Jobs a-t-il perdu sa vista ?

Après l’annonce de la réduction de 200$ sur l’iPhone – le tiers de sa valeur 2 mois à peine après sa sortie – Apple a connu une bronca comme sans doute jamais depuis le nouveau magistère de Steve Jobs en 1997. Pire, ce sont les primo-adoptants, cette frange de la clientèle si difficile à apprivoiser que s’arrachent les marqueteurs du monde entier que la marque à la Pomme a pris le risque de se mettre à dos.

Depuis le retour de Jobs aux commandes, Apple a su très largement s’appuyer sur eux pour construire ses succès, à chaque nouveau modèle, Cube, iPod ou lors du lancement de l’iPhone. Qu’ils soient fondus de techno ou renifleurs de tendances, ils font ou défont le succès d’un lancement, parce qu’ils entraînent la masse des acheteurs en étant prêts à payer le prix fort pour être les premiers : les uns à bénéficier du “ supplément d’âme ” qui vient souvent se nicher dans les produits conçus à Cupertino, les autres pour être à même d’afficher ce “ plus-de-frime ” qui les auréole à chaque modèle nouveau.

Or cette fois-ci, la marque du computer for the rest of us qui sait si parfaitement jouer du sentiment d’appartenir à une élite a pris à rebrousse-poil et les uns et les autres en baissant trop vite et trop fort le prix de l’iPhone. Elle a eu beau sortir à son tour le carnet de chèque ou les bons de remises pour dédommager les premiers clients de son téléphone, rien n’y fait : les fidèles de la marque et, plus gênant, les nouveaux-venus sont quasi-unanimes pour exprimer le sentiment d’avoir été trompés.

Industriellement, Jobs a devant lui un boulevard et il le sait : coordonnée avec l’iPod touch et le coup d’envoi de l’iPhone européen, une telle baisse aurait parue tout à fait naturelle. Quelle qu’en soit la raison, et même si l’annonce du premier million d’iPhones vendu en 74 jours à peine arrive à point nommé, le mythe de l’infaillibilité de Jobs en a de toutes façon fait les frais.