Suivez-nous

Prospective

HealthKit, le nouveau grand chantier d’Apple

Depuis quelques années, et notamment depuis la disparition de Steve Jobs, les analystes, les consommateurs et même les aficionados de la Pomme, s’inquiètent de voir Apple perdre sa capacité à proposer de nouveaux produits à même de révolutionner un marché, à changer radicalement les habitudes comme ont pu le faire le Mac, l’iPod et l’iPhone.

Boro

Publié le

 

Par

mayo.png

La prochaine révolution d’Apple ne viendra pas exclusivement d’un matériel, certes avec un excellent logiciel, dont Apple a écoulé des centaines de millions d’unités depuis plusieurs décennies. Et si le nouveau marché dans lequel Apple parvenait à rebattre les cartes en s’imposant de manière durable pour changer les habitudes n’était pas la télévision, mais celui de la santé. Dans un monde où l’on vit, globalement, de plus en plus vieux et où l’on maîtrise les nouvelles technologies même dans la période où la santé peut commencer à décliner, comme la société fondée par Steve Jobs l’a appris « dans sa chair », Apple a plus que sûrement une carte à jouer.

Car en dépit de ce dont un certain nombre de commentateurs aimerait se persuader, la firme à la pomme n’a rien perdu de sa capacité à saisir l’air du temps. Elle a été confrontée à la dure réalité qui veut que, après la génération des baby-boomers qui a « fait » la révolution de l’électronique dans les années 50, c’est à présent celle qui a suivi, en menant à bien la révolution de l’informatique personnelle, qui va commencer à partir à la retraite, et à se trouver confrontée aux problèmes liés au vieillissement. On a sans doute oublié, mais l’une des premières applications présentées avec iOS et la première version de son SDK a été un kit de surveillance de la glycémie, avec son logiciel-compagnon de surveillance qui tournait sur l’iPhone. Les exemples de périphériques « médicalisés » ou « para médicalisés » n’ont pas manqué depuis.

Pour s’implanter, la meilleure chance d’Apple est évidemment de partir de ses succès que sont l’iPhone et son système iOS, mis dans les mains de son énorme base installée de tous âges, et dont toutes les études d’usage montrent que ces personnes, non seulement achètent, mais surtout utilisent ses appareils et leurs périphériques au quotidien pour des tâches de plus en plus hétéroclites, du surf sur le web à la mesure de performance sportive.

HealthKit a été conçu par Apple pour être le réceptacle, au sein du système iOS, de nombreuses données qui peuvent être fournies par des capteurs internes ou externes à l’iPhone. Toutes informations utiles comme la pression sanguine, le nombre de battements par minutes, différents taux sanguins, des données de spirométrie et toutes autres mesures liées à la santé qu’on puisse imaginer. Cette armoire de stockage permet donc de recevoir des données, mais aussi d’en fournir à d’autres applications : on pense évidemment à l’application Santé sur iOS. Mais tout comme les images, les contacts ou la localisation, il sera possible aux applications tierces d’y accéder sous réserve que l’utilisateur donne son autorisation.

Et Apple a de grands projets pour HealthKit et l’utilisation de ces données par le corps médical, aux États-Unis comme en France, le dossier médical personnalisé n’a, en effet, pas encore conquis tous les praticiens de santé. La société espère donc les convaincre d’utiliser sa solution et a pour cela initié des discussions avec de nombreux centres de santé, dont certains prestigieux, comme l’hôpital du Mount Sinai à New York, la Cleveland Clinic ou l’hôpital Johns-Hopkins de Baltimore. La Mayo Clinic avait laquelle Apple a déjà collaboré ne serait pas en reste. Apple serait également en discussion avec les entreprises qui gravitent autour de ces centres dans le domaine de la gestion des données de santé, et notamment avec la société Allscripts.

Apple aurait d’ailleurs déjà prévu des solutions avec l’un des concurrents de Allscripts. La société Epic Systems serait déjà en mesure de pouvoir intégrer à son dossier de santé personnel, connu sous le nom de MyChart, les données issues du fameux HealthKit.

D’autres entreprises du secteur sont aussi sur la brèche, Kaiser Permanente qui travaille dans le même domaine voudrait aussi en être, et aurait déjà contacté Apple à plusieurs reprises, preuve que les travaux et la puissance de frappe d’Apple intéressent les entreprises du secteur. Elles souhaitent évidemment éviter d’être rapidement marginalisées si la mayonnaise HealthKit prenait : Skip Snow, analyste santé chez Forrester Research, résume bien l’engouement en affirmant que tout le monde vient frapper à la porte d’Apple.

Mais si Cupertino a de bons atouts dans sa manche, la partie est pourtant loin d’être gagnée d’avance. À la table de poker, souvent menteur hélas, on trouve également un précurseur avec Intel qui cherche à défricher ce marché depuis bientôt 15 ans, et qui continue d’essayer d’exister avec ses solutions sur ce qui reste un marché de niche, et bien entendu dans peu de temps les suiveurs habituels qui ne manqueront pas de chercher à brouiller les cartes.

Apple va également devoir faire face aux différentes législations qui régulent le domaine aux États-Unis, mais aussi partout dans le monde. De nombreux experts dans le domaine de la santé et des avocats spécialisés semblent avoir été consultés, et même parfois embauchés, par Apple depuis quelques mois. Les hauts dirigeants d’Apple auraient déjà rencontré plusieurs fois les responsables des organisations comme l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux ou l’office national de la coordination pour les technologies de la santé, dans le but, évident, de préparer son arrivée sur ce marché plein de possibilités en termes de fonctions à proposer et de dollars à engranger. Google et Samsung sont aussi sur le coup depuis plusieurs mois et la course fait rage pour parvenir à imposer sa solution avant les autres.

La société de Cupertino va devoir traiter le sujet avec délicatesse et former ses utilisateurs, notamment à la manière de contrôler ses données sur son téléphone où elles seront captées, mais aussi à la manière dont l’entreprise s’occupe de leur stockage. Par exemple, une sauvegarde iCloud est prévue pour ces données, pas question en effet de tout perdre en cas de vol d’iPhone. Ces données devront donc être sauvegardées sur les serveurs d’Apple et donc chiffrées pour le transit et pour le stockage. Ce serait déjà le cas d’après les indiscrétions rapportées par Reuters.

Reste que la firme à la pomme détient une paire d’as par rapport à ses concurrents, avec la sécurité relative de son système d’exploitation et son mode d’identification par empreintes digitales pour l’instant le plus éprouvé, sur ce marché où la confidentialité des données et la sécurité sont des questions fondamentales. Un bon point, alors que l’iPhone à vocation à devenir la pierre angulaire du nouveau hub numérique d’Apple, dont CarPlay et HomeKit sont également appelés à devenir les piliers. À suivre…

Apple prepares Healthkit rollout amid tangled regulatory web