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Édito

Q1 2011 : Apple perd du volume…

Des renouvellements de gamme de plus en plus espacés; au risque de perdre des ventes : et si c’était là l’un des effets collatéraux de l’iPad… et de ses successeurs ?

Boro

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Gartner vient de livrer ses derniers chiffres, en ce qui concerne le marché PC en Europe et en France : ceux-ci ne sont pas sans poser un certain nombre de questions.

Chez Gartner, on est en train de mettre la dernière main aux chiffres du trimestre écoulé pour l’Europe et, comme chaque trimestre ou presque, nous nous sommes procurés pour vous ceux qui concernent plus spécifiquement Apple ; le Californien n’apparaît pas en effet systématiquement parmi les cinq constructeurs sur lesquels un focus particulier est porté. Or, ce mois-ci, la situation diffère des trimestres de progression continue qu’Apple a pu dresser ces dernières années, comme autant de couronnes de lauriers. Explications.

En Europe de l’Ouest, tout va bien. Apple se classe 5e ce trimestre, avec 10 % tout rond de parts de marché sur le marché général, et une progression de 6,6 % par-rapport au trimestre équivalent de l’année dernière. Mais ces bons chiffres recouvrent une réalité disparate : sur le segment des machines de bureau, Apple a vendu 311 180 exemplaires, ce qui représente un recul de 18,37 %. En revanche, ce sont 654 646 portables qui ont trouvé preneur, toujours dans l’Europe de l’Ouest dans son ensemble, ce qui représente cette fois une progression de 31,68 %.

Sur le marché des particuliers, Apple se classe également 5e, avec 9 % de parts de marché et 5,1 % de progression.

Sur le marché de l’éducation, Apple est une nouvelle fois n°1 avec 31,4 % de parts de marché et une progression de 11,8 % par-rapport au trimestre équivalent de l’année dernière.

Des ventes en «décroissance» sur la France

En ce qui concerne l’Hexagone, ce sont au total 147 279 machines embossées de la Pomme qui ont été distribuées, avec 5,4 % du marché général et une 6e place à la clé, mais un recul de 1,6 % par rapport au premier trimestre 2010. Si on regarde les chiffres d’un peu plus près, c’est une baisse de 22,23 % qui est enregistrés sur le segment des ordinateurs de bureau, que la progression de 13,83 % sur celui des portables n’arrive pas tout à fait à enrayer, contrairement aux années précédentes.

Ce recul est particulièrement sensible sur le segment de marché grand public : Apple se classe 5e avec 7 % de parts de marché et un recul de 5,2 % d’une année sur l’autre qu’Isabelle Durand, analyste principal chez Gartner et qui a conduit l’étude, attribue aux faibles livraisons de la marque sur le secteur des desktops.

Sur le marché de l’éducation, La Pomme conserve sa première place avec 29,8 % de parts de marché, contre 31 % au premier trimestre 2010, et un recul de 1,8 % d’une année sur l’autre.

La situation en France est il est vrai paradoxale : si l’indice général de la consommation est en hausse pour ce trimestre écoulé, le marché informatique est lui bel et bien en contraction de 15,5% sur le total des livraisons, -1,3% sur le marché professionnel et pas moins de 23% pour le marché grand-public.

Sur ce même marché français grand-public, Apple avait réalisé l’année dernière un véritable «Grand Bond en Avant» de +53,4% avec la 7e place pour 5,7 % de parts de marché, et la même septième place sur le marché général pour 4,7 % de parts de marché et une progression exceptionnelle de 42,3 % sur les livraisons.

Ceci, souligne Isabelle Durand, rend la comparaison difficile. On peut cependant noter qu’Apple progresse en valeur relative sur un marché français en contraction, avec une absence de renouvellement de sa gamme iMac pendant près de neuf mois quand celle-ci, fraîchement renouvelée, avait précisément été la vedette du trimestre équivalent de l’année dernière.—–

Vers un « effet billard » des ventes de l’iPad en France ?

Assiste-t-on à un effet de l’arrivée de l’iPad sur les ventes d’ordinateurs classiques, et à la cannibalisation de l’informatique à la papa par des appareils d’un nouveau style et dotés d’une technologie disruptive ? Pas comme on pourrait le croire, ou du moins pas dans le sens d’une causalité uni linéaire telle que le questionnement ressurgit périodiquement ici ou là. Alors que les rumeurs les plus contradictoires soufflent le chaud et le froid à propos des ventes de l’iPad en France, le ralentissement était net ce trimestre sur le segment des mini-notebook avec lesquels il est censé être en concurrence frontale (-20 %).

Parallèlement, l’étude conduite par Isabelle Durand relève une très forte progression sur les MacBook Air par-rapport au faible volume de l’année dernière, l’analyste estimant le modèle censé représenter la partie supérieure de ce segment à 21 % des livraisons de Notebook Apple, et environ 14 % des livraisons totales de la marque sur le trimestre.

Il faudra donc attendre la publication des chiffres avérés de vente de l’iPad pour se faire une idée de leurs effets sur les ventes de la marque pour ce qui concerne ses modèles traditionnels, portable ou ordinateur de bureau. Mais on ne peut s’empêcher de remarquer que, malgré le ralentissement dans les cycles de renouvellement de gamme perceptible depuis environ 3 ans – de 9 à pratiquement 12 mois dans certains cas, contre environ 6 mois auparavant – les nouveaux modèles d’Apple parvenaient jusqu’ici sans coup férir ou presque à compenser l’absence de nouveautés du segment quelque peu laissé à l’abandon : les MacBook Pro rafraîchis faisaient un carton en l’absence de renouvellement de l’iMac, celui-ci prenant le relais si la gamme de portables s’éternisait trop.

Peu ou prou et trimestre après trimestre, l’augmentation des ventes sur une gamme de portables rafraîchis au trimestre précédent compensait la baisse enregistrée sur des iMac vieillissants, et vice versa, assurant tout de même une progression en volume des ventes de Mac en France. Or ce trimestre ce n’est pas le cas, du moins en volume, sur un marché il est vrai en contraction.

Apple aux limites de son modèle organisationnel ?

Dans le même temps, on ne peut s’empêcher de remarquer que c’est la machine qui est philosophiquement la plus proche de l’iPad qui, renouvelée au quatrième trimestre 2010, continue de faire un carton. Or l’effet de l’iPad est sans doute à chercher du côté de ce ralentissement dans le renouvellement des gammes, lequel est d’ailleurs perceptible depuis environ trois ans, c’est-à-dire le moment où l’iPad est entré dans la dernière partie du pipeline produit d’Apple. [[Et que dire de l’incertitude qui règne autour de l’iPhone 5, ou du retard pris par iOS 5 à l’heure de la convergence avec OS X 10.7 Lion ?]] Est-ce pour cette raison que le MacBook air qui avait en quelque sorte servi d’étalon à la gamme Unibody, est également susceptible d’ouvrir la voie à la prochaine révision majeure de la gamme MacBook Pro ? Seul Steve et probablement certains seulement de ses «centurions» connaissent la réponse.

Il n’en demeure pas moins qu’une charge de travail de plus en plus importante repose sur les épaules de l’Apple design Group, au fur et à mesure que s’allonge la liste des produits mis sur le marché par Cupertino. La force d’attractivité de la marque est-elle suffisante pour s’accommoder d’un rafraîchissement de plus en plus ralenti de ses produits historiques – les ordinateurs, avec lesquels les nouveaux venus n’ont toujours pas coupé le cordon ombilical pour ce qui est de leur synchronisation – alors que son entrée sur le marché de la télévision connectée et de la domotique apparaît de plus en plus probable [[Google vient en effet de brûler ses vaisseaux et annoncés son intention de faire de la Google TV le centre de la maison connectée de demain, à l’instar de ce que nous prédisions ici pour Apple]] ? Mac OS X 10.7 Lion peut-il à lui seul apporter une réponse satisfaisante ? Réponse le 5 juin, dans moins de trois semaines maintenant.

Attention cependant : depuis le lancement de l’iPhone EDGE, petites bavures et gros ratés se sont accumulés à l’occasion des lancements de produits par Cupertino. On citera pêle-mêle la première version de’iPhone OS et son électronique manifestement terminés « à l’arrache », le fiasco de Mobile Me, le feuilleton iPhone 4 blanc à la mode Alésienne, et pseudo Antennagate et tout dernièrement le «bug de la traçabilité» sur l’iPhone 4…

Alors que se dessine en filigrane une inter-dépendance de plus en plus forte entre les les différentes versions du logiciel et de l’électronique proposés par la Pomme, au fur et à mesure de la convergence de ses écrans, la tolérance à la frustration des publics nouveaux-venus à la marque, comme celle des pouvoir publics, a toutes les chances d’aller en diminuant par rapport à celle de ses aficionados historiques…