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Matériel

Le clavier magique

Votre clavier vous fait souffrir, vous le maudissez chaque jour du mal qu’il vous fait sans avoir encore trouvé de solution à ce douloureux poblème. Vous en avez assez d’avoir à aller chercher la souris à bout de bras toutes les trois secondes, de devoir solliciter votre seul index 234342432 fois par jour, mais comment faire autrement ? Comment ? Comme ça.

Calmusac

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Apposition des mains

Il y a quelques mois déjà[[Souvenez-vous : http://www.macplus.org/.]] que je lorgnais cet objet étrange, avec par devers moi l’envie d’y poser les doigts et le secret espoir que mon soulagement en découlerait. Pourtant, le sens des conventions qui enferment la plupart d’entre nous dans des certitudes venues du fond des âges m’empêchait de passer à l’acte jusqu’à ce que je décide de m’en libérer, ce qui, soit dit en passant et sans rapport avec ce qui va suivre, est toujours jouissif. Bref, je passais commande.

Un périphérique étonnant

Le TouchStream se posa sur mon bureau moins d’une semaine plus tard. Imaginez un clavier scindé en deux parties, inclinée chacune de 10 degrés par rapport à l’horizontale, sans aucune touche saillante, et offrant à chaque main un plateau sur lequel se (re)poser, les poignets disposant quant à eux de coussinets en silicone recouverte de mousse. Voilà ce qu’il en est, à quelques variantes près[[Le modèle standard est fixé sur un cadre métallique ; le modèle LP est posé sur ce cadre, mais peut s’ôter et se poser alors sur un portable, ou bien s’emporter en voyage ; pour finir un modèle spécifique Titanium est également disponible, qui remplace purement et simplement le clavier Apple]]. Le TouchStream est donc un périphérique d’entrée destiné à remplacer le sacro-saint couple clavier-souris. De type “zero-force”, les touches habituelles sont ici figurées sur chacune des surfaces planes ; pour “taper” une lettre il suffit de poser, même le plus doucement du monde, un doigt sur le dessin qui la représente. Finis les gestes brusques et les dislocations brutales des tendons de la main. La forme du TouchStream et son mode d’utilisation invitent par ailleurs à un changement de position de l’ensemble du corps. La majorité des utilisateurs de ce périphérique, dont votre serviteur, le posent en effet sur leurs cuisses ou leurs genoux ! Les bras reposent alors près du corps, dans une position fleurant bon le naturel, les mains dans le prolongement normal, posées quant à elles sur les surfaces de saisies, prêtes à travailler, sans aucune torsion du poignet. Cette position réduit singulièrement, sans toutefois permettre de l’éviter à coup sûr, les risques d’apparition de syndrome du canal carpien.

Et la souris là-dedans ?, vous entends-je murmurer. C’est toute l’astuce : le TouchStream n’est pas qu’un clavier Zero-Force, il permet en effet de remplacer très avantageusement une souris.

Ainsi font, font, font…

Si l’apposition d’un doigt sur une lettre de la surface place provoque sa saisie, des combinaisons de doigts permettent d’effectuer de multiples opérations, par exemple tout ce que vous pouvez faire avec une souris, mais aussi d’autres choses comme des raccourcis-clavier. Le TouchStream est en effet fourni avec trois pages de dessins explicatifs, afin de vous enseigner son usage optimal, ainsi que certaines combinaisons propres à certains logiciels comme Maya, ou groupes de logiciels, comme les traitements de texte.

L’apprentissage des combinaisons pourrait sembler long et fastidieux. Il l’est beaucoup moins qu’il n’y paraît. En effet, les combinaisons ont été étudiées avec un très grand soin, et la plupart s’avèrent étonnamment intuitives. Ainsi, pour masquer une application, il faut poser quatre doigts simultanément sur la surface droite puis les faire glisser en tournant légèrement… de la même manière qu’on déplacerait une feuille posée sur un bureau pour voir ce qu’il y a dessous. Ce geste a par ailleurs l’avantage insigne de vous faire passer pour Tom Cruise dans Minority Report auprès de vos amis ébahis.
Songez un instant au nombre de fois où vous double-cliquez dans une journée, au nombre d’opérations répétitives effectuées par votre seul et unique index sur la souris. C’est proprement hallucinant ! Le TouchStream pourra vous être d’un grand secours en la matière. Le pointeur se dirige avec deux doigts [[Usuellement le majeur et l’index, mais vous pouvez utiliser les doigts que vous voulez, le TcouhStream ne reconnaît que les points de contacts sur sa surface, pas les doigts qui les provoquent]], on double-clique avec trois doigts alignés, on ouvre les menus contextuels avec trois doigts dont deux alignés et un en dessous (le pouce en général) ; vous avez l’idée.

Les tests établis par l’équipe de FingerWorks indiquent que la majorité des débutants maîtrise les combinaisons de base en à peine une heure d’utilisation, et cela nous semble tout à fait probable. Ces mêmes tests estiment qu’un utilisateur habitué aux claviers traditionnels met de trois à cinq semaines avant de retrouver sa vitesse de frappe moyenne. Là encore cela nous semble réaliste, même si votre serviteur, qui doit à une grande habitude de saisir plutôt rapidement ses lettres, insiste sur la très grande frustration des premières semaines. Attendez-vous à pester vertement à force de taper systématiquement sur la touche juste à côté de celle que vous visez… en effet, un clavier traditionnel vous fait oublier que vos doigts sont courbes et ne possèdent pas beaucoup de degrés de liberté dans leur mouvement. En position naturelle, si votre annulaire droit est au-dessus du L et que vous l’abaissez, il arrivera inévitablement sur… le K. C’est très énervant, mais le changement de position qui découle d’une bonne utilisation de ce clavier, et qu’il induit d’ailleurs naturellement, est extrêmement salutaire. Cinq semaines plus tard vous ne devriez vraiment pas le regretter.

Faites vous du bien…

… car cela ne fait pas de mal ! Bien au contraire. Permettez-moi à présent de vous entretenir de ma petite personne. Votre serviteur, autrefois pianiste classique, traînait de cette période, et depuis de longues années, une tendinite chronique partant du majeur et de l’auriculaire droit jusqu’aux attaches des tendons en question, dans le dos. L’utilisation quotidienne d’un clavier informatique, très souvent pendant huit à dix heures d’affilée, n’arrangeait rien au problème, bien entendu. La souris s’avérait particulièrement pénible en fin de journée. Le TouchStream m’a été d’un immense soulagement et la tendinite commence à se guérir, si rapidement que c’en tient presque du miracle. Bien évidemment, ceci ne saurait constituer une garantie et il existe de nombreux cas dans lesquels l’utilisation de ce périphérique n’arrangera rien. Si vous souffrez d’un mal de ce genre, consultez votre praticien préféré avant d’acquérir le TouchStream.

Des claviers pour tous les goûts

Orienté à l’origine vers le marché des professionnels de l’informatique, le TouchStream est disponible en plusieurs claviers : le classique “qwerty” américain, nationalité oblige, ainsi que le “dvorak” très en vogue chez les programmeurs. Depuis peu, et devant le succès rencontré par ce produit, FingerWorks propose des claviers norvégiens, allemands, canadiens bilingues et… français. Par ailleurs, il est compatible Mac, PC et Linux, mais si l’affichage des lettres et symboles est respecté selon le système d’exploitation sélectionné, les dessins sur la surface suivent eux le format PC. Pour les utilisateurs de Mac que nous sommes, cela signifie que le symbole alinéa (§) par exemple s’obtient bien en posant le doigt sur le 6, mais le TouchStream vous indique à cet endroit-là un tiret (-) et le pipe (|). Si vous connaissez votre clavier presque par coeur, cela ne pose aucun problème. Dans le cas contraire, ce peut être parfois très déroutant. Contactés à ce sujet, les constructeurs nous ont répondu être au courant de ce problème, mais l’adaptation des dessins est relativement coûteuse, et ils attendent que les professionnels “locaux” entament les marchés pour ensuite avoir les moyens de proposer des claviers optimisés (les professionnels en question connaissent leur clavier par coeur, ce n’est donc pas un frein pour eux). Pour finir, signalons également que le TouchStream dispose d’un mode “jeux”, avec des combinaisons spécifiques, là encore très ergonomiques et qui soulagent grandement les doigts, même si le temps d’adaptation est assez important.

Conclusion

Le TouchStream, à l’instar des produits de FingerWorks, est un périphérique réellement étonnant, bien loin du gadget pour technophile riche et trendy. C’est un outil de saisie aussi adapté au corps humain et respectueux de lui que les interfaces Macintosh peuvent l’être de son esprit. Son prix est évidemment élevé, mais cela est principalement dû à sa rareté ainsi qu’à la technologie, développée tout exprès pour lui, qui l’équipe. Cet excellent périphérique se destine aux utilisateurs avertis, professionnels du graphisme, de la programmation ou des traitements de texte[[Les non-professionnels pourront se tourner avantageusement vers certains autres produits, comme les iGesture.]]. Son ergonomie étonnante devient indispensable en quelques semaines d’utilisation, et son utilisation tout à fait naturelle. Au final, il s’agit d’un périphérique de saisie extrêmemement efficace, et relaxant !


Pour :
– la puissance de saisie
– le confort d’utilisation (et la disparition de la souris !)
– les combinaisons de touche et la personnalisation

Contre :
– l’absence de dessin de clavier français Mac

On aimerait bien :
– une version sans fil, afin de dégager totalement le plan de travail

Prix : 339$ – si jamais vous envisagez cette acquisition, ovus serez certainement content de lire auparavant les contributions et la proposition faites dans nos forums.
Site du constructeur : http://www.fingerworks.com/
Retour d’utilisateurs (notamment souffrant d’un problème mécanique) : http://www.fingerworks.com/