Suivez-nous

Événement

AAPL : pourquoi le plan Tim Cook ? (2)

Pourquoi Apple va-t-elle verser 20 milliards l’année prochaine à ses actionnaires ? Pour les même raisons qu’elle avait conservé son cash pendant 15 ans. 2e volet d’une réponse en 2 parties.

Boro

Publié le

 

Par

2e volet de la chronique publiée lundi : Steve reste assis sur soin magot

Éviter la dilution

Dès lors, et si l’on examine les décisions annoncées par Tim Cook à l’aune de celles qui ont conduit Steve à rester assis toutes ces années sur un magot qui ne cessait de monter, on est en mesure de se poser dans les bonnes conditions les questions qui ont présidé à la réflexion dont elles sont l’aboutissement. Le CEO de la Pomme insiste d’ailleurs depuis longtemps sur le fait que celles-ci ont été mûrement pesées par le conseil d’administration.

Quel est le but de la distribution de dividendes ?

– Tout d’abord, éviter les à coups dans l’évolution du titre, et attirer un nouveau type d’actionnaires.

En effet, si l’absence de versement de dividendes avait un côté moral et sympathique, et avait tenu Apple un moment à l’abri des hedge funds et des spéculateurs de tous poils, l’insolente santé financière assez rapidement retrouvée par la firme n’a pas manqué d’attiser les convoitises. Or, ce sont dit un certain nombre de margoulins, s’il n’est pas possible de presser le fruit en exigeant de lui 15, puis 20 et pourquoi pas 30 % de rentabilité, autant se payer sur la bête en manipulant les cours, comme viendrait le valider la dernière casserole en titre accrochée aux basques de Goldman Sachs

En attachant à la gamelle des dividendes trimestriels un nouveau genre d’actionnaire, à la recherche d’un revenu régulier, Apple espère « lisser » ces brusques variations dans la valeur de l’action. De quoi préserver également l’attractivité de ses plans de stock options proposés à ses employés (et à ses dirigeants, Tim Cook en a été exclu à sa demande), garantissant ainsi aux derniers arrivés et aux anciens une plus-value raisonnable à terme, malgré le prix déjà élevé des actions proposées.

Mais il s’agit aussi d’un pari sur l’avenir, ces « nouveaux actionnaires », motivés par la rentabilité immédiate, ayant toutes les chances de jouer le rôle d’aiguillon, ou à défaut de mouche du coche, d’aventure à Cupertino on venait à s’endormir sur ses lauriers.

– Proposer un nouveau type de rémunération à ceux de leurs employés qui auront conservé leurs actions au lieu de les vendre, seul moyen auparavant de les monétiser. De facto, il s’agit également de conserver dans le giron de l’entreprise le plus possible de ces actions distribuées, à mesure que le nombre d’employés – et d’employés très qualifiés – a vocation à augmenter. De fait, même les stock options (RSU) devraient donner lieu à un versement de dividende, au même titre que les actions elles-mêmes.

Quel est le but du rachat d’actions ?

– Bien entendu, de limiter leur nombre, et avec plusieurs effets.

Tout d’abord, en limitant sur le marché le nombre d’actions disponibles, sur un titre déjà cher, Apple fait le nécessaire pour maintenir la progression du titre, c’est-à-dire conserver son actionnariat historique en garantissant son investissement et même sa progression ;

Mais elle réduit également la tentation des allers-retour sur un titre qui, une fois vendu, sera sans doute difficile à récupérer et aura toutes les chances de coûter plus cher qu’il n’a été vendu auparavant, sauf à provoquer des variations artificielles sur le cours. Une nouvelle fois, Apple limite la volatilité du titre du côté des « investisseurs », ce qui conforte également les actionnaires de moyen et long terme.

Ensuite, moins d’actions disponibles signifie également moins de dividende distribué distribué avec chacune d’entre elles.

– En ce qui concerne les employés, cela favorise de la même manière qu’ils pourront exercer leur droit à toucher leurs stock options à un tarif plus avantageux que celui auquel il leur a été proposé, garantissant à Apple une nouvelle fois l’attractivité de ses plans de stock options. De même, les employés sont-ils plus susceptibles de conserver plus longtemps leurs actions plutôt que de les vendre à la première occasion et, dans une certaine manière à « geler » une autre partie des actions et de leur droit de vote, au sein de la société.

Enfin, et cela va sans dire, en rachetant des actions Apple limite le nombre de celles qui pourraient «traîner » sur le marché et alimenter des tentations de peser sur sa gouvernance, tandis que leur prix haut contribue également à dissuader les impétrants éventuels…

Les jardiniers d’un écosystème

On le voit, le système mis en place par Tim Cook et son conseil d’administration a de nouveau quelque chose à voir du cercle vertueux, tel que décrit par le CEO pour illustrer le succès de la plateforme iOS – cela va d’ailleurs bien au-delà – lors de la présentation du nouvel iPad au début du mois. Mais si l’on examine dans le détail les dispositions retenues, on se rend compte que l’on est même dans le respect des équilibres d’un jardin Zen.

Avec 2,65 dollars par action et par trimestre, à partir du trimestre d’été, cela représente à peine plus du tiers des 7,05 dollars par action du précédent trimestre de septembre pour un total estimé à 10 milliards de dollars la première année. A ces 10 milliards, devraient s’ajouter 10 milliards supplémentaires par an pendant 3 ans consacré au rachat d’actions, soit 20 milliards de dollars…

Une paille qui, rapportée au bénéfice annuel qu’avec 30 % de croissance régulière ont peut estimer aux environs de 40 milliards pour l’année prochaine, représente environ la moitié du cash qui pourrait être généré par La Pomme… autant dire le trop-plein, et qui laisse de quoi réaliser de belles acquisitions, construire de beaux Apple Stores et payer rubis sur l’ongle une année entière d’approvisionnement des composants qu’elle jugera stratégiquement nécessaire de préserver… sans même écorner son pécule.

La Pomme doit cependant faire face à 2 types de dangers… (à suivre)