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Prospective

Pourquoi Apple aurait elle besoin de la Domotique ?

Quelques pistes de réflexion à plus ou moins long terme en cette veille de WWDC

Boro

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Les projets d’Apple en matière de domotique – le pilotage intelligent d’éléments de la vie de tous les jours, les lumières, la musique, le chauffage, les volets roulants, etc. – si l’on en parle ici depuis 2011 commencent à se dessiner, et devraient prendre corps de manière nettement plus précise lors de la WWDC. La Pomme tentera sans doute de renouveler l’expérience d’iOS in the Car, dont les premières briques logicielles qu’Apple a jetées en direction de l’industrie automobile remontent déjà à iOS 6. Pas mal de temps après, et sans doute grâce à de nombreuses réunions avec les industriels du secteur, ce petit projet est devenu une bombe dans le secteur, CarPlay, qu’on retrouvera à plus ou moins court terme chez de nombreux fabricants d’automobiles.

S’intéresser à la domotique, pour Apple, fait sens : la Pomme est l’inventeur du concept de “Digital Hub”, cher à feu Steve Jobs, où le Mac devait être au centre de la vie numérique de la maison. En 2014, c’est le périmètre de celle-ci qui se trouve potentiellement très élargi : on ne parle plus seulement des photos, vidéos et musique personnelles, mais de mettre en musique tous les périphériques de la maison, depuis l’éclairage jusqu’à la régulation thermique, en passant par les volets roulants, avec un maître-mot : la maîtrise des coûts. Un marché en devenir, appelé à grossir, qu’Apple aborde de manière relativement modeste, en proposant aux fabricants de certifier leurs appareils comme fonctionnant avec l’écosystème iOS. Mais elle le fait de manière d’autant plus résolue qu’elle a fait de cette maîtrise de la dépense énergétique son cheval de bataille, et qu’elle vise en même temps à sauvegarder son principal point fort qui pourrait s’en trouver menacé. Cette approche, « modeste et géniale » selon l’expression consacrée, vise ainsi plusieurs objectifs.

1 – il y a une demande qui émerge, peu ou mal satisfaite :

Ce type de service, en particulier en ce qui concerne la régulation thermique mais également des « périphériques » aussi importants que les volets roulants électriques, a tendance à se multiplier avec la démocratisation des équipements et surtout la prise de conscience de la rareté de l’énergie, avec bien entendu le renchérissement de son coût. Les fabricants d’accessoires se sont même mis à proposer des interfaces d’administration de leurs environnements à partir d’applications iOS, en prenant acte de la diffusion de l’OS et de l’attachement de ses utilisateurs à leurs appareils, l’iPad au premier chef. Pour autant, l’expérience utilisateur en est parfois décevante, ne serait-ce qu’au niveau de l’installation, et les protocoles utilisés par les les principaux acteurs du marché sont disparates, très largement propriétaires, mais pas seulement. Il manque un standard de fait, imposé par un géant du secteur – ou d’un secteur contigu – qui impose sa propre solution au marché grâce à l’efficacité de celle-ci, en l’absence de consensus du secteur.

2 – la concurrence s’organise, pour répondre à ce besoin.

Les équipementiers du bâtiment, tout d’abord, qui sont présents sur ce secteur de la domotique et qui tâtonnent depuis plus de 20 ans. Mais au fur et à mesure que ceux-ci progressent dans leurs solutions, ils en sont venus à proposer eux aussi des solutions de diffusion de contenus musicaux, et bientôt data ou vidéo s’ils arrivent à nouer les partenariats adéquats avec des concurrents d’Apple dans le secteur. Quelle que soit leur taille actuelle, ils sont dans la position théorique de pouvoir concurrencer potentiellement Apple et son propre écosystème musical, bâti autour d’AirPlay. Ne serait-ce qu’en risquant de se changer en Cheval de Troie, si d’aventure l’un ou l’autre venait à s’allier à l’un des concurrents d’Apple, comme Amazon ou Androïd.

Apple se trouve donc potentiellement challengé sur ce qui reste son unique point fort – les contenus musicaux et audiovisuels – et sur lequel elle a bâti le succès pérenne non seulement de l’iPod, mais également celui de la quasi-totalité de ses nouvelles classes de produits : Apple TV, iPhone et iPad. Et ce sur un nouveau secteur, ce qui représente la menace potentiellement la plus dangereuse dans l’économie numérique.

Or Google, son principal challenger à l’échelle de l’écosystème avec Android, s’est d’ores et déjà positionné sur ce nouveau marché – on a beaucoup parlé du rachat de Nest, la nouvelle société de Tony Fadell – mais le géant de Mountain View s’est surtout rapproché d’un certain nombre de fournisseurs d’accès Internet. Prisonnier d’une guerre des prix sur leurs services de base, ceux-ci sont en effet perpétuellement à la recherche de nouveaux services à monétiser auprès de leurs abonnés, et ils sont d’ailleurs entrés depuis un petit moment dans ce type de démarche, timidement d’abord en proposant par exemple des accessoires de courant porteur en ligne. Or ces fournisseurs d’accès sont également opérateurs téléphoniques mobiles dans la plupart des cas, et ont appris à travailler avec Android pour se garder d’Apple et de ses exigences. Et ces 2 types d’acteurs proposent eux aussi d’ores et déjà des offres de contenus en ligne, qu’ils soient vendus à la pièce ou « au robinet » par abonnements. Enfin, les consoles de jeux que l’iPhone et l’iPad ont largement concurrencé sur le terrain ludique se mettent à savoir-faire de plus en plus de choses au chapitre Internet et de la gestion des contenus.

3 – Apple a pourtant des atouts
La force de son écosystème iOS et de ses labels de certification successifs « made for iPod, iPhone, iPad », et surtout le fort taux d’utilisation de ses appareils, en font un candidat incontournable pour mettre un peu d’ordre dans cette pétaudière, qui n’a d’ailleurs d’équivalent que celle qui règne parmi les câblo-opérateurs américains, lesquels sont aussi bien souvent des fournisseurs d’accès Internet, du propres aveu d’Eddy Cue. La communauté des développeurs Apple, au même titre que l’attachement des utilisateurs à la marque qui sont prêts à passer d’un segment à l’autre, pourvu que la nouveauté soit embossée d’une pomme, figure également parmi les points forts de la plate-forme. Mais, outre la qualité de ses SDK (kit de développement logiciel, dont les prochains seront distribués lundi), la firme de Cupertino a dans son portefeuille de technologies un certain nombre de pépites, comme par exemple Bonjour ou iBeacon, que quiconque a récemment essayé de centraliser des commandes de volets roulants électriques aurait rêvé de pouvoir utiliser. Mais la firme de Tim Cook n’a surtout pas sa pareille pour élaborer des solutions combinant le logiciel, le support électronique et les services qui transforment en solution heuristique pour l’utilisateur des équations complexes en termes de problématiques d’ingénieurs. 

Quelles pistes envisageables pour Apple ?

gamec.pngL’état de maturation que les différents secteurs technologiques et des différentes modalités de l’expérience utilisateur peut-être symbolisé par le logo de Game Center, avec non seulement ses rapports de contiguïté mais à présent d’interpénétration réciproque. Or, la firme à la pomme n’est jamais si à son aise que dans ces moments-là : souvenez-vous du concept de « Hub numérique ».

De fait, Apple dispose de plusieurs candidats pour servir de support à une telle expérience globale à l’intérieur de la maison, sorte de « bulle » centrée sur l’univers domestique, comme l’iPod a pu l’être en son temps sur l’utilisateur, et à l’opposé le « Cloud » avec avec l’iPhone lorsqu’il est à l’extérieur, et bientôt, de façon intermédiaire, à l’intérieur de l’habitacle de la voiture avec CarPlay. Le Mac mini serveur tout d’abord, même s’il lui manque écran et clavier pour être totalement fonctionnel, mais également l’Apple TV dont Tim Cook et Eddie Cue ont souligné à quel point son business prenait de l’importance. Il lui faudrait pour cela une sérieuse cure de stéroïdes, avec des capacités comparables à celles du meilleur console de salon, et surtout un kit de développement logiciel qui lui soit spécifique, de manière à pouvoir muscler encore son expérience utilisateur, en particulier au niveau du jeu. 

Peut-elle fondre cette Apple TV derrière l’écran d’un téléviseur, à la manière de ce qu’elle a déjà fait pour l’ordinateur de bureau avec l’iMac ou ce qu’elle est en train d’accomplir pour l’ordinateur portable avec l’iPad ? Tout dépend des service et de la valeur ajoutée quelle sera capable d’apporter à un tel téléviseur « intelligent », où la centralisation de tels services domotiques pourrait représenter un « plus produit » incontestable… D’autant que les « Smart TV » proposées par la concurrence n’ont pour l’heure d’intelligence que le nom, et que la généralisation de la norme 4K peut représenter un prétexte de renouvellement plausible pour tous ceux qui se sont déjà équipés de téléviseurs à écran plat depuis plusieurs années. Selon nos informations, un mystérieux acheteur fait actuellement main basse sur l’écran 4K cas de plus de 70 pouces de diagonale, au point que les acteurs du secteur ont du mal à s’approvisionner. Enfin, dernier candidat, l’iMac plus abordable promis par la rumeur pourrait représenter un pas intermédiaire en ce sens, entre le Mac mini actuel est le grand saut vers le téléviseur connecté qui n’est sans doute pas pour tout de suite…À moins de pactiser avec des fournisseurs d’accès Internet en leur proposant un deal comparable à celui de l’iPhone en 2007… On se prend en tous cas à rêver d’un équivalent au logiciel Airport, pour la gestion de cette armée mexicaine annoncée…

dotmac.pngMalgré les défaut de son service de streaming, l’achat de Beats représente ainsi une pièce manquante de ce qu’Apple  est seul à savoir construire, à savoir une expérience unifiée, pourquoi pas à partit d’une Apple TV remodelée, qui propose à la fois l’accès à des éco-système de contenus enrichis comme le streaming de Beats Music et ses fonctionnalités communautaires, et des éléments liés à la domotique en elle-même, le Mac, l’Apple Tv, ou l’iPhone étant tour à tour centre ou périphérique (télécommande) de la vie de la maison numérique. Quelque chose présent depuis très longtemps dans l’imaginaire d’Apple, et que l’on pourrait symboliser par le logo de feu le service Dotmac.

Rendez-vous lundi dès 17h30 pour vivre avec nous les annonces logicielles autour d’iO et de OS X pour cette WWDC.