Siri accusé “d’écoutes abusives” en France : que risque vraiment Apple dans cette affaire ?
Une procédure judiciaire est en cours en France et demande des dommages et intérêts considérables.
C’est une histoire que l’on entend depuis des années. Siri nous écouterait en cachette, sans notre consentement. Pire encore, Apple aurait connaissance de ces écoutes, et les aurait cachés au grand public. Face à cette situation qui ne peut plus durer, trois avocats viennent de lancer une action collective sur le territoire français, une nouvelle attaque contre Apple. Mais quelles sont ses chances d’aboutir ?
Car la demande de réparation des avocats paraît énorme. Ils veulent que tous les appareils estampillés Apple soient remboursés, et que des dommages et intérêts soient versés dans certains cas précis. Rien que sur le marché français, cela représenterait plusieurs centaines de millions d’euros.
D’un autre côté, il faut dire qu’Apple est en délicatesse sur ce sujet. La firme de Cupertino n’a jamais caché que des écoutes « accidentelles » avaient bien lieu. Un cas très particulier, qui lui a déjà valu des ennuis avec la justice. Pour éviter un procès, la firme de Cupertino a d’ailleurs signé un chèque de 95 millions de dollars en début d’année.
Que faut-il attendre de cette action collective ?
En France, les pourparlers n’ont même pas encore commencé, et toutes les personnes qui se reconnaissent comme victimes peuvent rejoindre la procédure collective. Pour cela, il faut être propriétaire d’un appareil Apple vieux de moins de 10 ans (iPhone, iPad, Mac, Apple Watch ou même AirPods). Ensuite, les utilisateurs lésés n’ont qu’à s’inscrire sur le site ecoutesabusives.fr.
Les trois avocats en charge de ce dossier, l’objectif de cette action, qui sera lancée avant l’été devant le tribunal judiciaire de Paris, sont simples. Ils souhaitent le remboursement des appareils Apple concernés, et demandent même le paiement de dommages et intérêts dans les cas les plus critiques.
Pour Julien Bayou, ancien député et membre du trio d’avocats en charge de ce dossier « si Apple voulait entraîner son assistant vocal avec des conversations, il aurait dû demander clairement l’autorisation aux utilisateurs. Or, il ne l’a pas fait. » Et c’est bien sur ce détail que se base toute la procédure judiciaire.
Apple devait demander le consentement de ses utilisateurs pour être les « cobayes » de Siri. Or la pomme a fait ça dans leur dos. C’est du moins ce qu’assurent les avocats parisiens. Du côté des États-Unis, le géant se défend face à de telles accusations. Il assure que tous les enregistrements ne sont pas conservés.
Seuls ceux ayant reçu l’accord éclairé de l’utilisateur sont étudiés à des fins d’améliorations du service uniquement (ils représentent 0,2% des utilisations de Siri). Autrement dit, vos conversations ne sont pas écoutées dans votre dos pour revendre ces données à prix d’or à des publicitaires. La seule empreinte numérique des utilisateurs suffit amplement aux publicitaires pour proposer des annonces ultra-personnalisées.
Verra-t-on un procès ?
Il est impossible de prédire l’avenir, surtout en ce qui concerne la justice française. Mais Apple n’a aucun intérêt à aller jusqu’au procès. Elle a bien démontré sa position en début d’année avec une affaire similaire sur son sol. Elle préfère payer une compensation pour tasser l’affaire, plutôt que de se retrouver devant les tribunaux.
Si cette posture peut être vue comme un aveu par certains, c’est en réalité un simple calcul réalisé par Apple. La marque à la pomme aurait trop à perdre en se lançant dans un procès, même si elle venait à le gagner. Elle va donc tout faire pour éviter cette situation, reste à savoir si les trois avocats français en face seront déterminés à aller jusqu’aux tribunaux ou si l’affaire va s’arrêter avant. La France ne permet pas la signature d’accord amiable pour éviter des procès pénaux. Seules les affaires civiles peuvent se régler ainsi.