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Prospective

Plan Mipe 2 : Apple mise sur les contenus

A la veille de la présentation des portables Apple du plan MIPE 2, Richard Ramos, responsable du secteur Education, dresse un bilan de l’édition précédente et évoque son orientation pour l’année à venir.

Boro

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Ce n’est pas sans une certaine satisfaction que le responsable Education d’Apple France évoque le bilan de la précédente édition du plan Micro Portable Etudiant… même si c’est avec surprise qu’il a parfois pris connaissance de certains chiffres qui ont été avancés. Après avoir fait le point avec les 9 constructeurs partenaires de l’opération, c’est le nombre de 40 000 machines vendues dans le cadre du plan Mipe 1 qui a fait consensus officieusement parmi les industriels. “On est revenu à quelque chose de beaucoup plus sérieux, rien à voir avec les 100 000 ou même 200 000 qu’on a pu lire l’année dernière ici ou là“.

Apple, 1er constructeur du Mipe 2004

Sur la base de ces comparaisons avec ses compétiteurs, Apple France revendique la place de 1er constructeur de l’opération, dont elle était d’ailleurs très largement à l’origine de la réflexion (voir l’interview du 9 juillet 2004). Dans ces conditions, Richard Ramos préfère parler de challengers pour les différents constructeurs qui ont dévoilé leurs propositions 1 à 2 semaines plus tôt.

Les chiffres communiqués par IDC créditent ainsi Apple d’un peu plus de 18% du marché français de l’éducation, pris dans son ensemble, quand l’année précédente elle ne comptait que pour 13 à 15%. Même si l’idée du Mac commence à faire son chemin dans certains conseils généraux ou dans de plus en plus de lycées et collèges, c’est dans l’enseignement Supérieur que la filiale française de la Pomme fait ses meilleurs scores, sans doute du fait du relais et de l’identification naturelle aux enseignants-chercheurs, et au delà “de l’effet iPod” couramment mis en avant. Le plan MIPE a très certainement joué un rôle.

En regardant davantage dans le détail la réponse du marché estudiantin, c’est l’accueil fait dans les mêmes proportions aux 3 volets de l’offre de l’année dernière qui a sinon rassuré, du moins conforté l’équipe dans la pertinence de ses choix : “nous pensions qu’il y avait la place à la fois pour un modèle d’entrée de gamme, en deçà des 999 €, et à l’autre bout pour un modèle plus élaboré, destiné aux étudiants avec davantage de besoins en termes de performance comme dans les filières mathématiques, de sciences ou de création graphique, à côté d’un iBook 14 pouces“. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’offre de cette année repose de nouveau sur 3 modèles, avec une attention particulière sur le volet logiciel et sur l’utilisation.

L’usage et la proximité

Il est difficile de savoir si cette notion d’usage de l’ordinateur a été élaborée pour se ménager un répit pendant ce qui apparaît comme une “phase de plateau” dans l’amélioration des performances des machines, ou s’il s’agit de se démarquer au sein de la véritable foire informatique qui commence à se profiler. Pas moins de 8 distributeurs et 12 constructeurs sont en effet cette année partenaires de l’opération.

Rappelons les grandes lignes de l’offre Apple que nous vous avons présentée en détail jeudi en avant-première (voir la dépêche du 29 septembre) : 3 modèles de 12, 14 et 15 pouces, proposés respectivement au prix de 999, 1 299 et 1 990 €. Tous les modèles sont proposés avec FileMaker Pro 8 en français en standard, et les modèles 14 et 15 pouces intègrent un graveur DVD et la suite Microsoft Office.

Il est vrai que cette notion “d’usage”, de “création” est présente dès 1984, depuis les tout débuts du Macintosh, et Richard Ramos déclare privilégier” “une relation proche vis-à-vis des étudiants, avec une réflexion pour répondre à leurs besoins dans le cadre d’une utilisation de l’ordinateur lors des études“, avec un travail en amont auprès des universités. Il y avait ainsi la volonté de maintenir dans l’offre une machine à moins de 1 000 €, même si pour cela il fallait renoncer au graveur de DVD et au pack Office, et à l’autre extrémité un vrai modèle puissant et confortable, parce que “toutes options”. C’est la raison pour laquelle c’est le PowerBook disponible le plus richement doté qui a été choisi, même si certains on pu trouver depuis l’augmentation de 290 € un peu… fort de café pour un budget étudiant. Il est vrai que le coût de la machine est supposé être étalé sur 3 ans.

Priorité aux contenus

Lorsqu’on lui demande pourquoi ne pas avoir choisi iWork en lieu et place de d’Office, R. Ramos répond : “parce que c’est Office qui répond davantage aux besoins de la majorité des étudiants“. Apple est obligé de s’adapter ici aux standards du marché mais, ajoute-t’il, il est toujours possible d’acheter iWork au tarif étudiant si certains ont des besoins plus spécifiques comme des étudiants en 3e cycle par exemple.

Quant au choix de FileMaker Pro 8, il s’agit bien davantage d’une démarche de réflexion et d’anticipation sur les besoins des étudiants que d’une démarche de “cousin à cousin” (FileMaker est une filiale détenue à 100% par Apple). La nouvelle mouture du logiciel de base de données , disponible aussi pour PC, comprend un certain nombre de modèles et d’outils destinés aux étudiants ; FileMaker compte d’ailleurs parmi les partenaires logiciels de l’opération depuis l’année dernière, et propose indépendamment sa solution pour 29 € dans le cadre du plan.

Enfin, pour aller plus avant dans cette démarche de proximité vis-à-vis de la population étudiante, un certain nombre de postes d’étudiants-relais -de campus representatives selon la terminologie officielle- seront rapidement créés dans une dizaine de sites universitaires ; ceci dans le but de favoriser la création de communautés d’échange autour du Mac.

Il reste à observer comment cette nouvelle offre sera reçue, et alors que la rumeur de mises à jour matérielles se font de plus en plus précises. Faut-il y voir là l’une des raisons de l’ajournement des détails de l’offre d’Apple jusqu’au 1er octobre? En tous les cas le calendrier américain des sorties n’est sans doute pas fait pour faciliter la tâche de la filiale française de Cupertino.

Post-Scriptum : La présentation des résultats du plan Mipe en questions

Pour peu qu’on aille un peu au-delà des communiqués, il est particulièrement difficile de s’y retrouver parmi les chiffres avancés par le ministère. Si l’on retient le chiffre de 2 300 000 étudiants inscrits à l’université, en IUT ou en classe préparatoire cité par le Ministre de l’époque lors de la conférence de presse de rentrée universitaire en septembre 2004, les 300 000 micro-portables étudiants écoulés selon l’actuel ministre auraient permis à 22% des seuls étudiants de l’Université de s’équiper d’ordinateurs portables. Le petit million d’inscrits l’année dernière dans les filières courtes, les classes-prépa ou les grandes écoles appréciera sans doute…

Rien ne permet d’ailleurs de dire la part qui revient à l’opération parmi tous ceux qui ont fait le choix de s’équiper l’année dernière : seuls 40 000 ont fait appel aux offres de financement spécifiques qui, rappelons-le, étaient présentées comme la cheville ouvrière du plan “Un portable Wi-Fi pour le prix d’un café par jour”… C’est sans doute-là le sens du chiffre de 40 000 machines MIPE retenu par Apple pour sa part.
Cela est d’autant plus dommage que la communication sur ce 2e plan passe quasiment sous silence la mise en place d’Environnement Numériques de Travail dans chaque établissement, avec la mise en ligne de bureaux virtuels, de services administratifs et de contenus pédagogiques -comme par exemple le travail mené à Louis Lumière- Lyon 2 (voir la dépêche du 14 septembre 2005)– ainsi que la couverture Wi-Fi de la presque totalité des campus.
De quoi aller plus loin que la simple incitation à l’achat de machines aussi dispendieuses qu’inutiles, et hors de portée financière de la majeure partie des étudiants comme cela a pu parfois être présenté. La pertinence d’un chantier de cet envergure -qui court d’ailleurs jusqu’en 2007- ne mérite pas de se voir entachée par les habituelles cosmétiques présentations de chiffres…

L’opération, qui se voulait d’ailleurs un levier d’entraînement vaut d’ailleurs tout autant par cet angle, ainsi que dans la mise à disposition d’ordinateurs portables en prêt aux étudiants qui de toutes façons n’auraient pas pu faire face à un tel investissement. C’est un décalage qui avait très largement été mis en avant par les organisations étudiantes. Ici encore Apple s’est semble-t-il largement impliquée auprès des universités.