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Photoshop Touch : le petit frère doué

Adobe met en musique son offensive Touch avec l’apparition du vaisseau amiral de cette gamme de logiciels destinés à l’iPad : après les sympathiques mais limités Color Lava, Eazel et Nav, voici venir Photoshop Touch !

iMike

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Photoshop Touch existe depuis quelques temps pour les tablettes Android, mais ce tour de chauffe n’a évidemment pas le même impact que la sortie toute récente de l’application sur iPad, la tablette d’Apple étant bien plus populaire que ses concurrentes Android. L’éditeur a misé gros avec la version tactile de son célèbre logiciel d’édition d’images qui par bien des aspects pourrait bien cannibaliser son grand frère de bureau !

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Certes, Photoshop Touch en offre bien moins que son modèle. Mais pour le graphiste qui voudra corriger une image sur le pouce, appliquer quelques effets, voire se lancer dans la conception d’un montage plus élaboré, l’app suffira amplement à son bonheur – pour une minuscule fraction du prix de Photoshop, qui plus est ! Certes, il faudra y rajouter le prix de l’iPad 2 (le logiciel a besoin de toute la puissance du processeur A5), mais la tablette est suffisamment polyvalente pour justifier l’investissement.

Touche ma photo

La première chose qui frappe avec Photoshop Touch, c’est l’interface du logiciel. Ne répondant à aucun canon en vigueur sur iOS, les gros boutons n’en sont pas moins parfaitement adaptés aux doigts. Certes, on est loin des effets de profondeur et des icônes finement ciselées de la version de bureau, mais le choix d’un design monochrome et «plat», avec des icônes sans fioritures se révèle particulièrement efficace.

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La barre d’outils à gauche de l’écran ne posera guère de soucis à ceux qui connaissent Photoshop; les autres comprendront rapidement de quoi il retourne, ce d’autant qu’Adobe n’a pas lésiné sur les didacticiels (13 en tout) ainsi que sur les bulles d’aide. La plupart des icônes dévoile des outils connexes, comme sur la version de bureau. Une fois l’outil sélectionné, la barre propose les préférences dudit outil (taille de la brosse, rajout ou suppression d’une zone, pixels contigus…)

La barre du haut comprend une batterie de fonctions : à gauche, tout ce qui concerne la gestion des sélections (tout sélectionner, désélectionner, inverser…), le copier/coller, la fusion… À droite de cette barre, on retrouve la croix pour mouvoir un objet, les effets, la correction colorimétrique, la création de dégradés, le remplissage, l’outil texte…

Toutes ces fonctions s’affichent sous forme de menu déroulant et tombent facilement sous le doigt. On aurait pu apprécier qu’Adobe propose en sus un bouton «action préférée» sélectionnée par l’utilisateur et toujours présent à l’écran. Avouons que devoir tapoter deux fois pour désélectionner une zone est un peu pénible quand on s’est habitué au Pomme + D !

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Enfin, la barre de droite affiche les calques, que l’on pourra tout à loisir masquer ou réarranger. Un outil permet de les fusionner, d’agir sur la transparence ou d’appliquer un mode de fusion. Un affichage 3D des calques est même proposé, dont l’intérêt est aussi limité que l’effet est amusant !

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Un mode «affichage de l’image plein pot» est disponible en tapotant simplement sur le bouton à droite de la barre du haut. Les palettes d’outils pourront également être escamotées. En général, l’ergonomie de Photoshop Touch est simple, mais pas simpliste : tout a été intelligemment pensé pour que l’utilisateur se concentre sur son image, sans se demander à quoi sert telle icône. Un grand pas en avant !

Au doigt et à l’oeil

Qui dit Touch dit évidemment tactile. Et Adobe a dû se plier à cette ergonomie bien particulière : pas facile quand on est accro à la souris et aux raccourcis clavier ! L’éditeur a cependant plutôt bien fait les choses, même si un irritant pénible gâche un peu l’expérience utilisateur : poser le doigt sur l’image active automatiquement l’outil sélectionné dans la palette; résultat, une fois sur deux, plutôt que de se mouvoir dans la photo, c’est l’outil qui fait son oeuvre, en général au mauvais moment et au mauvais endroit.

Pour se déplacer à l’intérieur de l’image sans risquer cette engeance (il reste heureusement possible d’annuler l’action précédente), on pourra poser deux doigts mais dans ce cas, l’utilisateur risque d’activer le zoom. Bref, il y a certainement un moyen d’améliorer la navigation à ce niveau.

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En revanche, Adobe a réussi son coup en proposant un pointeur optionnel, dont on n’activera la fonctionnalité désirée qu’en maintenant deux doigts (des deux mains ou d’une seule selon votre maîtrise) sur l’écran. C’est bien vu et très efficace, et surtout cela offre bien plus de précision, notamment avec les outils de sélection (lasso, pinceau, etc.) Il manque en revanche cruellement un outil de courbe de Béziers pour effectuer des détourages précis… Cette opération délicate est actuellement bien difficile à réaliser avec les outils disponibles !

L’outil Texte offre une petite sélection de polices, et il sera possible d’agrandir et de modifier l’apparence en tirant sur les poignées de la sélection, ou encore en appliquant un filtre.

Dans la colonne négative, on pourra glisser un fonctionnement a minima avec Photoshop CS5. Les deux logiciels ne communiquent pour ainsi dire pas : il faut en passer par le Creative Cloud, le nuage d’Adobe, pour récupérer ou téléverser une image à traiter sur l’un ou sur l’autre des applications. Et ce cloud n’est accessible que depuis un navigateur web ! Nul doute que le futur Photoshop CS6 (ou Bridge, ou n’importe quel autre membre de la Creative Suite) proposera le support intégré du nuage, mais en attendant on a vu plus simple.

L’inscription à Creative Cloud est gratuite et Adobe offre 2 Go de stockage.

Pour un fonctionnement optimal avec Photoshop CS5, il faudra installer au préalable le plug-in mis au point par Adobe (lien ci-dessous). Ce dernier permettra au logiciel de bureau de lire les fichiers .psdx générés nativement par Photoshop Touch, et qui conserve les calques des images éditées par l’app iPad. En revanche, et c’est particulièrement ballot, les fichiers .psd seront aplatis de Photoshop Mac à Photoshop iPad ! Il est impossible de sauvegarder ou d’exporter une image au format .psdx depuis la CS5…

Plug-in Creative Cloud pour la Creative Suite

L’utilisateur pourra exporter les images dans la galerie photo de l’iPad (aux formats .jpg ou.png), la partager sur Facebook, par courriel, ou encore l’imprimer grâce à AirPrint. Et bien évidemment, il sera possible de téléverser dans le nuage de Creative Cloud… Par contre, mauvaise surprise : le format maximal sera de 1 600 x 1 600 pixels, même si l’image originale est plus grande ! Espérons que ce «bouchon» sautera avec l’écran Retina de l’iPad 3.

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En ce qui concerne l’importation, outre la galerie photo de l’iPad et le cloud, Photoshop Touch propose de prendre une photo à partir des capteurs de la tablette (avec la qualité que l’on sait… Vivement les 8 mégapixels de l’iPad 3 !), et plus original encore : l’utilisateur pourra fureter sur Google Images et Facebook ! Les recherches sur le moteur de recherche sont très efficaces et on aura même la possibilité de sélectionner des images suivant une couleur. Une option très efficace !

Les défauts cités ci-dessus mis à part, auquel on rajoutera l’absence de localisation en français, Photoshop Touch se montre particulièrement capable et ressemble effectivement ce qui se rapproche le plus d’un éditeur d’images ultime pour tablette… Dommage que le fonctionnement avec la version Mac soit si peu efficace et transparente.

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Pour conclure

Les éditeurs graphiques actuellement disponibles sur iPad peuvent trembler : Adobe frappe un grand coup avec cette première version de Photoshop Touch ! Le logiciel se montre en effet agréable, très complet (même s’il y manque quelques fonctions d’importance comme les courbes de Bézier), et productif. On pourrait presque remiser Photoshop CS5 tellement la gestion tactile se révèle parfois plus efficace !

Cependant, là où Photoshop Touch pêche, c’est au niveau de sa relation pratiquement inexistante avec son grand frère de bureau. L’obligation d’en passer par un navigateur web pour transférer des fichiers entre les deux logiciels et la compatibilité très relative des formats natifs risquent de compliquer la vie des graphistes. On voit bien qu’Adobe veut préparer les esprits à l’adoption de la CS6, mais on aimerait que les utilisateurs de la CS5 ne soient pas les dindons de la farce.

Ceci étant dit, Photoshop Touch est une application autonome et très capable par elle-même. Surtout, son tarif le met à la portée de toutes les bourses. Une bonne surprise donc que ce logiciel, qui devrait de plus largement s’améliorer avec le temps.

Les Plus :

+ Ergonomie adaptée au tactile

+ Des outils bien pensés

+ Logiciel productif

+ Pas cher

Les Moins :

– Fonctionnement très limité avec Photoshop CS5

– Pas de localisation en français

– Compatible uniquement avec l’iPad 2

– Pas de courbes de Bézier

Note : 5/6

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