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Événement

Tim Cook, les rênes bien en mains

Avec des ventes d’iPhone de nouveaux en hausse et un audacieux “split” de l’action AAPL, Apple poursuit sa relance

Boro

Publié le

 

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Si la période récente a été l’occasion pour un certain nombre de crocodiles du marigot boursier (ou pour leurs thuriféraires) de réclamer la tête de Tim Cook et de Peter Oppenheimer pour en quelque sorte « absence de génie créatif supérieur », la dernière présentation des résultats a été au contraire l’occasion pour le duo de montrer non seulement sa compétence, mais également toute son habileté manœuvrière, laquelle n’a pas grand-chose à envier à celle déployée du temps de Steve.

Bien entendu, les résultats de ce trimestre sont encore une fois très satisfaisants, à l’exception notable de l’iPad sur lequel nous allons revenir, et alors même que Samsung son principal concurrent doit faire face à l’essoufflement de son modèle économique. Or, c’est principalement sur le front de l’iPhone et des services qui lui sont associés que sont venues les bonnes nouvelles. L’iPhone se remet à gagner du terrain partout dans le monde, non seulement sur des marchés matures en plein renouvellement, ce qui représente un point fort traditionnel de la marque à la pomme, mais également sur les marchés émergents et singulièrement la Chine continentale, sur lesquels elle était censée venir se perdre tel un désert des Tartares…

Le reste n’est qu’anecdote : 45,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour un bénéfice de 10,2 milliards, soit 11,62 dollars par action, et une marge brute de 39,3 % malgré une recherche et développement en progression constante.

En ce qui concerne l’iPad, c’est avant tout sur le marché de détail que la pomme a pour la première fois accusé un recul de ses livraisons aux différents circuits de distribution, alors même que pour la première fois aussi elle avait réussi au trimestre dernier à fabriquer suffisamment de tablettes et à les acheminer à temps pour satisfaire la demande de la saison de Noël. Paradoxalement, l’iPad semble vouloir se tailler la part du lion sur le marché de l’entreprise – le chiffre de 98 % des entreprises du fortune 500 utilisant l’iPad a été cité – ainsi que sur le marché de l’éducation où Apple affiche une insolente part de marché de 95 % aux États-Unis, et des débuts extrêmement prometteurs à l’étranger. Pour autant, et sur le seul marché de détail aux États-Unis, Apple a cependant capté pas moins de 46 % des ventes.

Cet « embarras » dans la mécanique de distribution d’ordinaire bien huilée de la firme n’est pas sans rappeler les difficultés rencontrées par l’iPhone voici 2 ans, alors que, après une première phase d’exploration du marché la demande semblait vouloir s’orienter vers des terminaux moins onéreux, en apparence plus séduisants, proposés par ses concurrents regroupés autour d’Android. Or, après cette 2e phase, les ventes d’iPhone semblent vouloir résolument repartir à la hausse, en particulier sur ce qu’il est convenu d’appeler les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) ainsi que d’autres marchés émergents : plus 61 % pour le Brésil, plus 97 % pour la Russie, plus 56 % pour la Turquie, plus 55 % pour l’Inde et même un assez incroyable plus 262 % au Vietnam, et ce alors même que le prix moyen de vente de l’iPhone ne baissait que de 41 $ par rapport au trimestre précédent : même si l’iPhone 4s a été l’un des points forts sur lequel Apple a pu s’appuyer, il n’a pour autant pas « cannibalisé » les modèles plus onéreux. L’effet de halo qui nimbe les produits de la pomme semble d’ailleurs toujours fonctionner à plein puisque, outre les 28 % de hausse de l’iPhone, le Mac fait 13 % de mieux sur un trimestre où l’ensemble du marché du PC perd lui pas moins de 8 %.

Mais c’est néanmoins autour de la montagne de cash générée trimestre après trimestre par les produits mis au point à Cupertino, et qui n’a pas manqué de faire saliver tout ce que le marigot de Wall Street comptait de crocodiles avec tous une idée derrière la tête quant à son utilisation, que Tim Cook a su montrer à quel point il était le patron et que, contrairement à d’autres successeurs de « bâtisseurs d’empire par accident », il avait été placé à son poste pour ses capacités réelles à diriger l’entreprise.

Outre l’extension du programme de rachat d’actions et de distribution de dividendes annoncé hier soir, à même de faire taire les boursicoteurs les plus impatients, l’annonce du « Split » de l’action en 7 nouveaux titres AAPL en juin prochain est un coup de maître, tellement énorme que nous en avons fait hier soir un contresens. D’une part il contribue à limiter la volatilité du cours, parfois ballotté autour de rumeurs plus ou moins bien intentionnées et alors que les fuites autour des nouveaux produits ne vont sans doute faire que s’accélérer à mesure que s’approchent d’une part la WWDC et d’autre part la rentrée de septembre. D’autre part, et alors que les différentes dispositions autour des dividendes distribués et du maintien du cours par le rachat d’actions profitent également aux salariés qui bénéficient d’un intéressement autour de stock-options, la division du titre permet non seulement de gratifier les salariés et les dirigeants déjà présents dans l’entreprise et que l’on veut retenir, mais donne également des munitions en quantité pour attirer à Cupertino les nouveaux talents de « classe A » dont l’entreprise a besoin pour se développer, à présent qu’il est évident qu’elle a surmonté sa crise de croissance.

Il reste maintenant à découvrir le principal, qui fait tout l’intérêt de suivre au jour le jour l’actualité de cette marque pas comme les autres et que Tim Cook a une nouvelle fois promis à mots à peine couverts : des produits ! Des produits ! Des produits !