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Prospective

Hal s’appelera-t-il Macintosh ? (3)

Un tel ordinateur utilisant ce modèle de fonctionnement représente une
véritable rupture paradigmatique par rapport à ceux que nous
connaissons, et n’est sûrement pas pour lundi, ni peut-être même pour janvier prochain. Mais si les fameuses piles sont présentes sur Panther, un pas signicatif aura été franchi. Et comme pour chaque avancée majeure, les risques encourus sont à la mesure des progrès attendus…

Boro

Publié le

 

Par

Cupertino ne fait plus mystère de ses ambitions en ce qui concerne le
marché professionnel sur lequel il avait lentement dévissé depuis le
rendez-vous manqué du G4, et celui des serveurs qu’il aborde
avec la virginité d’un challenger qui brûle de faire ses preuves. Pour
cette raison comme pour des questions de disponibilité de processeurs et
de réaménagement de gamme, ces Macintosh d’un nouveau type ne serons pas
dans les foyers avant un certain temps après leur lancement, Apple en réservant la primeur à ses clients très demandeurs de puissance de calcul.

Les potentialités offertes par un système d’exploitation capable de
ré-organiser en permanence de façon dynamique les données produites, sur
des critères de contenu et non plus seulement formels, sous-tendues par
une architecture matérielle capable de les traiter en parallèle en temps
immédiat, dans des unités de calcul modulaires composées d’ordinateurs
de grande diffusion et relativement bon marché sont immenses et sont un
réel défi à l’imagination… à commencer par celle des chercheurs et des
chefs de produits. Même si le traitement des données sur les contenus
par l’ordinateur n’en n’est certes qu’à ses premiers balbutiements, un
certain nombre de domaines d’applications sont d’ores et déjà
immédiatement envisageables :

Les bases de données relationnelles, et leur consultation en langage
intuitif, un peu sur le modèle des Pages Jaunes de France Télécom ;
les bases de données sont de plus en plus souvent connectées en réseau
et interrogées par un public non spécialiste : l’interrogation de telles bases ou d’un
catalogue en ligne sur des critères naturels et non plus sur des clés de
tri définies dès le départ par le développeur, serait une application naturelle, quitte à faire préciser au fur et à mesure la recherche…

La recherche fondamentale, notamment en Sciences de la Vie. La
recherche génétique en particulier, où l’attribution de l’expression de tel ou tel caractère, sous le contrôle de tel ou tel gène et le plus souvent sous l’influence de
plusieurs autres et de nombreux facteurs liés au milieu est parfaitement
adaptée à ce type de fonctionnement analogique. La recherche
pharmacologique est elle-aussi intéressée au premier chef, dans la
mesure où le moindre changement dans la configuration spatiale d’une
molécule, ou la disparition ou l’ajout d’un atome dans la chaîne peut
induire des effets totalement opposés…

En définitive, tous les domaines de la recherche conceptuelle, où
l’ordinateur pourrait effectuer un certain nombre travaux de tri et
d’associations préparatoires, en fonction du style cognitif du chercheur
et de sa façon de intellectuelle de fonctionner, à l’image d’un
doctorant pour les publications de son laboratoire d’accueil… ou de
son directeur de recherche ;-). Or, si l’on y adjoint des éléments de
probabilité et de logique floue, les possibilités qui s’ouvrent sont
vertigineuses, que ce soit dans le domaine de l’image de synthèse et de
la 3D que de la construction de modèles prévisionnels…

La proposition piagétionne d’une épistémologie génétique, c’est à dire d’un développement du jeune enfant comparable à celui de l’Histoire des Sciences et des Techniques peut ainsi être regardée de l’autre point de vue : celle-ci n’est en aucun cas continue, mais faite de paliers, voire de crises de développement, de phases en apparence plus statique d’assimilation, d’accomodation puis de généralisation à d’autres domaines des progrès accomplis, avant de se projeter à nouveau vers l’avant.
Or il semble que nous soyons à nouveau à l’orée d’une phase plus dynamique.

Mais ne nous y trompons pas. Si ce modèle de fonctionnement analogique,
par rapports de contiguïté permet d’entrevoir la résolution de problèmes
par les ordinateurs de façon heuristique et non plus
logarithmique, ce qui est en quelque sorte la pierre philosophale de
l’Intelligence Artificielle, il est aussi porteur d’un Enfer
potentiel… Imaginons qu’un gouvernement, n’importe lequel, appelons-le
“Gouvernement Central” disposant des moyens de capter la quasi-totalité
des communications de la planète se mette à examiner la quantité
colossale d’information qu’il a les moyens de détourner avec ce type de
traitement de contenus… Ou qu’une grosse société privée très largement
leader dans son secteur d’activité, appelons-la “La Firme”, et
proposant d’implanter sur chaque ordinateur un système de sécurité,
appelons-le “Sauf-Conduit”, capable de rendre compte des opérations
effectuées par cet ordinateur. Que diriez-vous si elle se mettait en
tête de développer un tel système de métadonnées associées aux fichiers
produits grâce au système qu’elle commercialise… Voire même une
coopération entre les deux?…

Sans pour autant verser dans la science fiction ou le
scénario-catastrophe, tout ceci n’est pourtant pas si loin de la
neuromatrice de Maurice Dantec dans Les Racines du Mal ou de
Hal dans 2001, Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrik. Pour autant,
pose néanmoins encore davantage à présent la question des demandes
d’expertises de plus en plus poussées vis-à-vis des systèmes
informatiques, et du recul nécessaire vis-à-vis des réponses de
ceux-ci… tout comme se pose nécessairement à terme la question de la
représentation de son propre fonctionnement par un ordinateur dans le
quel on a introduit la notion de contenant et de contenu de pensée… 😉

Plus, sérieusement, il est clair que ce système va rapidement
représenter le centre du Hub numérique d’ Apple, avec un effacement de
plus en plus effectif de l’ordinateur lui-même. Peut-être même était-ce
ce que Steve Jobs avait à l’esprit lorsqu’il a présenté le concept. La
meilleure preuve de son adoption à très court terme par Apple sont sans
doute les gros nuages de vaporware qui recommencent à s’échapper du
siège de Redmond [[Ah bon, je ne vous en avais pas parlé? ;-)]] sur ce
thème, chose qui n’était pas arrivé depuis bien longtemps. Et une fois
de plus, il ne nous reste plus qu’à attendre la suite avec impatience…

La suite arrive peut-être plus vite que prévu :
Hal et le Mac (4)

Mais le début est ici :
Hal et le Mac (1)
Hal et le Mac (2)
Hal et le Mac (3)

Liens :
interview de François Rondeau à propos du Xservechez
MacGé

The WinFS File System For Windows Longhorn: Faster &
Smarter