Suivez-nous

Prospective

La revanche du Hub Numérique (2)

L’ordinateur “au centre de la vie numérique” est-il en train de prendre sa forme définitive? Retour dans ce 2e volet sur l’iPod et iTunes et les médias à emporter.

Boro

Publié le

 

Par

La dernière évolution de l’iPod, si elle intègre des fonctionnalités attendues depuis près de dix-huit mois, n’en est par pour autant l’aboutissement ; c’est du moins ce qu’il faillait entendre lorsque Steve Jobs a présenté le “white iPod“, après avoir rappelé les 70% de parts de marché d’Apple, tous modèles confondus, et le million d’iPod nano vendus en seulement 17 jours .

Mais si Jobs s’est montré un tout petit peu moins enthousiaste à propos de “l’iPod blanc” que pour le nano, celui-ci n’en demeure pas moins le meilleur lecteur musical produit par la firme, aux dires de son patron. Et si la vidéo est là “en tant que bonus” selon ses propres termes, l’écran plus large et plus lumineux en fait tout de même un support étonnamment agréable pour regarder ses photos ou de la
vidéo, même si encore une fois il ne s’agit que d’un pas supplémentaire en direction de la solution “définitive” (voir la chronique du 15 octobre).

iPod, l’ordinateur à emporter?

Ne demandez pas à Aude Perdriel si l’iMac G5 n’est pas finalement devenu le haut de gamme de sa ligne de produits. C’est en effet elle qui a en charge les destinées de l’iPod et d’iTunes pour la France. Mais c’est au contraire avec enthousiasme qu’elle décrit l’iPod comme une véritable plate-forme multimédia, pour consulter et emporter partout avec soi ses contenus multimédia. Bien au contraire, ajoute-t-elle, il est parfaitement complémentaire de l’iMac G5 puisqu’il va permettre de profiter partout de contenus multimédia que l’on a pu créer, ou assembler soi même avec la suite iLife`05.

Les caractéristiques du porte-drapeau de la gamme ne permettent pas pour autant de visionner un film hollywoodien : l’écran de 2,5 pouces (un peu plus de 5 cm) n’est pas fait pour ça, et le disque dur lui-même permet d’emporter entre 70 et 150 heures de vidéo 320 x 240 pixels -selon que l’on a choisi le modèle de 30 ou 60 Go. Quant à l’autonomie de la batterie, même si celle-ci a été améliorée avec 14 et 20h en lecture audio, celle-ci s’effondre à 2 et 4 heures de lecture vidéo, toujours en fonction des modèles.

Ecran couleur plus large et plus confortable, autonomie revue à la hausse, un espace de stockage porté de 20 à 30 Go pour le “petit” modèle, une sévère cure d’amaigrissement des boîtiers qui ne pèsent plus que 136 et 157g, et avant tout la capacité de lire des séquences à 30 images/seconde au format H.264 et MPEG 4, en font davantage qu’une évolution de la version “historique” du baladeur d’Apple : une étape importante dans la lente montée en puissance vers la véritable intégration de la vidéo, en même temps qu’une pierre de taille dans le jardin de ses concurrents, partis comme Archos beaucoup plus tôt sur ce terrain. On peut d’ailleurs noter l’implantation native de QuickTime 7, même s’il n’y a pas de chipset spécifique pour décoder le H.264.

A l’instar de ceux-ci, l’iPod se veut un “centre pour les médias à emporter”. Le mot de “Media Center” semble d’ailleurs sinon proscrit chez Apple, ou du moins prononcé avec réticence, le temps sans doute de trouver un terme propre. Mais même si doté de capacités vidéo, iPod se cantonne à recevoir des media au lieu de prendre des photos ou des séquences, c’est grâce à iTunes et au Music Store qu’il va concentrer si efficacement les contenus importés, créés avec iLife`05, ou achetés sur le Music Store, sans compter les fichiers texte, les carnet d’adresse et les calendriers. Ce sont en fait le juke box et le disquaire en ligne qui lui sont symbiotiquement associés avec iTunes 7 qui représentent cette fois encore le point névralgique de ce qu’Apple a baptisé “l’écosystème iPod”.

iTunes 6, plus que jamais la jugulaire de l’iPod

Outre sa facilité d’utilisation ou ses capacités propres, le principal avantage que l’iPod possède sur ses poursuivants réside dans la formidable capacité d’évolution d’iTunes et du disquaire numérique qui lui est associé avec iTunes Music Store ; sans avoir changé dans sa présentation il permet désormais de présenter beaucoup plus de contenus que lors de son lancement en janvier 2001 : l’héritier de SoundJam ne savait alors que se débrouiller avec les fichiers mp3.

Presque 5 ans plus tard, il est devenu au fil des versions l’axe central de la plaque tournante du hub numérique : musique et vidéo depuis l’intégration de QuickTime, mais aussi importation de calendriers ou de carnets d’adresses et de contacts, de notes ou de photos et de podcasts.

Car si la possibilité de télécharger de la vidéo constitue sans le moindre doute le morceau de bravoure de cette 6e version, la version 5 lancée un mois plus tôt avait posé un certain nombre de préalables à l’arrivée de nouveaux contenus : épuration de l’interface utilisateur, amélioration dans la présentation des résultats du moteur de recherche, ajout de dossiers pour organiser les listes de lecture. La gageure de réussir à présenter de façon intelligible les fichiers audio, les podcasts, les clips vidéo de la bibliothèque de l’ordinateur, ainsi que ceux de l’ipod éventuellement connecté n’est pas la moindre des prouesses d’iTunes…. sans compter les flux des radios web et maintenant les livrets.
Et la bête de somme du style de vie numérique est décidément partout, puisque non contente de servir d’interface pour la mise à jour des différentes listes de l’iPod, c’est aussi elle qui va tourner en tâche de fond de FrontRow, pour tenir à disposition ses listes de lecture.—–

Le Music Store à nouveau en transition

iTunes Music Store est ainsi avec l’iPod le volet du triptyque qui a le plus bénéficié des changements apportés. Une première partie concerne la proximité avec l’utilisateur et voit, après la possibilité pour les utilisateurs de publier leurs propres Playlists, celle de mettre en ligne une chronique d’album, à la manière des commentaires produit” qui étaient déjà possible depuis quelques mois sur l’AppleStore, et depuis de longues années sur Amazon. Dans le même registre, le Music Store est à même de vous faire des suggestions, non pas en fonction de votre parcours sur le site, comme c’est le cas chez le leader historique de la vente en ligne, mais en référence à vos achats déjà effectués sur le store. La “traçabilité” -puisqu’à défaut de contrôle le vocable s’est imposé- n’est à priori pas bien difficile puisqu’un historique des achats est conservé sur le site.

Le programme, encore au stade d’évaluation et baptisé “rien que pour vous” (Just For You), vous suivra néanmoins jusque sur les stores étrangers, en se rappelant les albums que vous possédez déjà si vous avez poussé la familiarité jusqu’à lui donner quelques indications sur vos goûts et sur la constitution de votre discothèque… Il est néanmoins possible de décramponner le “conseiller” si vous préférez faire vos emplettes en toute tranquillité : il suffit pour cela de cliquer sur un lien au bas de la page d’accueil du Store…

Enfin, il est désormais possible d’offrir le titre ou l’album auquel vous aviez précisément pensé, tout comme vous offririez un CD physique, en plus de la possibilité de faire cadeau d’un bon d’achat., Malheureusement, ces cadeaux ne peuvent pas passer d’un store à l’autre : impossible de faire découvrir votre dernière trouvaille à vos amis Outre-Atlantique, ou même dans l’Union Européenne, pour de simple question de gestion de droits…

Catalogue? Quel catalogue?…

Ce sont d’ailleurs à des arcanes équivalentes, celles des droits de diffusion cette fois, que l’on doit le retard pris par les Music Stores européens pour la proposition de programmes ou de séries TV, sur le modèle de Lost, Desesperate Housewives ou Thazt’s So Raven par exemple, disponibles aux Etats-Unis. Chaque store repart en la matière depuis le début dans ses négociations avec les diffuseurs nationaux, ‘from scratch‘ diront les mauvais esprits… :langue. Autant dire que le groupe TF1 et celui de Canal Plus qui viennent de lancer leurs propres portails de Vidéo à la Demande ne lâcheront pas facilement leur précieux catalogue à un concurrent de cette envergure, du moins sans de sérieuses contreparties…

Il reste cependant sur le volet consumériste des vidéos musicales, dont on sait qu’elles vont représenter une part grandissante du chiffre d’affaires des maisons de disques au cours des prochaines années, et les courts-métrages de Pixar, en attendant davantage de choix. Le format de 320 x 240 pixels au codec H.264 est bien entendu taillé aux mesures de l’écran de l’iPod : inutile de penser exploiter à fond les possibilités de votre dernier téléviseur Haute Définition, ou même de votre iMac G5. Contenus plus importants et de meilleure définition viendront en fonction de la capacité des États-Unis à rattraper leur retard en matière de raccordement domestique à l’Internet Haut-Débit.

A ce compte-là, autant ressortir le camescope et la boîte de crayons de couleurs, et passer 1 ou 2 week-ends pluvieux à montrer à la toute jeune génération comment on construit un story-board ou même un simple synopsis pour raconter une histoire, avant de profiter des dernières belles journées pour effectuer les prises. Et à défaut de camescope un appareil photo fera bien l’affaire.

Car c’est bien là ce qui sous-tend l’esprit à la base du Macintosh depuis sa gestation, ce qui a été réaffirmé depuis avec le concept du Hub numérique, et que l’on retrouve avec FrontRow : celui-cii fait davantage d’espace à la capacité de l’ordinateur à créer qu’à la consommation de produits télévisuels. On l’espère pour longtemps, et surtout encore davantage : le Windows Media Center n’a sans doute pas encore dit son dernier mot…