés en quatre en fonction de la distance spatiale séparant les deux interlocuteurs. La pratique n’en est d’ailleurs pas réservée au seul parcours scolaire puisqu’elle resurgit volontiers au cours de la vie professionnelle, à l’occasion d’une interminable réunion…
Or si ce type de communication transversales est habituellement considéré comme parasite et venant en concurrence avec le contenu “utile” délivré par l’intervenant investi officiellement de la parole, celui-ci peut toutefois laisser émerger des contenus intéressants. Pour s’en convaincre, il n’est qu’à se souvenir de tel mandarin en perdition dans son amphi, face à une objection particulièrement pertinente à sa théorie, pour avoir cru mettre en difficultés 2 étudiants supposés inattentifs avec l’habituel “faites-nous partager l fruit de vos réflexions”…
Les dispositifs électroniques de toutes natures y ont bien entendu trouvé une application supplémentaire, telle entreprise interdisant l’usage des messageries instantanées et les établissement scolaires celui des téléphones portables…
Or on peut considérer que cette activité de “backchannel”, pour autant qu’elle ne soit pas centrée sur les commentaires du match de la veille, peut faire partie d’un processus d’élaboration productif au même titre que la réflexion individuelle. On serait alors engagé dans une “méta-conversation”, analogue aux autres processus meta-cognitifs qui sont actuellement explorés un pu partout.
L’utilisation des messageries instantanées à partir d’assistants personnels ou d’ordinateurs portables fait même l’objet d’évaluation pour un usage pédagogique : William Griswold qui enseigne les sciences informatiques à UCSD a développé en 2001 avec l’aide d’HP un logiciel pour que ses étudiants puissent faire remonter leurs questions par ce canal, dont certaines peuvent s’avérer extrêmement pointues.
A contrario, il avait pu remarquer que la participation des étudiants avait tendance à décroître, ou du moins à être plus difficile à mesure que le nombre d’étudiants était plus important, et que la qualité de ses enseignements pâtissait e la baisse des échanges. Il est ainsi possible de faire participer des amphis de 200 personnes, impliquant davantage ses assistants au passage dans le traitement des informations.
Tous les enseignants ou tous les dirigeants ne sont pas encore prêts à mettre en place ce type de dispositif de communication dé-hierarchisé pour leurs propres interventions, loin s’en faut ; celui-ci n’est pourtant pas sans rappeler le concept même du réseau internet. A l’inverse le succès du concept du tableau électronique qu’évoquait hier ArtsPlastiX montrerait-il qu’il est plus facile de s’adresser à des enfants qu’à des adultes? :smile