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Prospective

Microsoft, ou le Paradigme du Shadok

Microsoft ouvrait en début de semaine les portes de son laboratoire de recherche, à l’occasion de son traditionnel Tech-Fest…

Boro

Publié le

 

Par

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…Ce qui y a été présenté en dit long sur la façon dont l’Ogre de Redmond tourne en rond…

Les historiens des Sciences et Techniques auront sans doute bien du mal à expliquer comment, à la fin du XXe siècle c’est à dire à l’aube des Temps Informatiques, Windows a fait pour supplanter les autres système d’exploitation souvent bien plus efficaces à utiliser. A défaut de pouvoir avancer une explication, ceux-ci devraient-ils au moins réussir à décrire un Paradigme ou un Système Microsoft, et que l’on illustrera à merveille par l’exemple suivant :

Janvier 2007

Apple dévoile l’iPhone, un téléphone dit “intelligent” doté d’un écran tactile, sur lequel est présente une version embarquée du logiciel Google Maps lequel permet de localiser facilement une adresse, en utilisant des cartes détaillées, réalisées en simplifiant les images satellites mises à disposition par les différentes agences spatiales.

Il suffit donc à un quidam perdu dans n’importe quelle ville, grande, petite ou moyenne, de lever le nez et d’entrer dans le logiciel le nom de la rue et le numéro du bâtiment devant lequel il se trouve, pour se retrouver immédiatement repéré sur une carte, le service – gratuit – offrant même la possibilité d’un itinéraire de ce point vers la destination de son choix.

Le principal intérêt de l’appareil réside dans son étonnante facilité d’utilisation, y compris pour les saisies au clavier qui reposent sur le fameux écran tactile, dont les touches virtuelles sont suffisamment larges et disparaissent à la demande lorsque leur utilisation n’est pas nécessaire.

Mars 2007

Microsoft présente fièrement 40 nouvelles technologies lors du Tech-Fest, le salon annuel de son département de recherche.

Parmi celles-ci, la possibilité pour un quidam perdu dans Seattle, capitale de l’État de Washington et seulement là, de lever le nez pour prendre en photo le bâtiment le plus proche avec son téléphone portable, et de recevoir en retour une carte et des informations locales. Pour fonctionner, le système nécessite que l’ensemble de la zone ait été au préalable systématiquement prise en photo, sous toutes les coutures et depuis le raz du sol. Celles-ci sont ensuite stockées dans une base de données, avant de faire l’objet d’un “mappage” sophistiqué et d’être indexées selon un certain nombre de critères, pour être ultérieurement comparées aux clichés envoyés par les utilisateurs.

Les arguments avancés par les ingénieurs de Microsoft pour justifier la pertinence des options retenues reposent sur la difficulté qu’il y a à saisir du texte sur le petit clavier mécanique d’un téléphone portable.

Conclusion

Lesdits historiens auront sans aucun doute également pris en compte qu’un programme baptisé Mobile GMaps qui remplit les mêmes fonctions avec Google Maps – mais également MSN Virtual Earth le service concurrent édité par Microsoft -destiné aux téléphones portables fonctionnant sur Windows Mobile – le système d’exploitation édité par Microsoft – existait depuis octobre 2005…

En mars 2006, Microsoft avait présenté à grand frais et à grands coups de buzz maladroitement orchestré un nouveau concept baptisé Origami, sensé transposer sur une nouvelle génération d’appareils électroniques le système d’exploitation Windows. et qui reposait essentiellement en ce qui concerne la saisie du texte sur deux hémi-claviers dont les touches sont disposées en arc de cercle. L’appareil est tenu par les deux mains, les doigts sur la face arrière, la frappe du clavier est confiée aux pouces, qui doivent aller d’un bout à l’autre de l’arc de cercle.

Il suffit de regarder ne serait-ce que 30 secondes une photo de l’appareil pour se rendre compte que ce qui est possible sur un pad de console de jeux sur un débattement de quelques millimètres est rigoureusement impossible sur un rayon de plusieurs centimètres, au delà de quelques minutes.
La caractéristique du pouce chez l’homme et les grands singes est d’être opposable aux 4 autres doigts, et de permettre l’utilisation de l’outil ; son articulation n’est donc pas faite pour ça : il est bien plus confortable d’utiliser le seul index, ou les 4 autres doigts ensemble un peu comme l’on joue la mélodie au piano avec la seule main droite. Ce fut d’ailleurs l’option retenue pour l’iPhone… et le cheminement de Steve Jobs lors de sa démonstration lors de la Keynote de la MacWorld Expo : son premier réflexe fut d’utiliser son pouce, avant d’abandonner aussitôt !

Il est très probable que Microsoft se soit précipité sur un brevet déposé par Apple (à dessein ?) le 16 septembre 2005 et accepté par l’USPTO le 20 avril 2006. Rappelons que Microsoft a accès au portefeuille de brevets détenus par Apple, depuis le fameux accord de 1998, renouvelé en novembre 2005. Mais la différence entre les 2 sociétés c’est que Microsoft n’en finit pas de gaspiller l’immense majorité de ses ressources disponibles, quand Apple est tendue toute entière dans la différenciation radicale vis à vis de ses compétiteurs.

C’est la raison pour laquelle la bonne question en cette fin de première décennie du XXIe siècle n’est pas de savoir si, mais quand Microsoft va – si ce n’est disparaître – du moins perdre son rôle dominant dans l’industrie de l’informatique. Les fameux chercheurs se demanderont eux pourquoi cela a pris tant de temps… S’il reste des francophones téléphiles parmi eux, peut-être parleront-ils de “”Paradigme du Shadok“…

PS : C’est tout pour aujourd’hui ! :langue

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