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Prospective

Hal s’appellera-t-il Macintosh? (2)

… Celui qui viendra dans quelques mois pourrait bien être le premier à qui l’on s’adresse aussi naturellement qu’à son voisin de bureau, grâce à un certain nombre d’innovations dont certaines pourraient être présentées lundi lors de la WWDC…

Boro

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On a vu que l’originalité du Mac et sa magie reposait, outre le processeur Motorola 68000 à son service, sur le système d’exploitation et sur la façon dont son interface reproduisait de façon naturelle l’environnement de l’utilisateur : il lui permettait de s’adapter de façon naturelle et intuitive, “Vous savez pointer? alors vous savez vous servir d’un ordinateur” proclamait sa plaquette de présentation… Et si Macintosh, pour surprenant qu’il soit, ne n’arrivait pas d’une autre planète malgré les apparences, c’est qu’il avait été rendu possible par les avancées techniques et conceptuelles que nous avons examinées.

piratesA.jpg Or nous pourrions nous trouver dans une situation somme-toute proche de celle de 1983, avec un modèle grand-public très innovant et populaire, sa déclinaison professionnelle calamiteuse… et une conjoncture due à la concomitance des innovations techniques assez unique, avec Steve Jobs cette fois aux commandes et prêt à hisser de nouveau son pavillon de pirates, pour la mettre au service de son grand dessein de “friendly computer“… Ces technologies, dont certaines seront intégrées et présentées dès le 23 juin prochain, rendent désormais possible, pourvu qu’elles fussent intégrées dans un tout cohérent, un nouveau concept d’ordinateur, au maximum d’ici à 1 an ou 2.

Mac OS X : le socle de départ

Pas plus que le premier système d’exploitation de Macintosh, celui-ci n’arrive de nulle part. Cependant, plus encore que son aîné il emprunte à celui dont il est issu. En effet, il repose entièrement sur le noyau Unix Darwin (avec FreeBSD), sur lequel sont posées les couches successives de l’affichage audio et video (Quartz extreme, OpenGL, QuickTime et Audio), du Frameworks développeurs (Cocoa qui permet d’avoir accès aux fonctions spécifiques de Mac OS X, Java 2 qui est le langage multi-plateforme développé par Sun que l’on connaît, Carbon qui fait appel à des méthodes plus traditionnelles pour accéder à OS X, ce qui lui permet de pouvoir faire tourner les mêmes softs à la fois sur OS 9 et X, et Classic qui permet d’exécuter les programmes écrits pour Mac OS 9 en antérieurs dans une couche logicielle compatible. Enfin, l’utilisateur va peser sur l’exécution des logiciels par le bais de l’interface utilisateurs proprement dite, soit par Aqua et son fenêtrage, soit par les scripts d’AppleScript

OS-X.jpg A son noyau Unix, OS X a emprunté sa faculté de pouvoir faire travailler ensemble plusieurs applications : avec notamment la protection de la mémoire et la gestion dynamique de celle-ci d’une application à l’autre, ce qui permet notamment une allocation beaucoup plus efficace de la ressource en fonction des besoins et une bien meilleure stabilité de l’ensemble, tout comme le multitâche préemptif va répartir la ressource du processeur, en évitant les conflits et que certains programmes ne la monopolisent. Sa possibilité de générer du multithread, c’est à dire de permettre à une application d’exécuter plusieurs tâches à la fois, exactement comme un personnage de Tex Avery va se démultiplier après un coup de masse, devient particulièrement intéressante avec un processeur à la fois puissant et qui sait en tirer parti, tandis que le multitraitement symétrique va permettre de faire travailler ensemble de façon cohérente plusieurs microprocesseurs…

Or, certaines caractéristiques parmi les nouveautés techniques dévoilées par les sites de le sphère Mac, annoncées par les partenaires d’ Apple ou même par la firme de Cupertino elle-même, sont complémentaires, au point que l’on croirait sur trouver devant une sorte de puzzle [[il n’est pas question de présenter ici l’ensemble de leurs caractéristiques, mais seulement celles qui nous intéressent.]]…

Retour sur les rumeurs les plus récurrentes… et les plus signifiantes

Le PowerPC 970 d’IBM : à tout seigneur tout honneur, la star incontestée des sites Macintosh depuis l’automne, d’autant qu’une bonne partie de l’afficiòn d’ Apple attend maintenant comme Godot un successeur au G3 à la hauteur de ses espoirs, tant il est que l’ Altivec adjoint au G4, que le service marqueting avait baptisé en son temps Velocity Engine, n’a pas fait florès auprès des développeurs ; la faiblesse endémique du processeur proprement dit en vitesse d’horloge a constamment obligé les ingénieurs de Cupertino à déployer des trésors d’ingéniosité pour éviter de trop se laisser distancer.

PPC970.jpg L’ arrivée du PPC 970 sur nos macs a été pour le moins mollement démentie par Apple, pendant qu’ IBM en multipliait les indices à mots de moins en moins couverts, à tel point qu’il a même été possible voici un mois de suivre les expéditions de processeurs entre l’usine de East Fishkill qui les fabrique et celle de Foxconn à Taiwan, habituellement en charge de la fabrication du matériel de la Pomme. Il faut dire que le profil de la version lite du Power4 a de quoi séduire tout MacAddicted qui se respecte, tellement il se rapproche celui du candidat idéal pour travailler avec la prochaine évolution de OS X : rapide, présentant une avancée significative mais capable d’assurer la transition en douceur, pouvant traiter selon les besoins des données de très gros volume et un nombre significatif de données moins importantes, supportant une mémoire colossale et rapide, tout en étant prévu dès le départ pour pouvoir travailler en complémentarité avec d’autres processeurs, ce grâce à une plate-forte d’échange symétrique et un bus d’interface à très haut débit [[jusqu’à 1.8 GHz dans un premier temps, adressage 64 bit mais gestion native du 32 bit (le Motorola 68000 qui équipait le Macintosh 128 était déjà un microprocesseur 32 bit…), présence d’Altivec, jusqu’à 4 Terabit de mémoire vive, 5 et bientôt 8 instructions par cycle d’horloge, d’ores et déjà prévu pour un système quadri-processeur et très certainement octo-processeur.]].

Hypertransport, le consortium dont notamment AMD, Apple, Cisco, NVDIA et Sun sont les promoteurs vient d’annoncer la disponibilité de sa Plate-forme de Compatibilité : il s’agit de promouvoir un protocole de communication de processeur à processeur à haut débit, standardisé et de façon à supprimer au maximum des goulots éventuels d’étranglement. Or la partie basse de la fourchette [de 6.4 à 12.8 gigabit]] de la norme 1.05 publiées [le 2 juin correspond parfaitement à la vitesse attendue à la sortie du PowerPC970 d’IBM…

– Grâce à IP sur Firewire et maintenant FireWire2,ce n’est plus la connectivité entre processeurs à l’intérieur d’une même machine qui est favorisée [[les taux de transfert sont bien entendu très en deçà avec 400 et 800 Megabit par seconde]] mais bien de machine à machine, voire même en grappe, avec la souplesse de mise en place du protocole TCP/IP qu’il nécessaire de monter un réseau Ethernet.

Les “piles”, dont l’intégration évoquée régulièrement à la version 10.3 Panther d’OS X, puis démentie depuis par les sites de rumeurs, pourrait constituer une des avancées les plus innovantes dans l’interface avec l’utilisateur depuis la métaphore du bureau électronique… s’il ne s’agit pas d’un superbe hoax.

Ce concept de “pile” [[il serait intéressant de discuter de la filiation de ce concept avec les piles d’HyperCard, conçu dès l’origine par Bill Atkinson comme un “organisateur informel d’information“, en 1985. On voit que ce sujet de réflexion est transversal au sein des équipes Apple, pratiquement depuis la naissance de Macintosh.]] de documents, agrégés ensemble en fonction de leur contenu plutôt que rangés de façon formelle avait été présenté en 1992, et développé par Gitta Salomon avec son équipe du Apple’s Advanced Technology Human Inerface Group, avant de faire l’objet d’un brevet en 1994. Il s’agit d’une “métaphore en tant que soutien à une organisation informelle de l’information“, c’est à dire en tant que contenant de pensée externe provisoire pour un certain nombre de documents hétérogènes, regroupés ensemble en fonction de tel ou tel thème, et dans l’attente d’une exploitation ultérieure.—–

pile.jpg Imaginons que nous devions rédiger un article sur l’évolution d’Apple : nous allons collecter puis regrouper dans un certains nombre de piles des documents de toutes sortes, textes, images, url, en fonction du contenu qu’ils abordent.

Mais l’innovation ne s’arrête pas là. C’est une représentation visuelle certes, mais aussi une aide pour organiser les choses, en fonction de votre façon de travailler : l’ordinateur va vous demander “et si…” à propos de tel tel aspect d’une pile et de ce qu’elle contient. Or ceci suppose que le système ajoute et manipule des données sur le contenu des documents, et ce en temps réel, un peu comme le faisait le système d’indexation de fichiers de Be OS BFS, avec un système d’attribution de métadonnées en temps réel utilisant un système de thread spécifique. La puissance de calcul et la souplesse mises à disposition par le tandem PPC 970/Mac OS X qui n’existaient pas en 1992 lorsque le concept a été forgé sont maintenant disponibles, alors que Dominic Giampolo, le designer de BFS a rejoint les rangs d’ Apple depuis l’année dernière…

Or les implications d’un système de métadonnées, sémantiques c’est à dire basées sur le contenu, associées aux documents et réorganisées en temps immédiat non seulement auraient pour effet de transformer l’ordinateur tout entier en base de données, mais pourrait bien faire revenir dans la lumière Simund Freud, l’un des grands oubliés de la campagne Think Different

Au commencement était l’action…

freud.jpg L’ intuition de Freud à partir de la phrase de Goethe, à propos de la construction de la notion de représentation aurait donc valeur de symbole, en ce qui concerne l’évolution de l’informatique elle-même… Plus sérieusement l’introduction des concepts de contenants et de contenus de pensée dans un processus de gestion dynamique de fichiers, conjointement à un saut qualitatif majeur dans l’architecture matérielle est d’une portée considérable, et prépare une véritable rupture, sans doute encore plus radicale que celle de 1984 [[Cette a possibilité de de manipuler et d’associer des données abstraites, par une unité de traitement de l’information, capable de d’examiner celles-ci en grand-nombre en parallèle, que ce soit par clustering ou threading sous la direction d’un système central n’est pas sans rappeler les caractéristique des fonctions supérieures du cerveau humain, le traitement en parallèle des données et leur combinatoire de plus en plus poussée par des territoires sensoriels, avant leur intégration par les territoires d’association et leur exploitation par le cortex frontal. Et leur exceptionnelle efficacité]].

Ainsi, si le nom de “Darwin” résume bien la capacité à évoluer du noyau Unix sur lequel est basé Mac OS X, l’élément intégrant l’indexation et inter-relations entre les fichiers mériterait bien d’être appelé “Lacan“, de part sa faculté à structurer la réalité interne comme un langage, de façon sémantique et non plus sémiologique. Car le meilleur est encore à venir : la capacité à traiter en grand nombre des données de ce type ouvre tout naturellement la voie à l’interface vocale, sémantique et diachronique, et non plus spatiale ou simple plaquage de commandes vocales sur celle-ci comme on a pu voir jusqu’à présent…

Vous vous demandez si John C. Dvorak a maintenant une chronique chez MacPlus? Cette interface existe bel et bien. Un professeur d’informatique de l’université de Yale nommé Corrigé : David Gelernter] a développé un logiciel à même de présenter tous les types d’informations, que ce soient textes, e-mails, images, musique, en tant que structure narrative, c’est à dire une séquence ordonnée de fichiers, tout en étant capable de la réorganiser instantanément et de les orienter en fonction de leur thématique. Cela ne vous rappelle rien? Nul doute que si un tel logiciel existe, Jobs a au moins demandé à bénéficier d’une démonstration, si ce n’est de l’exclusivité d’exploitation des brevets… Coïncidence ou pas, Apple a déposé à l’été dernier un [brevet concernant “un dispositif de reconnaissance vocale“, lequel est basé sur le traitement séparé du son issu d’au moins deux micros, avant la combinatoire traitement définitif par comparaison au modèle d’hypothèses…

Ces derniers éléments, si tant est qu’ Apple décide de les intégrer, ne seront en tout état de cause pas présentés lundi. Mais pour autant qu’ils soient prêts, en janvier 2004, soit 20 ans exactement après la sortie du premier Macintosh serait une date tellement symbolique qu’il n’est pas interdit de rêver…

Steve2.jpg Steve Jobs, au cours d’une interview accompagnant la sortie du Macintosh en 84 avait déclaré à propos de celui-ci :

Des millions se gens vont se servir de cet outil pour faire des choses dont nous n’aurions même pas rêvé ; et c’est ça qui est excitant. Ce que je veux dire, c’est que nous allons nous balader dans une salle de classe, ou dans un bureau, ou chez quelqu’un dans 5 ans de ça, et quelqu’un sera en train de se sertir d’un Macintosh pour faire quelque chose que nous n’avions jamais rêvé être possible“.

Or c’est pourtant ce que nous allons essayer de faire demain, en examinant ce qu’un système d’indexation sémantique des fichiers pourrait apporter…
Hal et le Mac (3)
Hal et le Mac (4)

mais le début est ici :
Hal et le Mac (1)

liens :
Le PowerPC 970 d’IBM par IBM
HyperCard chez AventureApple
une représentation dynamique du fonctionnement des piles
– [Une interface en tant que structure narrative->
http://www.cioinsight.com/article2/0,3959,615549,00.asp]