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Prospective

Le principe de Nirvana…

Les industriels du disque manœuvreraient en coulisse pour augmenter le prix de gros aux distributeurs de musique en ligne. Faut-il mettre en place un “Prix Darwin pour l’Économie” du plus beau suicide industriel?

Boro

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Si l’on en croit le Financial Times, Steve Jobs aurait piqué l’une de ses célèbres colères en apprenant que certaines Majors du disque grenouillaient en coulisse avec certaines échoppes de musique en ligne pour obtenir une majoration du prix de gros des titres fournis, de quoi “tout gâcher sur un marché à peine émergent”, s’est emporté le “patron”…

Selon les 2 rédacteurs du quotidien économique, la fronde ne ferait quand même pas l’unanimité puisque Universal Music et Sony BMG se montreraient notoirement circonspects à ce propos, tandis que EMI et Warner notamment se seraient refusés à faire tout commentaire…

“L’analyse”, ou plutôt l’argument avancé serait qu’après une période d’introduction avec des prix bas pour stimuler la demande, le le succès de l’iTunes Music Store tendrait à montrer que ceux-ci sont trop bas…
… soit le genre de sophisme qui équivaut à essayer de démontrer que c’est parce qu’une formule fonctionne qu’il faut absolument revenir à celles qui ont fait la preuve… de leur inefficacité.

Les chiffres qui circulent sur le prix actuellement versé aux maisons de disques oscillent entre 60 et 80 centimes d’euro pas morceaux. En mai dernier, et alors que les pourparlers entre Apple et les industriels européens de la musique étaient encore en cours, ces derniers avaint laisser filtrer le chifre d’1,29€ TVA comprise. Depuis, les gestionnaires de la création musicale avaient régulièrement été pris de crises de prurit, dont toutes avaient pour origine des revendications tarifaires, bien évidemment orientées à la hausse.

Il n’a apparemment pas effleuré l’esprit de ces grands stratèges, de leur propre aveu passés au bord de l’anéantissement voici tout juste 2 ans, qu’augmenter le prix de gros des morceaux – quand seule parmi les détaillants l’iTunes Music Store arrive à garder la tête hors de l’eau – conduirait mécaniquement à augmenter aussi les prix de détail au dessus de la barre symbolique des 0,99 €/$ par morceau, et 9,99 €/$ par album…

Le but de ce calcul, à très courte vue, ne peut qu’être la récupération du monopole de la distribution, après avoir provoqué la noyade des acteurs actuels de la vente en ligne… On connaît bien pourtant la parabole du scorpion et de la grenouille, maintes fois ressassée, le sort et la sauvegarde des 2 protagonistes étant indissolublument scellés….

De quoi s’interroger au minimum sur le bien-fondé des rémunérations mirobolantes que s’octroient les dirigeants de l’Industrie musicale, et plus largement sur ce qu’André Green a appelé “Le travail du négatif“, c’est à dire ce que la psychanalyse définit comme la pulsion de mort, inséparable de la “compulsion de répétition”, et que Freud avait appelé “principe de Nirvana” : la tentation du retour à l’inorganique, c’est à dire dans ce cas précis tout simplement d’un équivalent suicidaire…