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Édito

La c…rie du jour : Apple = Sony

Boro

Publié le

 

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Depuis l’aggiornamento de John Dvorak, rendant les armes à l’occasion de la sortie de l’iPhone, on avait entendu assez peu de stupidités à propos d’Apple en tant que société tant l’efficacité technologique, industrielle et économique de la marque voulue et co-fondée par Steve Jobs s’est montrée insolente depuis bientôt 10 ans.

Or, non seulement l`l’iPod, l’iPhone et l’iPad ont contribué par leur réussite à changer la façon-même dont fonctionne l’industrie technologique pour les prochaines années (lire Les Apps siphonnent le trafic Web), mais peut-être surtout le si raillé Macintosh a fait la preuve de la pertinence de sa conception avec la bonne santé insolente des ventes de Mac… a fortiori lorsqu’on la met en vis-à-vis de la quasi contraction du marché du PC dans son ensemble depuis six ans, toutes choses assez paradoxalement reconnues par l’ensemble des commentateurs dans la période qui a suivi immédiatement le décès de Steve Jobs.

La séquence de la bonne santé d’Apple ayant a l’évidence assez duré et les cendres de Steve étant apparemment suffisamment froidesà présent, le temps est semble-t-il venu pour certains de prendre leur revanche sur la firme qui a constamment pris en défaut leurs intérêts et leurs prédictions depuis le retour de Steve jobs aux commandes en 1997 (lire Steve a repris sa route)… Point n’est d’ailleurs besoin d’enfourcher Rossinante pour courir sus au devant d’un nouveau « Complot mondial » prétendument ourdi contre la firme à la Pomme, la vieille coalition des conservatismes, de la paresse intellectuelle, de la rancoeur et des intérêts boutiquiers se suffisant hélas à elle-même.

Dernier exemple en date de cette série déjà longue, et malheureusement pas close de sitôt, la « sortie » de George Colony le patron et fondateur de Forrester Research promettant à Apple le destin actuel de Sony à court terme. Le cabinet de conseil n’est d’ailleurs, quoi qu’on en pense, pas suspect d’une quelconque mauvaise foi vis-à-vis de la rigueur de ses études, celles-ci pouvant se montrer comme tout récemment à la fois contre-intuitives et plutôt favorables a la firme à la pomme (Lire .pro : les produits Apple de plus en plus utilisés.

Or, pour contre-intuitif qu’il s’auto-proclame, le blog du dirigeant n’en reste pas moins à la merci des idées reçues puisque c’est en s’appuyant sur une matrice typologique datant de 1947 et les poncifs véhiculés par le livre d’Adam Lashinsky, Inside Apple, que le patron de Forrester croit pouvoir prédire la fin de la suprématie créative d’Apple d’ici quatre ans, maximum.

les préjugés ont la vie dure…

Partant du postulat selon lequel Steve aurait, seul, décidé de tout chez Apple et construit autour de de sa personne une « entreprise charismatique », il aurait également, lors son départ pour le Grand Voyage, emporté avec lui tel un pharaon trois choses essentielles pour ses successeurs :

– un leadership charismatique et particulier, seul à même de pousser ceux qui l’entourent à se dépasser dans un but commun ;
– sa capacité à prendre des risques importants
– sa faculté à anticiper et à désigner les produits

Prisonnier de la représentation ordinaire de la société et de son fondateur, identique depuis plus de 30 ans, Colony passe à côté des changements intervenus dans la personnalité même de Jobs dans les dernières années, et singulièrement après le coup de semonce que fut le diagnostic de sa maladie. Or bien avant cela, Apple etait déjà une société où les décisions étaient prises après des discussions collectives, autour du senacle composé de professionnels d’une exceptionnelle qualité réunis par Steve, et qui travaillent à présent avec Tim Cook… à qui Jobs déléguait d’ailleurs beaucoup de choses.

Mais surtout, Steve avait bien perçu le péril qui guettait Apple après sa disparition, et qui avait déjà remporté le leadership de Dell ou Microsoft, ses vieilles connaissances, après le départ de leurs fondateurs (« Le poisson pourrit par la tête », disait Mao Tsé toung). C’est la raison pour laquelle, Jobs qui souhaitait que son entreprise puisse prospérer après lui, avait confié à Joel Podolny le soin d’organiser une « école des cadres », sorte de « Master class » chargée de transmettre l’ADN même du fonctionnement d’Apple aux cadres de la société, et dont les enseignements sont assurés par les dirigeants eux-mêmes. Même avant cela, des exemples abondent pour montrer que la passion du design irrigue la société à chacun de ses niveaux.

« Comparaison n’est pas raison » dit l’adage et, si les empires sont faits à terme pour s’écrouler, l’histoire en ce qui concerne Apple est encore loin d’être écrite. Colony devrait d’ailleurs le savoir, lui qui cite Walt Disney parmi la longue liste des entreprises qui ont perdu au fil du temps leur magie particulière… 20 ans après le départ de Walt, le fondateur ! Qui peut prédire ce que sera une société technologique, au bout de 20 ans, c’est-à-dire un laps de temps qui représente une génération démographique? On notera pour conclure que Disney a précisément développé, bien avant Apple, un Disney Institute à destination de ses propres cadres. Existe-t-il seulement quelque chose d’approchant chez Forrester ?

(Nous reviendrons bientôt sur le Sujet de Sony)

La “sortie” de Colony sur son blog