Flextivity, solution de contrôle de contenu pour les PME
Cauchemar pour les fabricants d’antivirus et autres produits sécuritaires, OS X a forcé depuis une bonne quinzaine d’années les industriels du secteur à rivaliser d’imagination pour inventer d’autres sources de revenus que le simple antivirus, sauf à se transformer en dérisoire sentinelle du désert des Tartares… Si l’on excepte un cheval de Troie de temps à autre. L’Unix d’Apple étant également livré avec un logiciel pare-feu et une solution de contrôle parental tout à fait convenable, il était devenu difficile de convaincre les particuliers ou les « prosumers » qui formaient jusqu’il y a peu l’essentiel de la clientèle de la firme à la pomme de mettre la main à la poche pour acheter quoi que ce soit de cet ordre-là. D’où la nécessité de se tourner vers le marché professionnel, de plus en plus sensible aux arguments des solutions proposées par Apple, au fur et à mesure de la pénétration des appareils fonctionnant sous iOS au sein des réseaux des sociétés.
C’est dans ce contexte que Intego, qui laboure le sillon sécuritaire sur Mac depuis maintenant une bonne quinzaine d’années avec ses solutions aux interfaces utilisateurs simplifiées, a lancé le 10 septembre Flextivity une suite d’applications de sécurité et de surveillance de l’activité basée sur le Cloud. Entièrement modulaire et destiné aux petites et moyennes entreprises, Flextivity propose en quelque sorte de s’attaquer au maillon le plus faible de la sécurité dans un réseau d’entreprise, c’est-à-dire celui qui se situe entre le clavier et le dossier de la chaise… En quelques clics, l’administrateur est en mesure de contrôler l’accès aux applications auxquelles les employés peuvent prétendre, ainsi que les horaires où cela est possible ; personnaliser les restrictions d’accès à Internet, en augmentant ainsi la productivité des employés ; effectuer des captures d’écran des postes clients automatiquement, à partir de certains mots-clés ; définir des critères de filtrage des contenus Internet qui seront accessibles pour les employés par les employés.
Une fois la poussière soulevée par le lancement de l’iPhone 6 quelque peu retombée, nous avons contacté Guillaume Gète qui avec Gete.net Consulting est probablement l’un des consultants français les plus reconnus en matière d’environnement Apple au sens large en entreprise, et nous lui avons demandé de réagir vis-à-vis de l’intérêt d’une telle solution. Voici son commentaire :
« La solution d’Intego est en réalité composée de plusieurs parties assez distinctes, qui n’ont pas vraiment le même but.
La première partie touche à la notion de sécurité du poste informatique. Elle n’est pas inintéressante : détecter les malwares, contrôler les applications qui pourraient poser souci, tout ça me semble plutôt bien dans un parc informatique de taille moyenne. Je dis bien de taille moyenne, c’est-à-dire à partir d’une dizaine, voire vingtaine de collaborateurs.
En revanche, je suis *beaucoup* plus circonspect sur le côté “flicage de l’utilisateur”. Je m’explique. Aujourd’hui, nous baignons dans une culture de l’immédiateté qui fait que nous avons tous envie de lire nos commentaires sur nos pages Facebook, de répondre sur Twitter, d’aller consulter des sites qui ne sont pas directement liés au travail. Mais… est-ce que ça pose réellement un problème de productivité dans toutes les entreprises ? Est-ce que nous pouvons demander à notre cerveau de n’être concentré que sur une seule tâche 8 heures durant ? D’ailleurs, si on n’arrive *vraiment* pas à se concentrer, je préfère plutôt conseiller l’utilisation d’une application dédiée, comme l’excellent Concentrate sur Mac. C’est moins cher, et ça implique l’utilisateur d’une façon à mon goût plus positive en lui donnant le choix. »
Il poursuit, en donnant un exemple assez significatif : non-fumeur, comme à présent une bonne partie de la population, il ne sort donc pas prendre l’air plus ou moins fréquemment pour ma petite pause cigarette qui, dans la plupart des entreprises, est totalement entrée dans les mœurs. Par contre, pourquoi lui serait-il alors interdit d’aller sur un site de jeu vidéo par exemple, alors que ses collègues seraient en pause clope ? Est-ce que pour autant sa productivité sera en chute libre, juste après ?
« Vient enfin pour moi un souci plus technique : une grosse partie de l’intelligence de ce genre de solutions ne doit pas se faire de façon éparpillée sur les postes clients, mais plutôt sur le cœur du réseau, c’est-à-dire les routeurs et les pare-feux, qui sont là pour limiter le traffic, restreindre les accès, et qui le feront de façon bien plus simple qu’au cas-par-cas. Si on a un ordinateur fixe, la protection au niveau pare-feu sera plus simple à gérer. Si c’est sur un portable, personnellement, ce que fait l’utilisateur avec son ordinateur le soir, on s’en tape un peu, sauf dans des environnements particulièrement critiques. Le fait qu’il s’agisse en plus d’une solution “dans le nuage” ne me plait pas non plus (je ne suis pas vraiment un fou de la solution du nuage pour le professionnel). »
Sa conclusion est sans appel :
« Enfin, je ne suis pas convaincu que la mise en place de ce genre de solution soit réellement adapté pour les petites structures. Disons qu’en dessous d’une certaine taille (moins de 10 utilisateurs), ce n’est pas réellement indispensable. Et au-delà de dix, on placera l’intelligence dans le cœur du réseau, pas sur le poste client. J’ai toujours été pour l’éducation plutôt que pour surveiller l’utilisateur. Faire circuler la confiance plutôt que la méfiance. La naissance du Mac, c’était contre Big Brother. Ce n’est pas pour l’intégrer directement au cœur de l’ordinateur 🙂 »
C’est en tout cas une de position qui, pour être nuancée, n’en a pas moins le mérite d’être claire. Chef d’entreprise ou administrateur système ou « administré », vos réactions et vos expériences sont également les bienvenues.
Flextivity
Gete.net Consulting
On peut lire également ce que Macplus écrivait sur le sujet, voici 10 ans, à propos du contrôle de contenu… :langue
