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Prospective

L’emploi en informatique…

L’emploi de technicien subit une crise profonde et structurelle. Les développeurs, les hotliners subissent la concurrence des pays étranger… Apple par exemple développe ses services commerciaux téléphoniques en Irlande, et ses SAV en dehors de la France. Fraise des bois en fait une synthèse dans cet article qui ne sera pas consacré exclusivement à la petite planète Mac, mais au monde informatique en général.

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vire.jpg L’emploi de technicien subit une crise profonde structurelle. Les systèmes d’exploitations plus stables et plus faciles d’utilisation, les méthodes de gestion de parc, sont d’autant de facteurs qui limitent à terme l’emploi dans l’informatique. De même, les développeurs, les hotliners subissent la concurrence des pays étrangers, comme l’Inde, le Maroc, la Chine et certains pays d’Afrique… Apple par exemple développe ses services commerciaux téléphoniques en Irlande, et ses SAV en dehors de la France. Cet article ne sera pas consacré exclusivement au monde Mac mais au monde informatique en général.

Le chômage : sur cent nouveaux chômeurs , vingt-deux sont informaticiens !

Les marges ridicules des revendeurs (surtout chez Apple) détruisent l’emploi et font perdre des compétences …

Au niveau du service SSII , l’année 2003 a été une catastrophe à tel point qu’une bataille des prix s’est mis en place ayant pour effet direct la baisse des salaires des informaticiens sous la pression des donneurs d’ordre et celui du surnombre des demandeurs d’emploi…

Afin de répondre à la faible demande, les CDD se multiplient, on recrute de plus en plus de freelances. A la fin du 1er semestre 2003, l’ANPE dénombre environ 55000 demandeurs d’emploi parmi toutes les catégories de “professionnels de l’informatique”, un chiffre en hausse de près de 45% sur un an. A titre de comparaison en l’an 2000 ils n’étaient que 10 000, soit 5 fois moins. Concernant plus spécifiquement les cadres, le chômage est le double par rapport aux autres professions. Les indépendants dans 30 et 50 % d’entre eux seraient sans mission. J’ai constaté que seuls les jeunes entre moins de 26 ans et au plus 30 ans avec certaines compétences trouvent un emploi rapidement.

Plus de 11% des emplois High-Tech (soit 750 000 emplois) ont été supprimés aux Etats-Unis durant les deux dernières années, selon des chiffres publiés par l’American Electronics Association dans son rapport Cyberstates 2003.

Les causes

La qualité du matériel, la fiabilité des systèmes d’exploitations, la surproduction d’ingénieurs pour cause de bug de l’an 2000, la non adéquation entre l’offre et la demande, les fusions d’entreprises, la réduction des coûts, … Mais l’une des raisons principales seraient l’offshore.

Ainsi pour l’Information Technology Association of America, entre 7 et 9% des emplois américains pourraient être transférés hors du pays sur les 10 à 15 prochaines années. Conséquence, l’exportation technologique des Etats-Unis s’effondre de 12%, passant de 188 milliards de dollars en 2001 à 166 milliards de dollars en 2002. Ces exportations représentent 24% de la totalité des exportations américaines en 2002.

Les exemples de délocalisations sont nombreux : SAP prévoie de doubler ses effectifs, R&D sur le pôle high tech en Inde, IBM délocalise 3.000 emplois en Asie, Siemens c’est un emploi sur trois dans les logiciels, etc … Les centres d’appels (hotline, démarchage,..) se situent de plus en plus dans les pays du Maghred ou d’Afrique. Aux USA, on estime que 40 %, des contrats de prestations informatiques sont en offshore programming contre 5 % pour la France mais ce marché se développe rapidement.

Devant l’hémorragie des délocalisations, une demi-douzaine d’Etats américains tentent actuellement de légiférer pour limiter le recours à la sous-traitance en interdisant par exemple les marchés publics ou encore de limiter ou de supprimer les aides aux entreprises.

Le remake de l’age de cristal ou le mythe de la pénurie.

“Cherche ingénieur système moins de 26 ans, ayant 5 ans d’expérience sur Windows Server 2003 et Winzip, acceptant salaire très bas”. Cette boutade résume les demandes des clients aux cabinets de recrutement et des sociétés d’intérim, et le jeu consiste à expliquer aux clients que ce n’est pas possible.

Les technologies évoluant vite, les besoins apparus il y a 6 mois sont différents de ceux d’aujourd’hui. Il existe aussi une tendance aux fausses annonces dans le but de créer des viviers de candidats afin de répondre au plus vite aux besoins des clients mais aussi pour se faire de la publicité. Le site recruteur bidon dénonce le comportement de certaines entreprises face aux postulants et je vous conseille de le visiter.

Les méthodes de gestion de crise.

• Le Syntec :

Devant une situation, les approches des partenaires sociaux sont différentes. Le syndicat professionnel représentants les employeurs, le Syntec, souhaite modifier la convention collective en vue de plus de souplesse, quelques exemples :

 – Le contrat de travail. La méthode de Michel de Virville reprend l’idée de créer un contrat de travail lié aux contrats commerciaux de l’entreprise.

Ainsi on fera appel à l’informaticien que pendant la durée de la mission chez le client et à la fin aucune obligation de prime de précarité ou de « contrainte » sociale : c’est l’informaticien à la demande ou jetable. Le système est parfait pour les entreprises, pas de gestion humaine pas de besoin d’adapter les hommes au marché. L’ennui est que les connaissances sont rapidement obsolètes et le besoin fluctue.

L’informaticien doit gérer sa carrière, anticiper les besoins, chercher des contrats, se vendre, … en résumé, devenir intermittent, avec un effet vicieux, de vivre avec un salaire variable à la hausse quand ses compétences sont demandées, à la baisse quand il redevient débutant. Ce n’est plus l’entreprise qui payera la formation de ses employés mais l’état par des formations aux demandeurs d’emploi avec parfois peu de chance de retrouver une situation, le recruteur préférera un débutant de 23 ans à celui de 30 ans ou plus .

 – La clause de mobilité géographique. Le Syntec veut la définir caractéristique des métiers de service et donc l’inscrire dans le contrat de travail. L’effet pervers, pour se débarrasser d’un employé, on le mutera à l’opposé de la France et s’il est marié avec deux enfants il ne pourra que démissionner ou divorcer.

 – Les jours de congés Afin de mieux coller à la demande du client, l’employé ne pourra plus choisir, il serait utilisé pour compenser les période d’inter-contrat.

Ces propositions n’ont pas été négociées avec les syndicats.

• La méthode libérale.

Pour se débarrasser d’un collaborateur, les entreprises utilisent le licenciement à l’amiable, c’est-à-dire que l’on vous licencie pour une faute imaginaire mais avec un chèque et la garantie de percevoir les Assedic. A lire pour plus de détails, l’express ou le site de munci Sinon, c’est la méthode expéditive plus pénible pour le salarié.

• La poupée russe.

Le client utilise un prestataire qui fait appel un autre prestataire pour trouver un intérimaire ou fait appel à un indépendant ou encore cherche dans sa propre entreprise ;-). La méthode permet au client final de ne pas gérer de personnels, ni de compétences, comme le prestataire.

L’inconvénient du système est la confidentialité des données, ainsi des milliers de personnes étrangères aux entreprises ont accès aux données confidentielles et aux failles des systèmes. Qui peut garantir que le prestataire ne va pas espionner le client directement en regardant les messageries, les disques durs, ou encore en développant dans un programme complexe : un back doors ?

Ma conclusion

Devant une telle situation, quel est l’état d’esprit de l’informaticien ? Salaire à la baisse, pression de plus en plus forte, horaire, chômage à répétition, n’encourage plus les personnes à s’investir dans une carrière… Sur une durée de 5 ans, beaucoup de personnes ont connu des périodes de chômage de plusieurs mois et le temps venant il est de plus en plus dur de retrouver un emploi. Les personnes qui ont souscrit un crédit habitation par exemple doivent renégocier les échéances et réduire leur mode de vie…

On assure aujourd’hui un retour vers le plein emploi en 2005, 2006, 2007, on nous promet même la pénurie. Mais pas de panique, on fera appel à l’immigration, de cette manière on sabotera l’économie de pays qui ont investi pour former des élites et surtout, ils seront moins chers et plus malléable que les informaticiens nationaux.

Etre informaticien, c’est être aventurier, plus que carriériste diront les managers, d’autres diront que c’est s’exposer à la précarité et à refaire sa vie après 30 ans…