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Prospective

Apple peut-elle racheter Balda ?

Apple peut-elle se lancer dans la fabrication des composants électroniques qui lui sont essentiels ? Les difficultés actuelles de son principal fournisseur d’écrans capacitifs l’ont peut-être déjà contrainte à franchir le pas, alors que le succès de son SDK promet un véritable succès pour l’iPhone et sa nouvelle plate-forme tactile…

Boro

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Le vent peut-il tourner pour Apple à propos de l’iPhone? Nous avions déjà évoqué le 7 novembre dernier les embarras de gestion rencontrés par Balda, le principal fournisseur mondial d’écrans tactiles capacitifs : celui-ci avait en effet du faire face à un défaut de conception sur les écrans des premiers iPhones commercialisés. Le défaut de jeunesse avait entraîné un retour des produits affectés, et entraîné une perte exceptionnelle pour le 3e trimestre 2007… et le secours d’un mystérieux Chevalier Blanc, apportant 50 millions de liquidités au sino-germanique en échange de “droits convertibles de participation aux bénéfices ”, à la grande fureur des actionnaires.

Or selon l’AFP, Balda toujours en proie à des difficultés de trésorerie aurait à fait l’objet de non moins mystérieux rachats de titres, embarrassant au passage la banque régionale NordLB, chargée de la transaction par un investisseur non moins discret que le précédent. Il faut dire que celui-ci a mandaté entre janvier et décembre le rachat 15,5% au total du capital de Balda, et ce alors que le titre a perdu près de 70% de sa valeur ces 3 derniers mois. Plus étrange encore, le donneur d’ordre masqué aurait refusé les titres achetés, la banque se voyant contrainte de les détenir en son nom… de façon temporaire, puisque des discussions seraient en cours avec le bon samaritain…

Apple a-t-elle finalement trouvé comment employer son trésor de guerre, en créant un fonds secret pour venir en aide à ses fournisseurs dans le besoin ? Le californien joue gros en la matière : nous l’avons souligné à plusieurs reprises, Balda est en effet l’un des principaux facteurs de l’avance prise par Apple avec l’iPhone, dans la mesure où le volume de ses commandes d’écrans capacitifs destinés à son téléphone, mais également à l’iPod touch, lui permet “d’assécher” en quelque sorte la ressource – rare – et d’écarter provisoirement ses concurrents e ce marché très “pointu” au moins jusqu’à l’été 2008. Or en 2005, Apple avait déjà joué pareil tour à ses challengers, cette fois-là avec la mémoire Nand à destination des iPods nano… Ce qui lui avait valu un certain nombre d’investigations de la part des autorités coréennes de la concurrence.

Apple peut-elle – si c’est bien elle – tenir ainsi la tête hors de l’eau du fournisseur qui lui procure son principal avantage concurrentiel, sans encourir les foudres des autorités de régulation, a fortiori à visage masqué? La question reste en suspend. Pour l’heure, aucun de ses concurrents directs n’a bougé, pas plus que les autorités compétentes. Mercredi à la mi-journée, l’action de Balda chutait de près de 10%, à 2,72 €, après que la société avait frôlé hier la cessation de paiements et ait du reprendre à son compte trois filiales de son activité “plastiques” qu’elle avait vendues, faute d’avoir pu comme convenu apurer leur passif avant de les céder définitivement. Un accord intervenu avec les banques semble devoir assurer l’avenir de l’allemand à court terme, alors que la faiblesse du cours la met à la merci d’un prédateur.

Alors que le lancement réussi du kit de développement pour l’iPhone augure d’un véritable succès pour la plate-forme (voir la chronique du 6 mars), avec même plus de 100 000 SDK déjà téléchargés en moins d’une semaine, la période est momentanément difficile pour Apple, qui voit une nouvelle fois le succès de l’un de ses produits à la merci de l’un de ses fournisseurs, après les échecs successifs de ses fondeurs à tirer le PowerPC de l’ornière dans lequel celui-ci s’était embourbé. Les marges de manœuvre de Cupertino sont ici étroites : la Pomme peut difficilement laisser un de ses concurrents mettre la main sur sa poule aux œufs d’or, alors que la masse critique de Mac OS X en tant que véritable plate-forme mobile n’est pas encore atteinte. Au chapitre des smartphones, Research In Motion représente encore deux fois l’iPhone en volume et Nokia, le n°1 mondial du mobile, fourbit sa riposte. En avril 2008, devait commencer en Chine la production de 6 à 8 millions de capteurs d’écrans tactiles supplémentaires par an, destinés à un des acteurs majeurs du secteur. Alors RIM ? Nokia ? Sony ?… ou tout simplement encore une fois Apple ?

D’un autre côté, les autorités de régulation de la concurrence et ses actionnaires pourront-ils davantage laisser celle-ci se lancer dans une telle acquisition, fut-ce à titre temporaire ?

[MàJ :] il semble que le mystérieux acheteur-mystère d’actions Balda auprès de la banque NordLB soit en définitive Vatas, un fond d’investissement allemand qui aurait pris des participations non seulemnt dans Balda AG, mais également dans Curanum AG (médical) et Euromicron AG (internet), sans honorer ses engagements selon la banque. Celle-ci s’est etrouvée obligée de provisionner plus de 82 millions pour 2007.

Reste que ceci ne fait toujours pas les affaires d’Apple, qui voit ses approvisionnements menacés tant que son fournisseur privilégié se trouvera fragilisé. Balda LG est en effet pour le moment le seul, grâce à son accord avec TPK, à pouvoir fournir à Apple les écrans en quantité dont elle a besoin et ce, sans doute jusqu’à l’été. L’action de Balda terminait jeudi soir à 2,48 €, après avoir touché le fond hier en fin de journée.