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Prospective

25 ans de Mac : et demain ?

Le Macintosh vient d’avoir 25 ans, après avoir changé 2 fois de plate-forme processeur et suscité 3 révolutions dans l’interface de 3 domaines aussi éloignés que l’informatique, la musique et la téléphonie. Et demain ?

Boro

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Logo-Mac-Picasso-2.jpgDifficile d’évoquer sans émotion ce 25e anniversaire, comme il est difficile d’oublier le ronronnement de gros chat si caractéristique du lecteur Sony 400 ko de 3,5 pouces à sa sortie du carton au graphisme “Picasso”, la façon si caractéristique qu’avait Kriss de prononcer “Macintoshhh” ou la petite musique composée par Maxime Le Forestier sur un Apple II qui l’accompagnait sur les cassettes de présentation du Système et de Mac Write/Mac Paint. Pour l’auteur de ces lignes c’était un Mac 512, le 8 décembre 1984 – après plusieurs semaines d’attente et plusieurs mois pour le financer – mais chaque utilisateur(trice) Mac garde au fond de lui ou d’elle quelque chose de ce moment fondateur avec son premier Macintosh – quel qu’en soit le modèle – avec un ordinateur que ses créateurs avaient voulu tellement anthropomorphique que celui-ci est chaque de l’ordre de la rencontre, du coup de foudre amoureux pour les filles ou amical pour les garçons…

Une preuve ? Vous qui lisez ces lignes prêtez-vous facilement votre Mac à votre conjoint(e), ou à vote compagne ou compagnon? Non, car il ou elle a le sien, à moins qu’il ne s’agisse d’un PC… Et encore, celle-ci ou celui-là utilise-t-il probablement un iPod et/ou un iPhone. C’est dire la force d’attraction de cette marque qui a longtemps été identifiée à son produit-vedette – le Mac – et qui a bouleversé à trois reprises le secteur auquel elle s’est intéressée sur des terrains aussi inattendus à l’époque que l’ordinateur individuel, la musique dématérialisée et, sinon la téléphonie mobile, la télécommunication évoluée. Autant dire que quiconque se risquerait à tenter de lire l’avenir dans la boule de cristal de DotMac s’exposerait immanquablement à se voir démentir par les faits. On peut néanmoins parier sur 2 points.

Une seule constante : le changement !

Si le Mac bouge encore dans un quart de siècle, ce ne sera pas en rêvassant dans son propre musée mais bien en se projetant dans l’avenir ; Steve Jobs l’a d’ailleurs rappelé à Steven Levy qui l’interrogeait à propos de ce 25e anniversaire, en marge de l’Apple Event d’octobre dernier : “Je n’y pense pas. Quand je suis revenu ici en 1997, j’avais besoin de place, et j’ai trouvé de vieux Macs archivés ainsi que d’autres trucs. J’ai dit ‘Dégagez-ça!’ et j’ai expédié tout ce bourrier à Stanford. Dans ce métier, si vous regardez en arrière vous serez ratatiné. Il faut vous projeter en avant”.

Et c’est en adoptant chaque fois un point de vue centré sur l’utilisateur que, contrairement aux idées reçues, Apple a réellement accompli des ruptures décisives vis-à-vis de ses concurrents en élaborant pour son propre compte des solutions-utilisateur géniales à partir des intuitions avancées par d’autres : ce fut le cas de la souris et de l’interface utilisateur graphique du PARC bien entendu pour le Macintosh, mais également du triptyque lecteur numérique – juke box- échoppe en ligne élaboré par Tony Fadell qui allait devenir le triplé gagna,t autour de l’iPod ou bien de l’interface tactile multipoints initiée par FingerWorks qui a fait toute la différence entre l’iPhone et ses concurrents… et qui diffuse-même dans l’ensemble de la gamme nomade de la marque, depuis iPod touch jusqu’aux MacBook les plus récents.—–

Chaque avancée technologique – le Motorola 68000 ; le PowerPC fut-il G3, G4 ou G5 ; le Core 2 ; le disque dur 2,5 pouces en attendant le SSD ; l’écran tactile capacitif rétro projeté et bientôt les processeurs ARM avec la technologie de PA Semi – n’est là que pour servir de substrat électronique à cette fameuse expérience utilisateur, qui s’appuie d’ailleurs sur le principal atout de la société : OS X, son système d’exploitation.

Présent à la fois sur les ordinateurs de La Pomme et sur ses terminaux de poche de la gamme iPod touch / iPhone (voir la dépêche) ; développé en interne autour du système créé par NeXT, après le rachat de la société et de son CEO – un certain Steve Jobs [[d’ailleurs viré d’Apple 13 ans plus tôt par celui qu’il avait choisi pour réussir le lancement du premier Macintosh]] ; faisant largement appel à des technologies open-source, y compris à la pointe comme LLVM ou SproutCore, OS X dont la version 10.6 va poser de nouveaux fondements pour les 10 années à venir (voir la dépêche) résume à lui seul – mais c’est également le cas du navigateur Safari, et de la plupart des applications du californien – la caractéristique de la société (son génie, diront certains) : savoir se comporter comme une passoire afin de capturer l’insaisissable de l’air du temps technologique, juste suffisamment à l’avance pour brûler la politesse à ses concurrents… y compris par tâtonnements. Le reste – esthétisme, souci obsessionnel du détail, savoir-faire marketing – n’est presque que littérature…

Vers la disparition du Mac ?

Partant de là, la disparition du Mac – ou une réduction drastique de son périmètre – apparaît comme probable, quel que soit le destin réservé par ailleurs à Windows, sa plate-forme concurrente… ou du moins, tel qu’on le connaît. Pas de panique : Dvorak ou l’un de ses émules n’ont pas encore réussi à hacker votre site préféré : le Mac a déjà entamé sa disparition derrière l’iPhone sans que personne, ou presque, n’y prenne garde !

Davantage qu’une disparition, il s’agit d’ailleurs d’une métamorphose mais la convergence et de la rémanence des contenus – auto-indexés comme le propose déjà iPho`09 – et des capacités de calcul sur des réseaux omniprésents (qui a dit “de plus en plus envahissants”?), ouvre à moyen terme la voie à un multiplicité d’appareils munis d’écrans, aux compétences de plus en plus étendues, au fur et à mesure que les puissances de calcul augment et les consommations diminuent, et vers qui convergent les contenus en même temps que vers l’individu. Cela peut-il prendre la forme d’une voiture, dune montre, de lunettes rétro-éclairées, d’un téléviseur connecté sinon intelligent – ça changerait – vers lequel l’ensemble des contenus vont converger, d’un projecteur holographique ou d’un “iPhone-tricorder” sur-vitaminé ? On peut pourtant parier que ceux que nous connaissons aujourd’hui seront probablement rejoints bientôt par un nouveau format, d’une taille légèrement supérieure à celle de l’iPhone, et que l’ensemble fonctionnera à la maison, au bureau ou dans la rue à la manière des réseaux neuronaux, poussant le modèle anthropomorphique jusqu’à sa limite.

Jusqu’ici centralisés sur les appareils eux-mêmes, les contenus de la vie numérique – et plus seulement ceux de la vie professionnelle – sont en effet de plus en plus sollicités pour rejoindre des services de stockage en ligne, à la manière du nuage de Mobile me. Mais la tendance veut également que ceux-ci viennent désormais au-devant de l’utilisateurs, “poussés” par le contexte et l’environnement.

Comment dès lors imaginer le bureau de demain, et avec quelle interface-utilisateur pour créer ? Poste en dur ou client léger pour un écran géant? C’est la grande inconnue, et sans aucun doute le prochain chantier sur celui de Steve Jobs. Il paraît difficile que la gestuelle très cinégénique à la Minority Report ait beaucoup d’avenir à l’extérieur des salles de classes ou des amphis… encore que : la science-fiction a bien souvent servi de source d’inspiration dans les laboratoires de R&D. Une interface-vocale en langage naturel, tout droit tirée d’un univers de Gene Roddenberry ? C’est déjà presque le cas… sur certaines solutions PC proposées depuis plusieurs années ! Une subtile combinaison entre les deux, voire une troisième solution ? C’est sans doute le plus probable. Rendez-vous en 2034, pour voir si les articles de MacPlus ou les réactions sur les forums seront dictés, ou bien tapés sur des claviers rétro-projetés, avec trackpad intégré… :langue

[Post Scriptum :] Le Macintosh 128, puis son successeur ‘FatMac’ sorti quelques mois plus tard valaient la bagatelle de 6 mois du salaire moyen en 1984. Treize ans plus tard, l’iMac créait pour une bonne part la surprise en proposant, dans un design tout en un une nouvelle fois à la pointe, un niveau d’équipement très conséquent pour un tarif très compétitif, soit à peine plus qu’un salaire moyen et demi. Pour l’heure, l’iMac de base vaut un peu moins qu’un mois de salaire minimum net. Après s’être fondu de façon plus ou moins indolore dans les objets du quotidien, le Mac des deux prochaines décennies pourra-t-il se couler dans le reste du monde PC ? Même si la marque de fabrique d’Apple repose sans conteste sur sonn génie de l’intégration matérielle et logicielle, il est difficile de ne pas penser qu’un scénario en ce sens est déjà prêt à Cupertino. Apple peut-il proposer un jour son système d’exploitation à d’autres constructeurs informatiques, comme certains d’entre eux en ont déjà rêvé à haute voix? Tout dépendra sans doute de la capacité de Microsoft à sortir de la spirale descendante où elle est maintenant engagée…

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