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Prospective

Le très haut débit dans le 92

À la suite de l’annonce du Conseil Général des Hauts-de-Seine (92), stipulant que le
département le plus riche de France allait s’équiper d’un réseau Internet très haut débit basé sur la fibre optique.

MacGregor

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Nous avons donc procédé à une interview du responsable de ce projet. Jean-Jacques Guillet, Conseiller général en charge du Très Haut Débit, a donc répondu à nos questions.

MacPlus : Quelle est la motivation principale ayant présidé à la conduite d’un tel projet ?

Jean-Jacques Guillet : L’enjeu de notre projet c’est de faire des Hauts de Seine l’un des territoires leaders en Europe et parmi les plus avancés dans le monde en matière de desserte très haut débit. Techniquement, il s’agit d’accélérer l’arrivée de l’après-DSL, c’est-à-dire la fibre optique dans la boucle locale.

Sur le plan concurrentiel, l’action du Conseil général vise à préserver durablement les acquis du dégroupage DSL, c’est-à-dire de favoriser le développement d’une offre compétitive et dynamique pour les citoyens et les entreprises.
Ce projet s’intègre dans notre volonté de soutenir et renforcer l’attractivité du Département.

Il s’agit de permettre à la filière du secteur Télécoms, Informatique et Audiovisuelle des Hauts de Seine (plus de 130 000 emplois) de développer son excellence et sa valeur ajoutée dans le domaine des nouveaux services liés au Très Haut Débit (TVHD, Visiophonie, Sécurisation informatique, travail collaboratif, santé, formation …). C’est un enjeu majeur pour le développement économique notamment pour l’innovation et la compétitivité au niveau international des secteurs du service et de l’industrie.

Enfin, le projet vise également au développement d’une offre performante et innovante en matière de services publics.

MacPlus : Quel est le coût d’un tel déploiement et qui va le financer ?

Jean-Jacques Guillet : Le Conseil général souhaite mettre en place une démarche qui implique les acteurs privés à travers un partenariat public-privé dont le montage précis sera construit au cours de l’année 2006.

Sans préjuger de l’issue de ces procédures, on peut indiquer que l’investissement sera donc d’abord le fait du partenaire auquel sera délégué la mise en place du réseau. Mais le Conseil général – qui assignera au réseau des obligations de service public – n’exclue pas de le subventionner.

MacPlus : De quelle manière comptez-vous le rentabiliser, qui seront vos futurs clients ?

Jean-Jacques Guillet : Comme je viens de l’indiquer, le déploiement et l’exploitation du réseau seront le fait d’un délégataire. C’est lui qui le commercialisera. Ses clients seront notamment les opérateurs de services (Fournisseurs d’accès internet, opérateurs télécoms, opérateurs de réseaux câblés, nouveaux acteurs de l’offre type ASP destinés aux professionnels, par exemple) qui commercialiseront ces services auprès des usagers finaux.

MacPlus : A partir de quelle date seront disponibles les premières offres commerciales pour les particuliers du 92 ? Et quels seront les tarifs ? De même quelle sera la zone de couverture sur le département ?

Jean-Jacques Guillet : Les délais de déploiements seront aussi au cœur de la procédure qui en 2006 aboutira au choix d’un partenaire – délégataire, et à la définition du cahier des charges sur lequel celui-ci s’engagera.

Le projet du Conseil général est un projet anticipateur, de long terme. La décision prise le 20 octobre a lancé un projet, dont nous allons affiner le cahier des charges dans les semaines qui viennent.
En termes de tarifs, un réseau FTTB (Fibre directement au pied des immeubles) doit viser le niveau du DSL, sachant que le prix pour l’usager dépendra, bien sûr, des services supplémentaires offerts par l’opérateur.

Le projet concerne l’ensemble du département car c’est la vocation du Conseil général d’aménager le territoire de manière équitable, et non en fonction de la rentabilité présumée de telle ou telle zone.

MacPlus : La technologie ADSL (quelles que soient les variantes) permet des débits importants mais inégaux en fonction de la distance de l’abonné au DSLAM. Avec votre réseau de fibre optique, ces inégalités perdureront ou bien l’ensemble des foyers du 92 sera desservi à « même vitesse » ?

Jean-Jacques Guillet : Le projet THD est destiné à préparer l’après-ADSL. Il doit donc dépasser les limites de cette technologie (notamment l’inégalité de performances selon l’éloignement des abonnés), grâce à l’acheminement de la fibre optique au plus près de chacun, notamment jusqu’aux immeubles.

MacPlus : Vous comptez déployer votre réseau hors des limites départementales ?

Jean-Jacques Guillet : Non. Le Conseil général agit dans le cadre de ses compétences. Il agira, sur le territoire des Hauts-de-Seine, en coopération avec l’ensemble des collectivités, communes et syndicats de communes et en concertation avec la Région et l’Etat. Cependant notre projet aura, nous en sommes conscients, un effet plus large, incitant les acteurs du marché à faire évoluer leur offre au-delà du territoire Alto Séquanais.

MacPlus : La technologie ADSL est asymétrique, c’est-à-dire que les débits descendants sont plus importants que les débits remontants. Est-ce que vous allez continuer à commercialiser ce genre d’offre ou bien donner des débits symétriques dans les deux sens avec vos futures offres commerciales ?

Jean-Jacques Guillet : Vous avez raison : l’asymétrie est une autre limite de la technologie ADSL, que notre infrastructure réseau va permettre d’effacer. Ceci dit, ce sont les opérateurs de services qui détermineront librement les technologies actives qu’ils emploieront pour faire fonctionner leurs services sur le réseau départemental.
Nous faisons délibérément le choix d’une architecture en fibre optique totalement neutre à la différence des technologies de type PON (dites Passive Optical Network) qui en fait sont associées à des arbitrages d’équipements actifs qui s’avèrent ensuite contraignants sur les choix technologiques des acteurs du marché.

MacPlus : Quelles sont les conditions d’octroi que vous allez présenter aux fournisseurs d’accès à Internet pour qu’ils se raccordent à votre fibre optique ?

Jean-Jacques Guillet : Vous avez bien compris que le système fonctionnera à « quatre étages » :

1. Le Conseil général, agissant dans le cadre des compétences qui sont reconnues aux collectivités (article L1425-1 du CGCT), décide de la mise en place d’un réseau. Le cahier des charges est précis : mettre en place une infrastructure neutre, passive, et laissantl’entière liberté du choix des équipements et des topologies de réseaux aux acteurs du marché ;

2. un partenaire, le délégataire neutre, assure le déploiement et l’exploitation de cette infrastructure ;

3. des opérateurs de services (FAI notamment) utilisent le réseau, moyennant rétribution du délégataire ;

4. ces opérateurs de services commercialisent les dits-services auprès des utilisateurs finaux (entreprises comme particuliers).

MacPlus : Qui va s’occuper de l’entretien de ce réseau, les FAI ou bien le Département ?

Jean-Jacques Guillet : Le partenaire – délégataire.

MacPlus : Désirez-vous vous situer en tant que prestataire de service ou bien devenir à termes un énième fournisseur d’accès à Internet ?

Jean-Jacques Guillet : Non, le Conseil général ne sera pas un énième fournisseur d’accès, ni un autre prestataire de service. Il n’exploitera pas le réseau en direct. Son délégataire mettra à la disposition de ses clients une infrastructure neutre et passive.
L’objectif du projet est de permettre aux opérateurs de services, aux fournisseurs d’accès, de bénéficier d’une infrastructure « fibre » pour offrir des services de Très Haut débit à leurs clients.

Il ne s’agit pas pour nous d’intervenir dans le jeu normal de la concurrence, mais au
contraire de permettre à celle-ci de s’exprimer pleinement en tirant profit du saut
technologique du cuivre vers la fibre optique dans la boucle locale.

MacPlus : Quelles seront les relations avec le réseau câble de Noos par exemple et autres prestataires qui utilisent aussi la fibre optique pour offrir leurs services ?

Jean-Jacques Guillet : J’ai deux réponses :

1. Les gestionnaires d’infrastructures vont être sollicités dans la procédure par laquelle le Conseil général va choisir le partenariat qui assurera le déploiement du réseau. Le Conseil général veillera à ce que la plus stricte égalité de traitement soit respectée entre eux de manière à ce que chacun puisse présenter sa meilleure offre, et que, là encore, la règle soit celle de la concurrence et du marché.

2. Ces opérateurs, comme tous les autres, pourront ensuite bénéficier de la fibre du réseau départemental pour étendre leur offre aux abonnés qu’ils ne peuvent atteindre directement eux-mêmes.