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Prospective

La fin d’une Ère

L’annonce d’hier a pris tout le monde de court, au-delà de la petite planète Apple : le californien a décidé de se retirer de la MacWorld Expo, et Steve n’assurera pas la Keynote cette année

Boro

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La fin d’une Ère”. Interrogé par Jim Dalrymle, Michael Gartenberg le vice président de JupiterMedia a fort bien résumé le sentiment général, après l’annonce en forme de coup de massue intervenue dans la nuit : après la MacWorld de New York, celle de Tokyo, l’IBC d’Amsterdam ou le NAB de Las Vegas et l’Apple Expo de Paris, Apple a décidé de se désengager de l’événement organisé depuis 25 ans par IDG dans son jardin de San Francisco, lequel IDG édite également le magazine et le site d’information du même nom.

Les raisons en ont été plus d’une fois expliquées par Apple, en particulier au moment où le californien a annoncé son désengagement de la manifestation parisienne, dans un premier temps en abandonnant la traditionnelle Keynote de la Porte de Champerret ou du Palais des Sports : au fur et à mesure de l’expansion de son réseau de magasins de détail – plus de 200 dans le monde entier – La Pomme s’est mise à toucher plus de trois millions de visiteurs chaque semaine, contre plus ou moins cinquante mille bon an mal an pour chacune des éditions parisiennes ou san-franciscaines. Il n’est jusqu’à son réseau de revendeur attitré qui ne soit à présent aligné aux standards et aux codes de la marque, avec pour maître-mot : “du service !”.

La présence lors de ce type de manifestation représente en effet un investissement considérable en moyens humains et financiers pour de grosses sociétés, plus ou moins sommées d’y tenir leur rang : outre la location de l’emplacement, les frais de déplacement et la mobilisation du matériel d’exposition et des personnels présents pour la durée du salon, il faut compter une période au moins équivalente pour la préparation et la récupération de ces derniers. En ce qui concerne la Keynote, les derniers réglages de celle-ci mobilise rien moins que la dernière semaine qui précède la date prévue, pour le CEO et les différents intervenants, et ce rien que pour les ultimes réglages…

Mais sans même parler de Keynote, Apple avait ainsi déjà fait l’impasse voici 2 ans sur la MacExpo de Londres, et cette édition de la MacWorld se fera sans Adobe – LE partenaire historique d’Apple pour le Mac depuis les débuts, avec Quark et Microsoft – ni Belkin, qui est à peu de choses-près son équivalent en ce qui concerne l’iPod. Rationalisation des coûts oblige, la tendance était perceptible depuis plusieurs mois, accentuée par la flambée de cours du pétrole et que la récession qui s’est maintenant installée aux États-Unis a rendue nécessaire pour des sociétés malmenées en Bourse et qui doivent rendre des comptes à leurs actionnaires… a fortiori à présent que les solutions de vidéo-conférence professionnelle ont fait des progrès considérables.

En outre, et le vice-président d’Apple pour l’Europe le rappelait lors de l’édition 2007 de l’Apple Expo parisienne – la dernière organisée en présence d’Apple – il était devenu très difficile pour la société de faire coïncider ses annonces-produit avec un calendrier établi au moins une année à l’avance. Les cycles de développement sont en effet de plus en plus raccourcis, les attentes du public et des fans toujours plus hautes, et la concurrence a changé d’attitude à l’égard du californien. En moins de dix ans, celle-ci est en effet passé d’un intérêt distrait à une surveillance de tous les instants, Apple ayant prouvé avec l’iPod, puis avec l’iPhone, qu’elle pouvait rebattre les cartes à son profit en débarquant sur n’importe quel marché de l’électronique grand public, non contente de renverser un rapport de force chroniquement en sa défaveur sur son cœur de métier.

Il n’empêche. Si l’on en croit les derniers pointages des analystes, le report de la mise-à-jour de l’iMac alu son ordinateur de bureau-vedette qui intervient traditionnellement en novembre aurait pesé sur les résultats du mois, sans que l’on sache s’il s’agissait d’une attente vis-à-vis d’un renouvellement de gamme, ou d’un transfert de choix vers la concurrence… et si cela aura un impact sur la saison de Noël et le premier trimestre fiscal. Disponibilité du prochain i7 d’Intel de milieu de gamme ou pas, les yeux sont tournés vers le Moscone Center depuis une bonne semaine, dans l’attente d’un hypothétique “Mac du 25e anniversaire”…

Reste en suspends la question du remplacement de Steve par Phil Schiller, le vice-président senior en charge du marketing pour cette ultime Keynote, quand on aurait cru que le charismatique CEO qui a réussi à incarner à ce point l’exercice aurait tenu à assurer lui-même le spectacle, ou à tout le moins à partager le plateau avec ses principaux collaborateurs, comme ce fut le cas ces derniers temps. Volonté de banaliser ? Interrogé par l’AFP à ce propos, Phil Dowling a répondu : “Phil va donner la keynote parce que ce sera la dernière année de présence d’Apple à l’événement, et que ça n’est pas nécessaire de faire un investissement important sur un salon où nous n’exposerons plus”. Même s’ils ont accusé le coup, la plupart des analystes n’a pas dramatisé outre-mesure ce retrait plus ou moins en catastrophe, et le titre a rempilé pour un nouveau pic à la baisse, ce qui semble devoir être son lot depuis maintenant trois mois. Un seul motif de satisfaction : personne ne semble avoir relancé de rumeurs détestables sur l’âge ou la santé du capitaine. Enough is enough disent les américains… Mais quid du rendez-vous annuel des développeurs en juin?