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Édito

Une page se tourne…

Mais également dans celle de l’industrie IT toute entière, tant la personnalité exceptionnelle de ce diable d’homme a pu peser sur son évolution.

Boro

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L’annonce de la démission de Steve jobs de son poste de directeur général, intervenue cette nuit pour nous et annoncée après la fermeture des marchés, n’est que le dernier en date d’une série d’événements qui n’en finit pas de recomposer le paysage de l’industrie technologique depuis une petite semaine.

Ce fut d’abord le rachat de Motorola par Google pour la somme astronomique de 12 milliards et demi de dollars, puis la décision de Hewlett-Packard de se désengager non seulement du marché des tablettes, dont la vieille dame de Palo Alto avait pourtant racheté la pépite avec WebOS voici moins d’un an, mais également de celui du PC où il avait pris le meilleur sur son rival Dell puis maintenant plusieurs trimestres.

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Avec sa vista habituelle, Steve Jobs a-t-il jugé que ses concurrents étaient suffisamment désorganisés par les poussées parallèles du Mac, de l’iPhone/iPod touch et de l’iPad sur leurs marchés respectifs pour pouvoir passer le témoin sans coup férir à son vieux complice Tim Cook ? Ce n’est pas impossible. Dans sa lettre de démission adressée au conseil d’administration d’Apple et à l’ensemble de la communauté de ses utilisateurs, le patron le plus charismatique de la Silicon Valley, et de toute l’industrie américaine sans doute, s’est voulu rassurant, persuadé que les années les plus brillantes de la société qu’il avait fondée en 1977 avec Steve Wozniak étaient encore devant elle.

Comme le souligne Walt Mossberg dans son excellent papier sur All Things Digital, le temps d’une nécrologie n’est pas venu, même si la démission de Jobs intervient pour raisons médicales, au terme d’une séquence qui n’a cessé d’inquiéter depuis 2004 tous ceux qui s’intéressent à la société : celui qui est désormais l’ex-patron d’Apple a en effet demandé non seulement à continuer à siéger au conseil d’administration, mais encore à présider celui-ci.

Pour le remplacer, c’est Tim Cook qui a naturellement repris les rênes de la société, rênes qu’il avait d’ailleurs tenues fermement à plusieurs reprises lors des précédents congés médicaux de Jobs : jusqu’ici numéro 2 d’Apple chargé de la gestion quotidienne, c’est à lui et à Jeff Williams que Jobs doit la chaîne logistique hors du commun et l’intendance qui lui a permis – après avoir révolutionné à deux reprises, avec l’Apple II puis le Macintosh, l’informatique avant sa mise à l’écart en 1985 – de bouleverser tour à tour la façon dont ses contemporains écoutent de la musique grâce à l’iPod, téléphonent avec l’iPhone et à nouveau utilisent un ordinateur avec l’iPad, bref non seulement de prendre la tête de la révolution induite par la convergence des écrans et des contenus, mais en outre de théoriser cet ère à venir de « l’intelligence des objets » sous le le concept de l’ère « post PC », ce même PC qu’il avait contribué à inventer avec son vieux complice Wozniak. Tim Cook saura-t-il garder avec lui les talents clés de la société, et Johnny Ive au premier chef, alors que l’amitié qui lie Jobs et la plupart d’entre eux est très probablement l’une des clefs de la réussite insolente de la compagnie ? C’est très certainement l’un des défis majeurs que Tim Cook devra relever, dès les prochains mois si ce n’est les prochaines semaines.

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Il lui reste cependant un chantier à mener, même si c’est de plus loin, et qui verra la disparition de l’ordinateur et de son écran derrière celui du téléviseur, et avec lui la convergence et la simplification des contenus présents sur l’ensemble des écrans de la famille et de la maison ; il n’est pas sûr d’ailleurs que les processeurs ARM actuels et iOS y suffisent. Mais il n’y a sans doute pas d’exemple dans l’histoire, du moins depuis la révolution industrielle, d’un personnage qui ait par sa vision et son volontarisme influé à ce point, et à plusieurs reprises, sur le mode de vie de ses contemporains. Passionné d’électronique dès son plus jeune âge et visionnaire technologique, Jobs s’est cependant voulu très tôt entrepreneur, mais c’est très certainement grâce à sa rencontre avec Laurene Powells durant sa traversée du désert qu’il a pu achever sa métamorphose.

Une anecdote pour conclure dira mieux que tous les discours sa capacité à peser sur le cours des événements : pris personnellement à partie par Greenpeace en août 2006, à l’instar de toute l’industrie, sur la politique d’utilisation d’Apple de produits chimiques dangereux traditionnellement utilisés dans le processus de fabrication, il lui aura fallu moins de 3 ans pour en totalement éliminer la présence dans les produits de la marque. Apostrophés voici quelques jours à propos des résidus de produits nocifs présents sur les vêtements que nous portons tous les jours, les grandes marques de l’habillement ont demandé un délai de grâce de 10 ans avant leur élimination…