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Aperture 3 : le test

La post-production photo pour les pros… et les amateurs passionnés : pari réussi pour la 3e version d’Aperture

Boro

Publié le

 

Par

Collimateur

200 nouveautés.C’est le chiffre qui semble désormais représenter le minimum syndical chez Apple, plancher marketing en deçà duquel de la firme de Cupertino n’ose plus présenter une mise à jour de ses produits logiciels. Le 3e opus d’Aperture ne déroge pas à la règle.

Voici deux ans, Apple avait souhaité s’adresser également aux amateurs passionnés, et non plus aux seuls photographes professionnels avec la 2e version de son labo électronique. Ce fut le cas notamment grâce à la rationalisation de son interface utilisateur, mais également avec le choix de rendre son tarif nettement plus accessible… surtout si on le compare à celui pratiqué par Adobe avec Lightroom, son principal concurrent sur la plate-forme. La formule a du donner satisfaction, puisque La Pomme poursuit dans cette voie, tout en faisant monter en puissance la capacité de son logiciel de traitement.

Le concept à la base du développement des deux logiciels, sortis en 2005 à quelques mois d’intervalle, est simple : il s’agissait de s’inspirer des habitudes de travail dans un labo photo analogique pour regrouper dans une seule application l’ensemble des tâches auxquelles sont à présent soumis les photographes allèrent du numérique, depuis le développement du « négatif » jusqu’à l’archivage des clichés, en passant par le traitement des tirages et la « repique » éventuelle des clichés. Bien entendu, Avec un gros FOCUS sur la photographie de mariage, Aperture gère aussi depuis l’origine la diffusion des tirages numériques, que celle-ci se fasse par l’impression sur des profits d’imprimante calibrés ou par l’édition de livres numériques et de pages Web spécifiques, proposés aux invités. (On pourra lire également l’interview d’Oren Ziv, réalisée lors de l’annonce de la sortie du logiciel).

En somme, Apple n’a eu de cesse depuis le lancement, assez mouvementé au vu des piètres qualités du rendu du tout premier moteur de développement RAW, de pousser plus loin l’analogie avec le labo photo de papa, ses cuvettes et ses paillasses, à la fois en enrichissant son logiciel de nouvelles fonctionnalités qui « numérisaent » les pratiques anciennes, mais également en simplifiant l’interface de celui-ci. Disons-le tout de suite, avec cette version 3 d’Aperture le pari est réussi.—–

 Prise en main

Dans la boite, un DVD sur lequel on trouve, outre le logiciel (comptez 1Go), une documentation au format PDF accompagnée d’une librairie d’exemple de 7Go. Si Apple n’a jamais été très bavarde dans ses documentations (papier ou PDF), il faut souligner que sans être exhaustive, ce livret est fort utile pour le nouveau venu.

A la première ouverture, l’utilisateur se voit proposer la création d’une photothèque entièrement vierge en choisissant les clichés qui seront importés, ou bien d’aller les chercher dans photothèque iPhoto. Côté interface, si Aperture reprend le design sobre de la gamme logicielle professionnelle d’Apple (Final Cut Studio, Logic Pro), on remarque tout de suite l’effort d’ouverture réalisé vers le monde grand-public : les commandes les plus usuelles son immédiatement accessibles grâce à une barre d’outils aux larges icônes. Au premier contact l’utilisateur de iPhoto ne sera donc pas tout à fait perdu, à ceci près que la barre d’outils «principale» est située par défaut à la gauche de l’écran principal de visualisation.

Principes de fonctionnement

On l’a vu, le postulat de départ était la métaphore d’un laboratoire de développement photo dématérialisé, à l’instar du bureau électronique du Macintosh de 1984 ou, plus près de nous, du banc de montage de Final Cut. Un effort particulier a été fait pour retrouver les outils traditionnels et les «gestes» du laboratoire «chimie et papier».

Chacune des étapes du flux de travail du photographe est donc regroupée ici, depuis le développement du «négatif» numérique  – le fichier RAW – jusqu’à la sortie-papier sur l’imprimante, en passant par la sélection des clichés, les ajustements, les retouches et les recadrages, mais également le classement et l’archivage grâce aux métadonnées, et enfin le partage des images sous toutes ses formes : web, mail, réseaux sociaux, impression à la demande ou sur site.

De même, chacune des opérations intervenues sur la photo d’origine est «non destructive», un peu comme avec iPhoto, à ceci-près qu’il est possible d’intervenir sur des lots, ici baptisées «piles», ou d’exporter réglages ou métadonnées d’un tirage à l’autre. Les «originaux», véritables «négatifs numériques», sont rangés dans une bibliothèque spécifique après importation des métadonnées issues de l’appareil et «développement» du format RAW par le moteur du logiciel. A la différence d’iPhoto, celle-ci peut se trouver sur un autre disque de travail, à distance, voire partagée par plusieurs machines.—–

Interface

Comme on l’a dit, Aperture s’est efforce de reproduire l’environnement de travail du labo analogique et ses outils lorsque cela était possible et, comme c‘est de plus en plus le cas dans les applications «prosumer» de la marque, l’écran de travail s’organise autour de la fenêtre du document travaillé, d’une barre de menu horizontale et d’un inspecteur présenté à la verticale. Grâce à 3 onglets, celui-ci permet l’accès aux fonctions de présentation (Photothèque), de classement (Métadonnées) et de correction (Ajustement).

Aperture peut importer des événements ou des dossiers iPhoto ; dans ce cas, chaque «évènement» deviendra un «Projet», et les éventuels albums, lieux et visages seront aussi de la partie. Attention : il faudra s’armer de patience lors de l’importation, le processus est long et vorace en consommation CPU… Dans ces Projets, il est possible de regrouper les clichés sous forme de dossiers ou d’albums, mais également les organiser sous forme de livre-photo, de page ou de journal-web ou de diaporama pour les partager, ou de table lumineuse pour choisir les clichés.

Nouveautés

200 nouveautés, ce n’est pas rien, il il ne sera guère possible de les passer toutes ici en revue. On peut néanmoins souligner que les équipes d’Apple ont su à la fois intégrer de nouvelles fonctions bienvenues, poussant plus loin la vocation professionnelle du logiciel, tout en rendant son interface plus accessible en direction des «amateurs avertis» à qui elles entendent également s’adresser depuis la version 2… et des vétérans du labo argentique. On peut citer ainsi le «relookage» de la loupe, plus conforme désormais à l’aspect du traditionnel compte-fil, ou l’arrivée de l’outil «pinceaux» qui fournit avec 15 pré-réglages un véritable atelier de «repique». Enfin, Aperture 3 sacrifie à la tendance du moment qui voit l’intégration aux produits professionnels de certaines facilités d’abord proposées au grand-public.

Pinceaux : non destructifs et sachant appliquer des à-plats sans déborder sur un arrière-plan, les pinceaux font partie des nouveautés les plus saillantes de cette troisième livraison et vont beaucoup plus loin que le précédent outil de retouche.

Il est ainsi possible d’intervenir sur la densité de certains détails en faisant «monter» certains détails «brûlés» dans les hautes lumières, ou au contraire diminuer l’exposition de certains autres, «flouter» un arrière plan trop présent ou corriger spécifiquement les défauts de carnations sur un portrait, tout en jouant sur l’intensité de l’application et en restant capable de moduler ses effets.

On peut du coup non seulement tirer la quintessence d’une d’une photo techniquement parfaite pour en faire un véritable tirage d’exposition, mais il est également désormais possible de «rattraper» et de rendre présentable un cliché «sympa», saisi à la volée mais techniquement raté, les automatisme de l’appareil ayant été franchement pris en défaut (voir la galerie).—–

Visages et lieux

Lors de la présentation de iPhoto ’09, ce furent les deux nouvelles fonctions phares du logiciel de la suite iLife. Intégrée à Aperture, pas de de révolution mas ici aussi la souplesse est au rendez-vous, en particulier pour “Lieux” qui gagne en outre en précision. 

Outre la gestion des données GPS intégrées aux images, Aperture permet d’importer un fichier log GPS ou de placer des points de repère à partir des images d’iPhone 3G pour ensuite y assigner les images de l’appareil de son choix. Le déplacement d’un point déjà existant, se fait aussi sans encombre… 


Pour ce qui est de “Visages”, la fonction est amusante au début mais son utilité reste à démontrer… Malgré un temps de traitement conséquent à l’importation, il faudra ensuite passer du temps à valider les visages reconnu par le logiciel, voire les signaler manuellement… baucoup de temps pour une fonction qui devrait-être transparente… Notons pour les utilisateurs de Facebook que les noms des photographiés seront exportés avec l’image et disponible sur le réseau…

Gestion Vidéo, et diaporama

Alors que la vidéo HD débarque en masse sur le marché des appareils reflex, Aperture suit cette tendance et prend en charge les séquences issues de ces boitiers. Si L’intégration est plutôt réussi que ce soit à l’importation, la navigation -où il est possible de les visionner mais aussi de le monter sommairement (fonction trim)- mais c’est dans l’outil de création de diaporoma que cela prend tout son sens. Il y est désormais possible d’assembler ensemble photos, vidéos et son de manière poussée, on retrouve de quoi réaliser une véritable séquence multimédia exportable en H.264 du format iPhone au HD 1080. Regrettons tout de même l’absence de la compatibilité des vidéos tournée au format vidéo AVCHD que l’on trouve par exemple sur les boitiers Panasonic Lumix.

Partage des images

Outre l’évident fonctions d’exports des copies de travail dans le format de son choix, l’envoi par mail et la création de gallerie Web, Aperture se voit doté de fonctions de publication vers Flickr, Mobile Me et Facebook. Notons toute fois que sur Flickr, si les coordonnées GPS sont bien exportés, le module ne prend pas en charge les vidéos. De plus toute image modifiée dans la photothèque et présente dans un album flickr sera synchronisée, c’est bien mais on aimerait avoir le choix !

L’outil de création de livres se voit désormais liée à Lieux et permet ainsi d’insérer une carte. Il est aussi possible de faire appel à des plug-ins extérieurs.
Quant à la fenêtre d’impression, elle offre tout ce qu’il faut pour imprimer sérieusement ses photos. Gestion des marges et de la taille en drag n’ drop, option des méta-données à imprimer, du profil colorsync. On peut facilement et très rapidement obtenir les tirages souhaités.—–

Conclusion :

Pour un photographe amateur, muni d’un appareil travaillant au format RAW et utilisateur de Mac, Aperture est sans aucun doute le logiciel de choix. Doté d’une large palette de fonction et d’une flexibilité propre aux outils professionnels, Aperture reste néanmoins plutôt facile d’accès.
A cet égard, Apple a très habilement su favoriser la transition avec iPhoto, tout en s’inscrivant dans la tendance actuelle de l’industrie de la photo qui intègre aux boîtiers pro un nombre croissant de facilités apparues en premier lieu sur les matériels amateurs, comme les compacts évolués ou les Reflex d’entrée de gamme. Enfin, le prix de 199 € – inférieur d’un tiers à celui de Photoshop Lightroom lequel tutoie la barre symbolique des 300 € – n’est pas non plus à dédaigner.

En ce qui concerne les professionnels, et même si la dimension du ticket de caisse n’est pas non plus à négliger, c’est sans doute le degré de «verrouillage» vis-à-vis de la gamme Photoshop qui fera pencher la balance en faveur d’Aperture ou de Lightroom… si l’on fait abstraction du matériel utilisé : Aperture ne fonction bien entendu que sur Mac OS X, mais il se montre encore assez gourmand en ressources. On doit en effet lui reprocher un manque de réactivité sur des machines “standard” (MacBook Pro Core 2 Duo 2.2GHz), le confort d’utilisation s’améliorant fort heureusement avec la puissance de la machine (MacBook Pro Core 2 Duo 2,8 GHz ou iMac Core 2 Duo 3,06), et ses besoin important en RAM (difficilement utilisable avec moins de 4 Go) : la navigation dans des bibliothèques –des projets – un peu lourds est de fait assez rapidement ralentie par l’affichage des vignettes.

Autre regret, malheureusement de plus en plus fréquentes avec les produits destinés par la Pomme aux professionnels, les scories et imperfections qu’il a fallu attendre jusqu’à la version 3.0.3 pour voir nettoyées, comme en témoigne sur les notes de versions la liste des bugs corrigés. Dans le même ordre d’idée, Aperture 3 reproduit les difficultés rencontrées par iMovie 8 et 9 avec le format AVCHD générés par les appareils Lumix (Panasonic) ou Sony, et pourtant résolues depuis dans une certaine mesure sur la suite iLife…

En revanche, son intégration poussée à Mac OS et avec l’ensemble de l’environnement Apple (iPhone, iLife, MobileMe) mais également avec Flickr, FaceBook ou tout simplement le mail est réellement appréciable. A l’autre bout de la chaîne, la clarification de la fonction d’importation des images, la possibilité d’appliquer automatiquement un certain nombre de pré-réglages de correction sont également un atout significatif, tout comme les pinceaux et la simplification d’un certain nombre d’outils.

Dans le même ordre d’idées et parmi les pistes à explorer, on aurait aimé par exemple la possibilité d’appliquer des «filtres», réchauffants ou refroidissants, de façon simplifiée et sans avoir besoin de passer par l’outil de colorimétrie, ou bien la possibilité d’appliquer un effet reproduisant les caractéristiques colorimétriques ou sensitométriques d’émulsions comme l’Ilford PanF, ou bien la TriX ou la Kodachrome de Kodak par exemple, à la manière de ce que propose déjà DxO…


interface “comme au labo”

outils pinceaux non destructifs

automatismes paramétrables

interface claire et lisible

Gestion des vidéos

fonctions “lieux”

prix accessible



Nécessite une machine musclée

Pas de support du format AVCHD

Export Flickr limité