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“Le cinquième pouvoir”, de Bill Condon

Boro

Publié le

 

Par

Que faire ce week-end. Regarder « Le 5e pouvoir », de Bill Condon? Sorti en salles en décembre 2013 et cette semaine en VOD sur l’iTunes Store et en DVD ou Blue Ray.

Amateurs exclusifs de cinéma en version doublée, passez votre chemin : la présente chronique a failli être sous-titrée « Attention ! Navet techno hydroponique à force d’être totalement hors-sol », tellement la version française des dialogues rendait dérisoires les efforts respectifs de Benedict Cumberbatch et de Daniel Brühl pour camper leurs personnages, respectivement Jullian Assange l’inquiétant visionnaire – manipulateur – créateur de Wikileak, et Daniel Domscheit-Berg le hacker blanc idéaliste manipulé.

Est-ce l’effort supplémentaire demandé par la VOST ? Toujours est-il que dans cette configuration, la phase d’exposition paraît moins lourdingue, durant laquelle le réalisateur tente à la fois d’exposer son propos – Jullian Assange met en place avec l’aide de Daniel Domscheit-Berg le noyau restreint autour duquel il va constituer Wikileaks, en même temps que l’Australien albinos tisse autour du jeune Allemand la toile mentale dont a besoin toute relation perverse – narcissique pour se constituer.

Le film, basé sur le livre de Daniel Domscheit-Berg mais également sur celui de 2 journalistes du Guardian qui ont accompagné les fuites d’informations organisées par Assange, prend alors son rythme, et l’on commence à adhérer à l’histoire de cette cavale dans les milieux underground de Berlin, puis à travers l’Europe, pour mettre en place la collecte de tout ce que les gouvernements, les banques ou les firmes peuvent avoir des petits secrets dérangeants, avec l’aide d’un certain nombre de journaux de part et d’autre de l’Atlantique. Passe encore que El Pais ou Le Monde aient été si bizarrement oubliés de la liste des récipiendaires des informations distillées par Assange : si l’on a suivi l’affaire Wikileaks d’une oreille distraite, au sortir de ce road movie techno paranoïaque on en sait un peu plus sur cet épisode qui a mis à la mode les « lanceurs d’alerte ».

Tout aussi intéressant sera sans doute la façon dont Daniel Domscheit-Berg ouvre peu à peu les yeux sur la personnalité de son gourou charismatique, au fur et à mesure que se font jour ses mensonges et le mépris avec lequel il met en danger les sources qui lui font confiance, sans même parler de tous ceux qui sont concernés par les fuites qu’il publie sans précaution aucune. Dans sa prise de conscience, Daniel Domscheit-Berg est également grandement aidé par sa petite amie Anke et son plus vieil ami Marcus, hacker comme lui, dont la proximité affectueuse et inquiète finit par faire ombrage à la relation exclusive voulue par Assange, lequel finit par recracher Daniel comme un chewing-gum épuisé.

Outre l’aspect psychopathologique qui pourra malheureusement être utile à un certain nombre de familles, le gars du placement produit chez Apple a visiblement encore une fois bien fait son boulot puisque l’utilisateur de Mac à l’œil averti, s’il notera que de façon classique les « méchants » banquiers et autres employés du département d’État utilisent des PC sous Windows et les R3B3L`Z des distributions Linux à l’affichage vidéo inversé vert sur fond noir comme toute EL33te de la console qui se respecte, s’amusera également à compter au passage les Mac de la « gentille » Anke, des journalistes du Gardian ou celui d’un Jullian Assange institutionnalisé, et avec même en prime au passage ce qui ressemble à des Xserve semés par les deux comparses comme autant de cailloux blancs au fil de leur cavale…

Au final un moment de divertissement agréable donc, qui n’empêche pas de réfléchir à son propre rapport à la tyrannie de la transparence et à la soumission à l’autorité…

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Le cinquième pouvoir en DVD, sur Amazon

Le cinquième pouvoir en DVD, à la FNAC

On pourra lire également l’article fondateur d’Ignacio Ramonet – déjà à l’origine du concept de “pensée unique” lui aussi passablement lessivé de son sens au fil des récupérations – sur le 5e pouvoir, c’est-à-dire l’opinion publique, dans

Le Monde Diplomatique