Suivez-nous

Prospective

Nikon D80 : interview

En cette veille d’Apple Expo, entretien avec Thomas Maquaire, Chef de produit Division Image chez Nikon. Le reflex numérique sera-t-il désormais le meilleur ami de la Pomme ?

Boro

Publié le

 

Par

D_D80_Lens.jpg

D_D80_Lens.jpg
Le compagnonnage entre Apple et l’image numérique n’est pas nouveau, il est même co-substantiel au Macintosh qui était de tous les moments importants de son développement depuis les balbutiements de la Pré-Presse. Même si la vague du PC est passée par là – tant sur le monde de la production que celui des particuliers – une bonne part des photographes a continué de travailler sur Mac, pour les qualités qu’on lui connaît : stabilité et ergonomie sans faille favorisant la productivité.

L’irruption d’Apple en octobre dernier sur le secteur (voir l’entretien avec Oren Ziv) signifiait à coup-sûr que la post-production photo entièrement numérique arrivait à maturité. L’été a vu l’arrivée de Sony avec son DSLR A-100 annoncé en juin, Nikon annonçant début août son D80 pour la rentrée tandis que Canon a réservé le lancement officiel de son 400D pour la Photokina à la fin du mois, Photokina où Apple devrait d’ailleurs faire un certain nombre d’annonces.
La catégorie des Reflex Mono Objectif Digital est en train de s’ouvrir petit à petit, et n’est désormais plus réservée au professionnel ou à l’amateur fortuné.D_D80_Back.jpg

En cette veille d’Apple Expo, MacPlus aborde pour la première fois ce qui sera l’une des tendances de fond du travail et du loisir sur Mac dans les années à venir. Entretien avec Thomas Maquaire, Chef de produit Division Image chez Nikon, à l’occasion de la sortie du D80.

MacPlus : Vous avez annoncé au début du mois d’août le Nikon D80, qui va être commercialisé cette rentrée de septembre. Quels en sont les principales innovations et les principaux points forts ?

Thomas Maquaire : On peut citer :
• Le capteur 10 Megapixels
• Un viseur ultra lumineux et confortable
• La sensibilité de 100 à 1600 ISO plus un pallier supplémentaire équivalent à 3200 ISO
• Le système autofocus sur 11 collimateur dont 1 en croix pouvant être étendu
• Le pilotage à distances de flashes déportés via le flash intégré
• L’autonomie de 2700 images
• Le menu retouche d’image : D-Lighting (pour rehausser les basses lumières), correction logicielle des yeux rouge, filtres colorés et N&B
• Il est fourni en kit avec l’AF-S DX 18-70mm ou l’AF-S DX 18-135mm

MacPlus : Il semble se dégager un consensus autour des 10 megapixels pour des boîtiers d’entrée ou de moyenne gamme. A qui le le D80 s’adresse-t-il et comment s’articule-t-il au sein de l’offre Nikon qui est déjà très complète?

Thomas Maquaire : Le D80 se situe entre le D50, appareil proposant des automatismes dédiés à une utilisation familiale, et le D200, appareil extrêmement complet dédiés à une utilisation experte voire professionnelle.

Le D80 vise l’amateur averti, dont le plaisir en photographie est à la fois la prise de vue, mais également la retouche d’image et le partage des ses images.

MacPlus : Qu’est-ce qui différencie le D80 du D200 en particulier, avec qui il partage la taille du capteur, et les capteurs sont-ils réellement différents? La technologie CCD du D80 est, sur le papier, moins efficiente que celle des capteurs CMOS. Est-ce que c’est le traitement en amont par le processeur qui fait réellement la différence?

Thomas Maquaire : Pour le D200 :
• Une cadence de prise de vue de 5 vps
• Une vélocité plus importante du D200 (latence au démarrage et au déclenchement)
• La vitesse synchro du 1/250s, la prise synchro, la prise 10 broches multi accessoires
• La compatibilité avec les objectifs AI-S (depuis 1977)
• La construction en alliage de magnésium et les protections contre les poussières et l’humidité grâce à des joints d’étanchéité
• Une ergonomie différente par la présence et le positionnement de commandes supplémentaires
• La compatibilité avec l’embase WiFi WT-3

MacPlus : Les poussières qui se déposent sur les capteurs sont en passe de devenir un sujet important, au moins en ce qui concerne les reflex numériques. Olympus, puis Sony et Canon proposent désormais une protection du capteur. Est-ce qu’il s’agit entre guillemets dans l’esprit de Nikon de gadgets, ou bien d’une fonctionnalité qui n’est pas dénuée de sens sur des appareils à objectifs interchangeables?

Thomas Maquaire : La problématique des poussières est prise en compte par Nikon depuis Nikon Capture 4. La solution proposée par Nikon est logicielle. Sachant que la solution la plus efficace est un nettoyage de capteur, en atelier SAV ou réalisé de manière personnelle, l’idée est de proposer une solution intermédiaire qui puisse permettre de patienter entre deux nettoyages.—–

MacPlus : Dans le même ordre d’idée, Pentax et Sony – encore eux – ont fait le choix de stabiliser le capteur pour limiter les risques de bougé, tandis que Nikon a fait celui de stabiliser individuellement certaines optiques ce qui présente l’inconvénient d’augmenter à la fois le poids et le budget des optiques. Est-ce pour des raisons d’efficacité?

Thomas Maquaire : Nikon a développé sa propre technologie VR il y déjà plusieurs années. D’abord proposée uniquement sur des objectifs professionnels, cette technologie se démocratise sur des objectifs plus grand-publics, tout en améliorant ses performances, puisqu’on peut désormais gagner jusqu’à 4 vitesses.

De plus, quelle que soit la solution adaptée (intégrée à l’optique ou par déplacement du capteur), l’emploi de cette solution a des conséquences optiques, puisqu’on intervient sur le déplacement des rayons optiques dans un cas, ou de la cible dans l’autre cas. Par conséquent nous avons choisi une solution, qui, en plus d’apporter la stabilisation, réduit les aberrations optiques qui y sont liées.

Cette technologie a un coût relativement important qu’il nous parait injustifié de reporter systématiquement lors de l’achat d’un boîtier ou d’un objectif.

MacPlus : Quelles sont les contraintes du système de flash sans-fil Nikon i-TTL ?

Thomas Maquaire : Le fonctionnement sans fil nécessite un contrôleur qui peut être un SB-800, un SU-800, ou encore le flash intégré des D70s, D80 ou D200 et un flash esclave (SB-R200, SB-600, SB-800).
Au-delà de cette contrainte cette technologie ouvre des possibilités photographiques illimitées puisqu’on peut combiner autant de flashes qu’on le juge nécessaire.

MacPlus : Qualité de fabrication soignée, excellence et innovation technologique,souci de l’ergonomie et facilité d’utilisation, utilisateur de la marque enthousiastes et prescripteurs dans leur entourage, mais aussi image d’élitisme et de tarifs plus élevés que ceux de ses principaux concurrents, les parallèles – forcés ou non – avec Apple et le Macintosh ne manquent pas. Est-ce une analogie que vous réfuteriez?

Thomas Maquaire : On peut appliquer un certain nombre de ces qualificatifs à la marque Nikon, bien que la largeur de notre gamme implique que chaque produit ait ses propres qualificatifs. On a pu remarquer notamment que l’image de Nikon pouvait être très différente entre les possesseurs de Compact et ceux de Reflex. Nous essayons autant que possible de faire bénéficier aux reflex du dynamiste de la gamme Coolpix et aux compacts du savoir faire de la gamme Reflex.

En termes de positionnement prix, nous n’avons pas la volonté d’être systématiquement plus cher que nos concurrents. Les investissements que nous faisons en R&D ont bien-sûr des répercussions. [Corrigé : Cependant, un
produit comme le D200 a un rapport caractéristiques/prix qui est
remarquable. C’est toujours l’objectif que nous nous fixons et que nous
avons appliqué au D80.]

MacPlus : Les kits D80 avec l’objectif AF-S DX 18-135 est proposé au même prix que celui avec le 18-70 mm (1 299 €). A qui sont-ils destinés et qu’est-ce qui motive cette absence de différence de prix?

Thomas Maquaire : Les deux objectifs appartiennent à deux gammes différentes. Disons que la qualité de fabrication du 18-70mm, sa baïonnette métallique et son indicateur de distance sont compensées par la plage de focale plus importante du 18-135mm.

MacPlus : Les logiciels fournis avec le boîtier sont-ils entièrement optimisés pour Mac OS, et Mac OS X ? Le format NEF du D80 est-il lui aussi particulier et, dans l’affirmative, avez-vous travaillé avec Apple pour la reconnaissance par OS X ?

Thomas Maquaire : Le développement des logiciels Nikon se fait indépendamment pour les plates-formes Mac et PC.
Le format NEF du D80 est spécifique et nouveau, comme c’est le cas à chaque nouvel appareil. Il est donc nécessaire d’avoir un plug-in NEF spécifique pour ouvrir les images RAW d’un D80. Il y aura donc prochainement une mise à jour du logiciel Capture NX pour la sortie du D80. Concernant la compatibilité directe des NEF du D80 sur Mac OS X, il est probable qu’Apple doive proposer une mise à jour.

MacPlus : Nikon est l’un des rares fabricants d’appareils-photo, sinon le seul, qui se soit également lancé dans l’aventure logicielle pour l’édition poussée des images RAW, ou plutôt NEF, avec Capture. Pourquoi avoir pris ce risque, face à Adobe d’une part ou d’autres comme DxO Labs, et face à une clientèle qui aurait pu s’attendre à du “tout compris”?

Thomas Maquaire : L’ère du numérique a nécessité une transformation très importante de notre savoir faire et l’acquisition de compétences en traitement d’image. Le développement logiciel en est le prolongement direct. Les logiciels Nikon, notamment Nikon Capture ont acquis une réputation très importante en photo. Avec Capture NX, Nikon ouvre une véritable gamme de logiciels. En effet, Capture NX n’est pas un simple dé-RAW-tiseur, mais un véritable outil de traitement d’image, pour que chaque photographe puisse aller au-delà de la prise de vue. La technologie U-point, développée par Nik Software, est à ce titre unique au monde.