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Prospective

iPhone 6 : pourquoi il n’y aura pas d’iPhone géant

Le temps des rumeurs est de retour autour de l’iPhone de prochaine génération. Apple se doit d’augmenter la taille de l’écran… pour quels format et résolution ?

iShen

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L'iPhone 5s actuel

Les iPhone 5s sont à peine sortis du four et servis comme des pains au chocolat à des millions de petites mains avides que déjà les spéculations vont bon train sur le futur iPhone 6. Et s’il y a un élément qui alimente ce flot de prédictions hypothétiques, c’est bien la taille de l’écran du prochain iPhone.

Déjà trois rapports issus de trois sources différentes font état de la volonté d’Apple de mettre sur le marché des iPhone avec de grandes tailles d’écrans. L’analyste financier Peter Misek table sur un 4,8 pouces de base, le Wall Street Journal parie sur un 6 pouces et DisplaySearch fait un mix de ces informations pour nous indiquer que la vérité serait dans une multitude de modèles, allant de 4,7 à 6 pouces.

Le plus gênant dans ces rumeurs n’est pas le manque d’éléments tangibles venant les étayer mais surtout, et c’est un poil inquiétant, l’absence de tout esprit logique et d’analyse réelle qui permettrait déjà de lisser voire d’éliminer certaines options. Une simple réflexion s’appuyant sur l’existant permet pourtant déjà de savoir si telle ou telle taille d’écran est souhaitable, possible, voire nécessaire. Quel est donc cet artifice me direz-vous ? Il n’y en a pas justement, et c’est bien la le plus beau; il suffit de s’appuyer sur quelques règles claires sur lesquelles Apple ne transigera pas :

– Le design de l’iPhone ne changera pas en façade au vu des contraintes d’espaces dues à la présence du Touch ID (qui est là pour longtemps). Cette simple considération aura des répercussions sur les tailles d’écrans réellement souhaitables pour le prochain iPhone.
– Les contraintes de maniabilité et d’ergonomie resteront centrales
– Apple ne modifiera pas ses critères techniques pour le label Retina de ses écrans, pas en tout cas en deçà d’une certaine limite. Là encore, cette information efface certaines prévisions des tablettes.

Mais reprenons. En effet, Apple va sans aucun doute augmenter la taille de l’écran du prochain iPhone. Ne serait-ce que parce que c’est à chaque version « pleine » qu’une telle modification s’est faite (iPhone 1 – iPhone 5) et qu’Apple ne peut pas se permettre d’attendre encore 3 ans jusqu’à l’iPhone 7 (donc après le 6s) pour amorcer des changements. Et là encore, on peut trouver une explication rationnelle et logique à cette décision.

Un écran forcément plus grand

L’écran de l’iPhone 6 sera donc plus grand, mais pourquoi ? Pour suivre la concurrence ? Pas seulement. En fait, l’augmentation de la taille d’écran à plusieurs avantages aujourd’hui pour Apple, qui n’existaient pas auparavant.

Un écran plus grand permet d’augmenter la résolution et le nombre de points par pouces; à 4 pouces, il est impossible de doubler la définition actuelle de l’iPhone Retina, à 4,5 pouces, cela devient une possibilité technologique, comme Sharp l’a bien démontré avec ses écrans IGZO Full HD en 4,5 pouces. La définition de l’iPhone 6 passerait donc à 2.272 x 1.280 pour une densité par pouce très élevée que l’on calcule grâce à cette formule lapidaire :

√(Définition hauteur ² + Définition longueur²) ÷ Nombre de Pouces = Nbre de Points Par Pouces (ppp)

Ce qui donne donc : √(2272² + 1280²) ÷ 4,5 ≈ 580 ppp

A 580 ppp, Apple reprendrait le leadership sur la densité sans trop bousculer les développeurs d’applis (x2 simple sur l’affichage), mais surtout, il est presque tenu de faire ce grand saut. Augmenter même d’1/2 pouce la diagonale de l’écran sans changer la définition aboutirait à une densité bien plus faible que celle de l’iPhone 5s actuel. Alors même que les Androphones proposent déjà du Full HD avec une densité de pixels supérieure à l’écran de l’iPhone, une telle baisse des caractéristiques n’est même pas envisageable.

Avec l’IGZO plus efficient de 40% sur un LCD classique et la batterie forcément nettement plus grande dans une coque élargie, l’iPhone 6 pourrait aussi gagner en autonomie, même avec sa densité d’écran hors norme. L’optimisation que recherche Apple avec sa nouvelle équipe spécialisée dans les GPU mobiles pourrait aller dans le même sens. L’IGZO, véritable arlésienne des écrans, devient cette fois une vraie option, la meilleure même. Il sera sans doute nécessaire.

Le choix dans la taille

Reste la question de la taille de l’écran : 4,5 – 4,8 – 6 pouces, quel choix est le plus crédible voire simplement plausible ?

C’est là que les contraintes à la fois d’ergonomie et de surface exploitable rentrent en jeu. Le Touch ID est maintenant une grosse contrainte d’espace sur la face avant de l’iPhone. Si Apple augmente la diagonale d’écran, il faudra de toute façon rajouter en bas du smartphone l’espace alloué au Touch ID, et la même chose en haut étant donné qu’on voit mal un Jony Ive accepter de casser la symétrie verticale de son iPhone. Le phénomène est amplifié par le format d’écran choisi par Apple. Un écran de 4,5 pouces rajouterai ainsi 6 à 7 mm supplémentaires en hauteur (si Apple rabote un peu au passage comme ce qui a été fait pour l’iPhone 5), un écran de 4,8 pouces gagne 1,3 cm, déjà presque trop. Alors 6 pouces…

Les Androphones n’ont pas encore cette contrainte et on voit bien avec HTC que les prochains capteurs biométriques ne seront pas sur la face avant, ceci afin d’éviter un allongement vertical trop prononcé de smartphones déjà souvent à la limite des « phablettes ». Mais à l’usage quel capteur sera le mieux accessible dans ces configurations ? Le Touch ID, sans aucun doute.

La contrainte est aussi en largeur. L’IGZO permettrait ici de gagner de la place puisque cet écran autorise un espace hors affichage de seulement 1,4 mm, soit presque du bord à bord. Mais même avec une économie de 3 ou 4 mm, c’est tout de même 4 à 5 mm qui viendraient in fine élargir un iPhone de 4,5 pouces. A la limite de l’exploitable à une main, mais encore possible étant donné les améliorations d’iOS 7. A 4,8 pouces, cela se complique vraiment. A 6 pouces, il faut les deux mains.

Pour conclure

Que déduire au final de cette petite analyse ?

Déjà une chose : c’est bien un modèle d’iPhone 4,5 pouces qui reste de loin le plus probable. Cet iPhone permettrait à Apple de renouer avec de très haute densité de pixels, d’agrandir sensiblement la surface d’affichage sans aboutir à un iPhone phablet, sans nuire aussi ni à l’autonomie, ni à la prise en main, ni à la « transportabilité » générale du mobile.

Mais, et c’est bien là le plus étrange, 4,5 pouces, c’est justement la taille d’écran qui n’a pas été envisagée, ni par Misek, ni par le Wall Street Journal, ni par DisplaySearch qui semblent s’être calés sur les plus grandes tailles possibles sans jamais se poser la question des implications qui en découlent. Et comment imaginer qu’Apple ne pense pas son prochain iPhone sans soupeser l’ensemble des implications ?